Dixième d’une série de dix articles sous la forme d’un petit voyage dans l’univers de la messe. En se laissant guider par des questions souvent posées, l’auteur propose un survol de cet incontournable de la pratique chrétienne.
En guise de conclusion, l’auteur nous rappelle qu’une célébration eucharistique n’est jamais terminée.
Allez…
À la toute fin de l’eucharistie, le président trace une grande croix sur l’assemblée et les participants font de même sur leur corps, comme à l’entrée, redisant bien le caractère identitaire du signe de croix.
Puis les dernières paroles sont adressées sous forme d’une consigne: « Allez…! Allez dans la paix du Christ! ».
Autrefois on le faisait en latin en chantant: « Ite, missa est ! » ce qui veut dire « Allez, la messe est dite ». On soignait même le « Ite », le « Allez » en le vocalisant comme pour lui donner encore plus d’importance.
L’eucharistie, une source propre à irriguer le quotidien
Mais était-il vraiment nécessaire de signifier à l’assemblée que le culte était terminé? Pas plus qu’hier qu’aujourd’hui, d’autant plus que rien n’est terminé. En fait, le mot important à retenir est le « Allez… ! » au sens d’un envoi car il s’agit bien d’un envoi. Toute eucharistie comporte un après, un lendemain.
Si, pour reprendre l’adage popularisé au Concile l’eucharistie est « source et sommet de la vie chrétienne », on a souvent tendance à ne retenir que le côté « sommet ». Lorsqu’il est atteint, tout semble complet. Sans plus, on se revoit la semaine suivante. Pourtant l’eucharistie est aussi et peut-être davantage une « source » propre à irriguer le quotidien tant des individus, que des communautés. Elle engendre et nourrit les lendemains…
L’eucharistie comporte une dimension éthique
Cet « Allez », cet envoi, est à entendre comme un ordre de mission, comme si on disait : « Allez ! Le monde compte sur vous! Le monde a besoin de vous! »
L’eucharistie est une école de partage et de communion, un lieu merveilleux d’apprentissage à la solidarité.
D’ailleurs la pratique de l’eucharistie – comme toute pratique liturgique – implique une dimension éthique incontournable. Elle devrait – du moins en principe – déboucher sur une action ou sur des manières d’être.
L’oublier conduit les gestes de pratique à se refermer sur eux-mêmes, ce qui risque de réduire l’eucharistie à une simple dévotion personnelle.
Une invitation à se compromettre
C’est dans l’après que se vérifie la qualité et la vérité de la prière.
À la prière universelle le président invite l’assemblée à élargir ses préoccupations à la grandeur du monde sans oublier les préoccupations concrètes de la communauté.
Cette démarche est déjà porteuse d’un engagement – mieux d’une compromission – celle-là même qui se donne à entendre dans l’ordre de mission qui vient clore le rassemblement.
Deviens ce que tu as reçu !
Saint Augustin qui avait le sens de la formule disait : « Deviens ce que tu as reçu ». Or la nourriture partagée à l’eucharistie est bien le Corps du Christ.
Le recevoir c’est accepter de se laisser transformer personnellement et communautairement par cette présence.
C’est devenir comme lui solidaire de ses frères et soeurs. Voilà bien tout le sens de cet après qui nous attend au sortir de la messe.