Neuvième de la série.
L’esprit d’enfance est le secret ainsi que le don de la prière. Une attitude où l’on apprend à se recevoir d’un Autre, source de liberté et de don.
Cette série sur le thème de la prière s’inspire tout particulièrement de l’excellent ouvrage intitulé « La prière retrouvée » que nous vous recommandons grandement.
La prière retrouvée par Pierre Guilbert, 1981, Foi vivante – Vie spirituelle, Nouvelle cité, Distribution Cerf, 1981, 180 p.
Nous avons eu la chance de nous procurer cet ouvrage en faisant une recherche sur le Net. Notre copie est usagée, car l’ouvrage semble vraisemblablement épuisé.
L’esprit d’enfance
N. B. Afin de saisir le contexte de ce neuvième article de la série, nous vous conseillons de lire les articles précédents.
Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. (Mt 18,3)
À l’époque de Jésus, l’enfant était un être de peu d’importance, symbole de pauvreté et d’impuissance, obligé de tout recevoir d’un autre, des autres.
Or voilà que Jésus le propose en exemple à ses disciples. Qu’est-ce à dire?
L’adulte est communément celui qui a « pris du galon » : socialement, professionnellement.
Il a acquis savoir et pouvoir. Souvent, d’autres dépendent de lui.
Le problème? Il risque d’être prisonnier d’un « personnage » suffisant et prétentieux alors qu’il est appelé à devenir une « personne » qui se reçoit d’un Autre qui lui est intérieur.
« Désormais ma vie sera pleine de Toi », disait saint Augustin.
Augustin a réalisé qu’il y avait en lui « plus grand que lui » et qu’une vie en communion avec Dieu était le secret d’une vie libre et donnée.
Pierre Guilbert a également appris que l’esprit d’enfance était le secret ainsi que le don de la prière.
Une attitude où l’on apprend à accueillir dans la vérité de son être :
Tu reprends devant Dieu de plus justes proportions. Le vent, le vide, les vanités dont tu te faisais gloire te désencombrent, te désenflent à mesure qu’ils te quittent. (p. 122)
C’est ainsi que la prière démonte ta suffisance. Pierre à pierre. Sans que tu puisses cependant espérer parvenir au terme. La prière à la manière d’un révélateur. (p. 128-129)
Dans ta prière tu recevras tout de Lui. Ainsi naît l’amour d’un enfant pour son père, avec la joie d’être comblé. (p. 123)
L’expérience d’être sauvé
« Tu ne m’as pas abandonné au pouvoir de la mort! » Pourquoi cette parole, et non pas une autre, m’a-t-elle, comme je l’ai dit, bouleversé jusqu’au fond du cœur? Quelle expérience intime exprimait-elle? (p. 133)
Pierre recevait le don de salut. Un don de salut fait sur mesure pour lui.
D’être sauvé te fait prendre conscience que tu étais perdu. Mais cette révélation brutale n’engendre aucun désespoir : tu ne sais que tu étais perdu qu’à partir du moment où tu sais que tu es sauvé. Merveilleuse délicatesse du Seigneur. (p. 134)
Dieu révélait à Pierre le chemin de perdition dans lequel son attitude d’autosuffisance l’avait conduit.
Dans la lumière de l’amour qui me donnait le salut, mon péché m’apparut pour ce qu’il était : puissance de mort – la mort spirituelle, une mort douce et lente, insensible – à l’œuvre en moi, presque à mon insu. J’étais mort et je revenais à la vie, j’étais perdu et retrouvé, sauvé. (p. 135)
« Mais délivre-nous du mal »
L’expérience a montré à Pierre que la lutte de front contre la tentation était souvent inefficace.
Il était donc porté à attendre de Dieu une libération dont il se sentait bien incapable par ses seuls moyens.
J’attendais que la prière – qui m’avait déjà permis de retrouver le goût et le besoin profond de prier – continue en moi cette œuvre de lente purification. (p. 136)
L’amour et la séduction de Dieu étaient des armes bien plus efficaces que sa lutte à mains nues si souvent essayée, mais en vain. (p. 136)
Puisque c’est Lui qui te délivre du mal, la prière sera pour toi une source inépuisable de purification et de fidélité, une source jaillissant en vie éternelle. (p. 137)
C’est pourquoi nous sommes tous virtuellement capables, à chaque instant, d’une faute originelle, comme nous avons également la possibilité de nous faire origine.
Il suffit, pour que notre organisme soit en désordre, pour que nous soyons livrés au tumulte des forces obscures en nous, il suffit que nous décrochions de cette attention d’amour qui nous fixe en Dieu.
Dès que nous ne sommes plus vigilants, dès que nous cessons d’être en contact avec le Dieu intérieur, nous devenons la proie de ces forces qui, n’étant plus gouvernées par l’esprit, nous entraînent au hasard, dans le désordre le plus conforme à notre pente particulière. (Maurice Zundel)
À suivre…