Sixième d’une série de dix articles sous la forme d’un petit voyage dans l’univers de la messe. En se laissant guider par des questions souvent posées, l’auteur propose un survol de cet incontournable de la pratique chrétienne.
Si la présence réelle du Christ dans le pain eucharistique nous est familière, à la célébration eucharistique elle n’est pas la seule.
Les trois présences
Les familiers de l’eucharistie savent que loge en son cœur une présence toute particulière, celle du Christ ressuscité. Une toute première – car elle n’est pas la seule – est la présence du Christ dans le pain et le vin eucharistique.
S’appuyant sur les Écritures, on parle même de « présence réelle » pour la désigner. Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour que le monde ait la vie… (Jn 6,51). Ceci est mon corps … (Mt 26,26). Le pain que nous rompons n’est-il pas une communion au corps du Christ?… (1 Cor 10,16).
D’abord une nourriture
Mais ici des précisions s’imposent. Il ne faut pas imaginer une présence « locale » du Christ même si celle-ci est bien réelle. Elle n’est pas là pour réduire la réalité du Christ.
La « présence réelle » est toujours à relire dans la perspective du repas fraternel qui l’a engendrée. Le Christ réellement présent dans le pain eucharistique est une nourriture véritable et un pain de communion. Ce n’est pas un en-soi. Le pain eucharistique n’est pas d’abord là pour être regardé, promené ou encensé, il est là pour être mangé en commun.
Ici la leçon de Paul est convaincante d’autant plus qu’elle ouvre sur une autre présence tout aussi réelle. Un jour il a maille à partir avec ses Corinthiens au sujet de l’eucharistie. Ils ne savent pas discerner le corps du Christ (1 Cor 11,17-33).
Pour Paul ce corps a une double dimension : d’abord celle du Christ lui-même réellement présent dans le pain et le vin partagé, mais aussi celle du corps ecclésial, car pour lui le repas du Seigneur est aussi le signe et le révélateur de la présence du Christ. Pour Paul, le Ressuscité est tout aussi réellement présent dans la communauté rassemblée que dans le pain et le vin eucharistiques. Les reproches et les recommandations éthiques de Paul obligent à regarder de ce côté.
La présence du Christ ne peut se réduire au pain eucharistique
Ainsi la réelle présence du Christ ne peut se réduire au pain eucharistique. La communauté rassemblée qui donne à l’Église un visage bien concret, est-elle aussi un signe efficace de la présence du Christ. Elle donne de le voir, de le rencontrer et de s’en nourrir. Quand deux ou trois sont réunis en mon nom je suis là au milieu d’eux… (Mt 18:20). Cette présence est aussi bien réelle!
Sans oublier la Parole proclamée
Par ailleurs, il est une troisième présence tout aussi réelle, mais qu’on a peut-être tendance à négliger tant la présence réelle de l’eucharistie occupe tout l’espace. C’est celle de la Parole. Une page d’évangile proclamée avec foi redonne vie à la parole du Christ. Mieux, elle le rend présent, réellement présent. Ici aussi, il y a tout un travail de redécouverte de la parole proclamée comme signe et sacrement de la présence, une présence bien réelle.