La prière dans le Nouveau Testament

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La prière de Jésus, modèle de toute prière


2 septembre 2016


On est habitué à parler de la prière des Psaumes. Il est vrai que les Psaumes contiennent de magnifiques prières, souvent axées sur des demandes faites à Dieu. Dans le Nouveau Testament, la prière aux multiples demandes s’estompe de plus en plus au profit de la louange et de l’action de grâce. Pour le chrétien/ne, c’est Jésus qui apparaît comme le modèle suprême de toute prière.

La prière de Jésus dans les Évangiles

Jésus en prièreNotons d’abord que Jésus s’adonne à la prière selon les coutumes de son peuple : il fréquente assidûment la synagogue.

Mais dans les Évangiles, sa prière s’exprime dans bien d’autres lieux et d’autres façons. Elle apparaît spontanée, sans efforts. On a l’impression qu’elle est incessante, répondant à un besoin.

Les Évangiles synoptiques

Les Évangiles synoptiques, et surtout Luc, s’intéressent surtout à la prière de Jésus dans les moments décisifs de sa vie publique.

Pour ne citer que quelques exemples :

  • à son baptême, Jésus prie et reçoit l’onction de l’Esprit (Lc 3:21);
  • il prie encore avant sa première mission (Mc 1:35);
  • avant l’institution des Douze (Lc 6:12); au moment de sa Transfiguration (Mt 17:1-9), etc.
  • Mais c’est au moment de la passion, à Gethsémani, que les synoptiques insistent sur la prière de Jésus. Elle se situe au moment suprême, lorsque son ministère se termine par le triomphe de ses adversaires. La peur de Jésus s’exprime dans une demande à Dieu son Père : « Que ce calice (cette destinée) s’éloigne de moi! » Il s’en remet toutefois à la volonté de son Père : « Pas ce que je veux, mais ce que tu veux ». Au dernier instant de son existence, Jésus se livre totalement et définitivement à Dieu : « Père, je remets mon esprit entre tes mains » (Lc 23:46)

Le 4e Évangile

À la différence des évangiles synoptiques, le 4e Évangile ne dit jamais explicitement de Jésus qu’il s’adonne à la prière.

À quelques reprises, Jésus va affirmer lui-même qu’il prie. Mais au-delà du terme prier, la perspective de Jean s’avère très profonde. Jésus est constamment en parfaite communion avec Dieu son Père.

Sa condition d’obéissance totale au Père le met dans un état de prière incessante. Il compare son obéissance à la nourriture : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre » (4,34).

Toute l’existence de Jésus est vécue dans une dépendance consciente et parfaite à l’égard de son Père. Il réalise ainsi le sommet absolu de la prière : la communion consciente de tous les instants avec Dieu, à qui il se livre totalement dans l’amour et à qui il se soumet comme Fils unique. En ceci, la communion de Jésus à son Père se révèle comme le modèle parfait de toute prière.

Jésus Christ, médiateur de toute prière

Jésus Christ n’est pas seulement le modèle de notre prière; il en est le médiateur, ou encore l’intermédiaire par lequel toute prière doit passer. Notre prière doit s’insérer dans la prière du Christ.

Saint Paul

Jésus médiateurCette médiation du Christ dans la prière est d’abord affirmée par Paul : en effet, toutes ses propres prières s’adressent à Dieu par le Christ. Par exemple, l’action de grâces en Rm 1:8 : « Je rends grâce à mon Dieu par Jésus Christ pour vous tous ».

Aucune prière de Paul ne s’adresse directement au Christ. C’est étonnant puisque Paul affirme que son expérience mystique lui est donnée « dans le Christ ». Il ira jusqu’à dire : « Je vis, mais ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2:20).

Saint Jean

La médiation du Christ dans la prière est tout particulièrement mise en relief par saint Jean et par l’auteur de l’épître aux Hébreux.

En effet, Jean fait de l’intercession du Christ ressuscité le coeur de la prière chrétienne. L’évangéliste met souvent dans la bouche de Jésus la formule : « Demandez en mon nom », le nom étant l’équivalent de la personne.

Nous sommes donc appelés à prier dans le Christ, unissant notre prière à la sienne. Unis au Christ comme les branches à la vigne, il est possible de demander tout ce que nous voulons et toute demande sera exaucée de quelque façon : « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez et cela vous arrivera » (Jn 15:17). Cette certitude de la prière chrétienne paraît être son trait le plus distinctif.

Épître aux Hébreux

C’est toutefois l’auteur de l’Épître aux Hébreux qui a davantage insisté sur la médiation du Christ dans la prière. C’est parce qu’il fut parfaitement obéissant au Père que Jésus est devenu l’unique grand prêtre, le médiateur définitif.

La prière consiste à s’approcher de Dieu dans et par le Christ. La prière du croyant s’insère dans la prière incessante du Christ toujours vivant pour intercéder en faveur des siens : « Il est en mesure de sauver de manière définitive ceux qui s’approchent de Dieu, puisqu’il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur » (Hé 7:25).

C’est bien sûr par la foi qu’on peut ainsi s’approcher de Dieu : fixer les yeux sur Lui est l’attitude vitale du croyant.

La prière de l’Église inspirée par l’Esprit

Descente de l'Esprit-SaintÀ la suite de sa résurrection, Jésus est le Seigneur qui a le pouvoir de donner l’Esprit à ceux qui croient en Lui. C’est donc l’Esprit qui, au nom du Seigneur Jésus, inspire la prière de tout croyant.

Les plus anciens textes des Actes des apôtres montrent l’Esprit venant sur l’Église en prière.

D’ailleurs, tout le Nouveau Testament manifeste que l’initiative de la prière chrétienne vient de l’Esprit :

  • C’est Lui qui nous enseigne à prier : « L’Esprit vient en aide à notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut » (Rm 8:26).
  • C’est par Lui que nous pouvons « crier : Abba, Père » (Rm 8:15). Nous avons ainsi l’audace de partager le cri même de Jésus à l’égard de Dieu son Père.
    Abba est un terme que les Juifs réservaient à leurs pères terrestres; ils ne l’auraient jamais employé pour le Père du ciel. À l’exemple de Jésus, nous sommes appelés à nous adresser à Dieu comme un enfant le fait avec son père. C’est la grâce ineffable que le Seigneur Jésus nous accorde par son Esprit en chacun de nous.

La prière chrétienne est en soi communautaire

Prière communautaireParce que la prière chrétienne est insérée dans le Christ, elle est nécessairement communautaire.

Étant uni au Christ, aucun chrétien/ne ne peut prier comme un individu isolé. Même lorsqu’il est seul, c’est avec tous ses frères et sœurs qu’il prie, sous la mouvance de l’unique Esprit.

Notre Père

Les deux versions du Notre Père se placent nettement dans un contexte communautaire. Cela reflète l’usage liturgique de cette prière dans l’Église primitive.

Chez Luc comme chez Matthieu, la deuxième partie est entièrement à la 1ère personne du pluriel : « Donne-nous … pardonne-nous… comme nous pardonnons… ne nous laisse pas entrer en tentation ».

Prière en commun

Le livre des Actes nous présente les premiers chrétiens, conscients d’être frères et sœurs dans le Christ, offrant une prière communautaire dans le Temple ou encore dans la chambre haute : « Dans la chambre haute… tous, unanimes, étaient assidus à la prière » (Ac 1:12-14).

Eucharistie

Leur prière en commun est spécialement reliée à la fraction du pain (l’eucharistie) : « Ils étaient assidus… à la communion fraternelle et à la fraction du pain » (Ac 2:42). L’eucharistie est en soi une prière communautaire totalement enracinée dans le Seigneur Jésus qui rassemble en Lui tous les membres de son corps.

Une nouvelle relation de l’homme à Dieu, établie par et dans le Christ

Le chapitre 17 de l’évangile de Jean forme le sommet de la prière dans la Bible. Le cœur de la prière de Jésus, c’est son union avec son Père. Jésus vit dans une parfaite communion à la volonté de Dieu. Son unique demande pour les siens, c’est qu’ils puissent tous participer en Lui à une telle communion.

La prière chrétienne doit se situer dans la ligne de celle de Jésus. Ainsi, l’objet premier de la prière est la volonté de Dieu, le Royaume de Dieu. Cette primauté n’exclut pas que la prière puisse s’étendre aux choses matérielles aussi bien qu’aux choses spirituelles comme l’enseigne le Notre Père.

Le fondement de la prière chrétienne est la nouvelle relation de l’homme à Dieu, établie par et dans le Christ. Dieu est « notre Père ». De là découle le sentiment de confiance sans limite, d’abandon spontané à Celui qui vient faire sa demeure en nous : « Si quelqu’un m’aime… nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure » (Jn 14:23).

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