François d’Assise – Une vie à la suite du Christ, dans une action auprès des plus pauvres, accomplie dans une grande liberté intérieure et extérieure et dans une très grande charité.
Présentation de saint François
Saint François d’Assise (1182-1226) – Une vie à la suite du Christ, dans une action auprès des plus pauvres…
Ses origines
Saint François est un Italien né à Assise, au centre du pays. Son nom : Francesco di Bernardone. Il est le fils d’un drapier qui a bien réussi. Son mode de vie, pour l’époque, est celui d’une famille riche qui a percé dans le commerce du textile.
Il faut bien comprendre qu’au Moyen Âge, l’Italie n’était pas un pays organisé comme aujourd’hui. Le Pape en possède une grande partie qu’on nomme les États pontificaux. Le reste est constitué de villes dirigées par des rois ou des princes. Elles se font souvent la guerre pour avoir le monopole du commerce ou augmenter leur pouvoir militaire et politique.
François, soldat
François sera donc soldat et devra combattre, sa ville d’Assise étant en rivalité avec la ville de Pérouse. Celle-ci gagne la bataille, et François est fait prisonnier. Il sera libéré après quelques mois, lors d’un échange de prisonniers. Il demeurera faible toute sa vie des suites de cette incarcération et voudra la paix.
Une vision qui va transformer sa vie
De retour à Assise, il a une vision qui transformera sa vie. À l’église de Saint-Damien il entend le Crucifix lui dire : « François, répare ma maison qui tombe en ruines. » Au début, François comprend ce message comme s’il s’agissait d’une réalité matérielle et commence à apprendre le métier de maçon pour remettre sur pied une petite église dans la campagne d’Assise.
Cependant, il va saisir, à la lecture d’un passage de l’Évangile que l’appel entendu est beaucoup plus profond pour lui et pour l’avenir de l’Église. La parabole de l’homme riche (Mc 10,17-221), où Jésus invite le jeune homme à tout quitter pour le suivre et pour venir en aide aux pauvres, va bouleverser François et transformer sa vie.
Il se dépouillera de tout ce qu’il possède pour suivre le Christ. Il sera pauvre et abandonné à la Providence. Il se présentera même devant son père, le riche drapier d’Assise, revêtu de l’humble vêtement de ses ouvriers pour lui montrer à quel point il veut changer de vie!
Il adoptera comme devise la formule latine : Nudus, nudum Christum sequi, c’est-à-dire, nu, suivre le Christ, nu donc vivre dans un dépouillement total.
François et l’Église du temps
Il faut se rappeler qu’en cette période de l’histoire, l’Église est très riche et puissante sur les plans spirituel et matériel. Le Pape est un chef politique très puissant. Son influence sur l’Occident est considérable. Le pape de ce temps est comparable au président américain de maintenant. Le pape de l’époque de François se nomme Innocent III. Il reconnaîtra le nouvel ordre religieux créé par François.
Ce pape a saisi l’importance de rejoindre les pauvres, en les gardant au sein de l’Église, et de leur donner le message du Christ dans une authenticité qu’il a reconnue chez François.
Le scandale que provoque la richesse extravagante de l’Église parmi le peuple chrétien fait que beaucoup d’honnêtes gens, dégoûtés par tant de faste et de pouvoir, quittent l’Église officielle et se réfugient dans des groupes prônant un retour à l’évangile et à la pauvreté de Jésus. On les appelle les Cathares, c’est-à-dire dire les « purs ». Les théories de ces groupes seront considérées par l’Église comme des hérésies, c’est-à-dire des erreurs par rapport à la doctrine officielle de l’Église.
À la différence de ces sectes, François va promouvoir le même radicalisme évangélique de pauvreté, mais en gardant un lien avec le Pape et l’Église catholique.
Les Franciscains
François devient ainsi le fondateur d’un Ordre religieux dont les frères devront vivre sans aucun bien propre, dans l’obéissance et dans la chasteté pour suivre les traces de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ce sera le commencement de l’histoire des Franciscains ou l’Ordre des frères mineurs (OFM).
Ces hommes, à la suite de François, accepteront de vivre du fruit de leur travail et de ce qui leur sera offert par les gens. Ils ne devront donc rien posséder en propre et devront vivre sous le regard bienveillant de Dieu. Tout un chemin d’abandon!
À la différence des moines, vivre au milieu du monde
À la différence des moines qui demeurent sédentaires dans leurs abbayes, François va parcourir villes et campagnes et vivre au milieu du monde et de ses tourments. Toute une révolution que cette Église qui va vers les pauvres!
Divers ordres
Il voudra aussi associer des hommes et des femmes laïques à sa façon de vivre l’évangile.
Il créera donc trois entités :
- les franciscains, composé de Clercs (premier ordre);
- les religieux frères (deuxième ordre);
- les laïques (tiers ordre). Ces laïques vivront auprès des religieux et soutiendront leur œuvre comme le fait encore aujourd’hui le tiers ordre franciscain.
En plein Moyen Âge, François aura été l’initiateur d’une spiritualité qui s’adresse aux laïques.
François, un homme aux multiples talents et charismes
François sera aussi un homme concret. Pour illustrer au peuple illettré le mystère de la Nativité, il aura l’idée, en 1223, de créer une crèche vivante. La première crèche fut donc son idée!
François se considérera indigne du sacerdoce et il demeurera donc frère François et il aura aussi le privilège de porter les plaies infligées au Christ lors de sa passion, qu’on appelle les stigmates.
Il faut aussi souligner son amour de la nature et des animaux. La nature et la beauté d’Assise et de ses environs se prêtent à la louange des splendeurs de la création. Pensons à son beau Cantique de la création.
François fut-il un artisan? Un révolutionnaire? Un écologiste? Un radical? Un pacifiste? Un mystique?
Certes, il fut un fondateur et un prophète, et un homme aux multiples talents et charismes.
On peut affirmer avec certitude qu’il est un des plus grands saints que Dieu a donnés à l’Église.
Un maître spirituel
Je voudrais relater trois expériences qui ont marqué la vie spirituelle de François :
- La vision du crucifié.
- La rencontre du lépreux.
- Une écoute attentive de la Parole de Dieu.
La vision du crucifié
Un jour, alors que François est en prière devant le crucifix de l’église Saint-Damien, il entend cet appel : « François, répare ma maison qui tombe en ruines. » Cette interpellation de Dieu touchera en profondeur le cœur de François et influencera sa façon de prier pour le reste de sa vie.
Cette rencontre intime avec Dieu va aussi faire naître chez François une importante prise de conscience. Il comprendra alors sa mission comme lui ayant été donnée et manifestée par les paroles du Crucifié. Il doit réparer et se mettre au travail avec ses mains. Son travail de maçon se fera désormais prière et deviendra une offrande d’amour.
Il saisira plus tard que c’était l’Église dans son entier qui tombait en ruines, face à ses pauvres et à une grande partie du peuple chrétien.
Ainsi, François deviendra un homme de terrain, un homme d’action, et solidaire de la condition humaine, plus particulièrement des pauvres de qui il épousa le style de vie.
La rencontre du Lépreux
En 1206, François se rend à Rome. Il y rencontrera un lépreux.
On sait que ces malades étaient chassés des villes, mis en quarantaine. On les cachait! On ne pouvait pas avoir de contacts avec eux, leur maladie étant considérée comme très contagieuse!
Et pourtant François embrassera un lépreux. Quelle audace! Quel courage! Quel respect! Quelle bonté!
Voilà un bel exemple de sa grande compassion envers les personnes rejetées ou mises à l’écart.
Comme Jésus, il sera sensible à la condition des marginaux, des pauvres et des oubliés de la société.
Cette qualité humaine de sa personne, soit sa grande sensibilité, s’est transformée en un charisme de sainteté du seul fait que François l’a développée et mise à la suite du Christ.
Une écoute attentive de la Parole de Dieu
Toute vie de prière est influencée par la Parole de Dieu. Un passage d’Évangile ou une lettre de Paul devient une référence majeure pour comprendre le sens de la vie et de l’action apostolique.
Pour François, ce fut la parabole de l’homme riche en Mc 10,17-221.
Voici l’extrait le plus marquant pour saint François :
Jésus le regarda et se mit à l’aimer; il lui dit : « une seule chose te manque; va; ce que tu as, vends-le, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel. »
Les trois verbes d’action employés par Jésus vont marquer en profondeur la spiritualité de François : VA, VENDS, DONNE…
VA
Cela veut dire : prends la route, et va porter l’Évangile là où vivent les gens. Va vers les pauvres, les malheureux et les oubliés.
Ce verbe, François va le prendre au sérieux et faire de ses frères des marcheurs sur les routes et des hommes d’action et de terrain.
C’est l’Église du Moyen Âge qui part à la conquête d’une grande partie du peuple chrétien très négligée par ses élites et que les frères de François vont ramener dans le giron de l’Église.
Ce VA, c’est l’Église qui s’engage et qui marche avec et dans le monde.
Vends
Jésus interpelle ici le jeune homme pour qu’il devienne libre à l’égard de tous ses biens.
Cette liberté, François l’a comprise et vécue. Il a toujours demandé à ses frères de ne rien posséder. Ainsi, pourront-ils exercer leur ministère dans la plus grande mobilité et liberté.
Ils deviendront sur les routes du monde des porteurs du regard que Jésus adressait aux pauvres et aux malheureux.
Ils se présenteront devant eux comme ils sont eux-mêmes, c’est-à-dire pauvres et légers de biens et libres de cœur.
Cette liberté de cœur et d’esprit devant les biens matériels, les honneurs et les privilèges est une caractéristique majeure de la pensée et de l’action pastorale de François.
Sa prière portera la demande de vivre toujours plus, à la suite du Christ, le détachement et le dépouillement devant les biens de ce monde.
Voilà la vraie liberté!
Donne
François a toujours insisté sur l’importance de la charité, cette vertu principale de la foi et la caractéristique première de la vie chrétienne.
Donne signifie la charité, comprise comme un don reçu à partager par la suite.
François va saisir l’urgence de la charité pour lui-même et son époque ainsi il va parcourir le monde et faire bénéficier les autres des capacités et aptitudes qu’il a reçues du Seigneur.
François verra bien que pour suivre le Christ, il faut est autant partager son temps, son être et ses avoirs.
François, en écoutant cette parole de Jésus et en la vivant de façon radicale (en sa racine) donne à sa façon de vivre une dimension de charité réelle et engagée.
La vie de saint François est donc une vie d’action auprès des pauvres, accomplie dans une grande liberté intérieure et extérieure et dans une charité parfaite.
On voit clairement la pertinence d’une telle spiritualité pour notre monde et tous les membres de l’Église peuvent vivre de cette façon d’imiter le Christ.
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Mc 10,17-22
10:17 Comme il se mettait en route, quelqu’un vint en courant et se jeta à genoux devant lui; il lui demandait: “Bon Maître, que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle en partage?”
10:18 Jésus lui dit: “Pourquoi m’appelles-tu bon? Nul n’est bon que Dieu seul.
10:19 Tu connais les commandements: Tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage, tu ne feras de tort à personne, honore ton père et ta mère.”
10:20 L’homme lui dit: “Maître, tout cela, je l’ai observé dès ma jeunesse.”
10:21 Jésus le regarda et se prit à l’aimer; il lui dit: “Une seule chose te manque; va, ce que tu as, vends-le, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel; puis viens, suis-moi.”
10:22 Mais à cette parole, il s’assombrit et il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
TOB