Certes, la rencontre toute gratuite du Ressuscité sur le chemin de Damas a été un moment décisif dans la vie de Paul. Seulement, cet événement capital demandait à être cultivé et entretenu, car rien n’est automatique dans la vie de foi. À l’instar d’un athlète, l’apôtre Paul savait mettre en pratique quelques incontournables afin de garder allumé le feu qui l’habitait. Quels sont-ils?
Cet article a été rédigé à partir de l’ouvrage « Le secret de Saint-Paul » (p. 60-83) de José Prado Flores, Éditions des Béatitudes, 1999, 201 p.
L’entraînement d’un athlète de la foi
Toute personne qui désire être un athlète de haut niveau a des choix et des renoncements à faire.
Un athlète devra adopter un régime alimentaire de qualité, s’entraîner de manière optimale et assidue, être guidé par un bon entraîneur, cultiver sa motivation, etc.
L’improvisation comme l’emprunt d’une voie trop facile ne sont certes pas des gages de succès dans le domaine sportif comme dans bien d’autres domaines d’ailleurs.
Certes, la rencontre toute gratuite du Ressuscité sur le chemin de Damas a été un moment décisif dans la vie de Paul.
Seulement, cet événement capital demandait à être cultivé et entretenu, car rien n’est automatique dans la vie de foi.
À l’instar d’un athlète, l’apôtre Paul savait mettre en pratique quelques incontournables afin de garder allumé le feu qui l’habitait.
Les paroles mêmes de l’apôtre donnent à penser que sa vie de foi et d’évangélisateur, qui avait pourtant une inestimable valeur à ses yeux, n’allait pas de soi :
Mais je traite durement mon corps, j’en fais mon esclave, pour éviter qu’après avoir proclamé l’Évangile à d’autres, je sois moi-même disqualifié. (1 Co 9,27)
Il est vrai que Paul, cet apôtre de feu, était assez unique. Il avait cependant conscience qu’une vie chrétienne authentique avait un prix, et ce, pour tout disciple de Jésus.
Quels sont donc les secrets de ce grand évangélisateur? Quels sont les incontournables de son apostolat?
La force par la prière
Si la force d’un athlète repose notamment sur la qualité de son régime alimentaire, pour sa part, un grand secret de la force morale qui habitait saint Paul était une prière assidue, la prière étant pour lui une véritable nourriture.
Par la prière, Paul garde vivante sa relation au Ressuscité, source du feu qui l’habite :
Ne ralentissez pas votre élan, restez dans la ferveur de l’Esprit, servez le Seigneur, ayez la joie de l’espérance, tenez bon dans l’épreuve, soyez assidus à la prière. (Rm 12,11-12)
Priez sans relâche. (1 Th 5,17)
Prenez le casque du salut et le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu. En toute circonstance, que l’Esprit vous donne de prier et de supplier : restez éveillés, soyez assidus à la supplication pour tous les fidèles. (Ep 6,17-18)
De plus, Paul n’hésite pas à faire appel à la prière des autres au service de son apostolat :
Soyez assidus à la prière; qu’elle vous tienne vigilants dans l’action de grâce.
Priez en même temps pour nous, afin que Dieu ouvre une porte à notre parole et que nous annoncions le mystère du Christ, pour lequel je suis en prison. (Col 4,2-3)
Je vous exhorte, frères, par notre Seigneur Jésus Christ et par l’amour de l’Esprit, à soutenir mon combat en priant Dieu pour moi afin que j’échappe à ceux qui, en Judée, refusent de croire, et que mon service à Jérusalem soit bien accepté par les fidèles. (Rm 15,30-31)
Je vous exhorte, frères, par notre Seigneur Jésus Christ et par l’amour de l’Esprit, à soutenir mon combat en priant Dieu pour moi. (Rm 15,30)
On le voit bien, pour Paul, la prière et l’apostolat constituent un binôme indissoluble.
La prière est gage de force et de joie profonde, et ce, malgré les obstacles.
La force d’une vie droite
S’il veut gagner en force, un sportif de haut niveau doit renoncer aux aliments nuisibles comme aux mauvaises méthodes d’entraînement. On ne peut pas faire n’importe quoi quand on désire atteindre certains résultats.
Or sur le plan moral, bref sur le plan du cœur, la nature a également ses lois.
Une personne au cœur divisé, qui vit en opposition à ce que lui suggère sa conscience, dilapidera nécessairement ses énergies.
Paul connaissait la force que procure une vie droite :
Débarrassés de tout ce qui nous alourdit – en particulier du péché qui nous entrave si bien –, courons avec endurance… (He 12,1b)
Afin de courir dans la poursuite de sa mission, un chrétien doit renoncer aux comportements ou pensées qui vont dans le sens inverse de la vie dans l’Esprit :
Faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre : débauche, impureté, passion, désir mauvais. (Col, 3,5a)
Au plus profond de moi-même, je prends plaisir à la loi de Dieu. Mais, dans les membres de mon corps, je découvre une autre loi, qui combat contre la loi que suit ma raison et me rend prisonnier de la loi du péché présente dans mon corps. Malheureux homme que je suis! Qui donc me délivrera de ce corps qui m’entraîne à la mort? Mais grâce soit rendue à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur! Ainsi, moi, par ma raison, je suis au service de la loi de Dieu, et, par ma nature charnelle, au service de la loi du péché. (Rm 7,22-25)
Une mentalité de vainqueur
Malgré les difficultés, les souffrances ou les échecs, Paul savait relativiser le tout et garder une mentalité de gagnant. Il savait garder confiance et poursuivre sa course.
Le secret de cette attitude est sa foi en Celui qui l’a aimé, qui l’accompagne et qui l’attend au bout de la route.
Paul sait qu’il prend part à la victoire du Christ sur le mal et sur la mort.
Étonnamment, l’adversité, plutôt que de décourager l’apôtre, le renforce au point d’accentuer sa lutte au service de sa mission :
Que dire de plus? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?
Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout?
Qui accusera ceux que Dieu a choisis? Dieu est celui qui rend juste : alors, qui pourra condamner? Le Christ Jésus est mort; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous : alors, qui pourra nous séparer de l’amour du Christ? la détresse? l’angoisse? la persécution? la faim? le dénuement? le danger? le glaive?
En effet, il est écrit : C’est pour toi qu’on nous massacre sans arrêt, qu’on nous traite en brebis d’abattoir.
Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés.
J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. (Rm 8,31-39)
Rendons grâce à Dieu qui nous entraîne sans cesse en son cortège triomphal dans le Christ, et qui répand par nous en tout lieu le parfum de sa connaissance. (2 Co 2,14)
Je peux tout en Celui qui me donne la force. (Ph 4,13)
L’Esprit Saint, véritable entraîneur de l’apôtre
Les athlètes comme les associations sportives de haut niveau paient des fortunes pour avoir les meilleurs entraîneurs.
L’entraîneur compétent sait prodiguer les bons conseils.
Il fait preuve de doigté, il encourage et il exige au service des objectifs à atteindre.
Pour Paul, l’Esprit du Ressuscité est l’entraîneur par excellence.
L’Esprit l’inspire et le conseille en son for intérieur. Il le console. Il lui apporte la force et la paix.
L’Esprit Saint est le moteur de l’apostolat de l’apôtre.
Paul sait prier l’Esprit afin qu’il touche les personnes à qui il va s’adresser.
Sans l’Esprit Saint point de mission. C’est lui l’âme de l’évangélisation et de l’avènement du Royaume de Dieu.
Voilà pourquoi il est crucial de solliciter l’aide de l’Esprit :
Un jour qu’ils célébraient le culte du Seigneur et qu’ils jeûnaient, l’Esprit Saint leur dit : « Mettez à part pour moi Barnabé et Saul en vue de l’œuvre à laquelle je les ai appelés. » Alors, après avoir jeûné et prié, et leur avoir imposé les mains, ils les laissèrent partir. (Ac 13,2-3)
L’Esprit transforme le cœur de l’apôtre à l’image du Ressuscité :
Or, le Seigneur, c’est l’Esprit, et là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté.
Et nous tous qui n’avons pas de voile sur le visage, nous reflétons la gloire du Seigneur, et nous sommes transformés en son image avec une gloire de plus en plus grande, par l’action du Seigneur qui est Esprit. (2 Co 3, 17-18)
Avoir un ami qui croit en soi
Sur le plan humain, toute personne qui entend donner son plein potentiel a besoin d’au moins une personne qui croit en sa valeur et en sa mission.
Certes, il est indispensable de croire en soi, et si l’on est chrétien, de croire à l’action du Ressuscité dans sa vie.
Seulement, celui qui est sûr d’avoir un véritable ami, même un seul, aura une force supplémentaire pour compenser les doutes et supporter le rejet de beaucoup d’autres.
Barnabé était la personne sur qui l’apôtre Paul pouvait compter.
En plus de partager le but de l’apôtre qui consiste à « faire connaître, aimer et suivre le Ressuscité », Barnabé savait encourager, conseiller et confirmer Paul dans sa mission (p. 81).
La certitude d’un amour inconditionnel par une personne qui nous est chère est un pilier qui soutient notre personnalité afin qu’elle ne s’érode pas.
Grâce à Barnabé, le vent de la persécution, les tourments de la calomnie comme le rejet d’une foule indifférente, ne venaient pas à bout de la détermination de l’apôtre Paul.
Paul avait deux amis sur qui il pouvait compter : l’Esprit du Ressuscité et son ami Barnabé.
Pour nous, ce secret de la force chez saint Paul est un appel à puiser aux sources, autant spirituelle qu’humaine, afin de nous fortifier dans l’accomplissement de notre mission.