Dixième de la série.
La prière a le pouvoir de changer notre regard au profit d’une générosité qui consiste à prendre soin de Dieu en nous comme dans les autres.
Cette série sur le thème de la prière s’inspire tout particulièrement de l’excellent ouvrage intitulé « La prière retrouvée » que nous vous recommandons grandement.
La prière retrouvée par Pierre Guilbert, 1981, Foi vivante – Vie spirituelle, Nouvelle cité, Distribution Cerf, 1981, 180 p.
Nous avons eu la chance de nous procurer cet ouvrage en faisant une recherche sur le Net. Notre copie est usagée, car l’ouvrage semble vraisemblablement épuisé.
Du cadeau de la prière à l’invitation à aimer
N. B. Afin de saisir le contexte de ce dixième article de la série, nous vous conseillons de lire les articles précédents.
Pierre avait reçu en cadeau le don de la prière, fruit de l’amour d’un Autre.
Une grâce qui le conduisait spontanément à la reconnaissance et à la louange.
Une grâce qui l’invitait également à aimer.
Il n’est pas possible que tu trouves un contact nouveau avec Dieu dans la prière, sans qu’il se passe quelque chose ailleurs et que ton regard sur ton frère ne soit un peu changé. (p. 165)
Note-le bien. La première chose dont tu prends ainsi conscience, que la prière et la proximité de Dieu font apparaître à ton regard intérieur, c’est que tu n’aimes pas. Je croyais pourtant aimer, au moins certains : j’avais fait beaucoup pour eux, n’était-ce pas les aimer? (p. 168)
Pierre s’était souvent posé cette question : « mais comment fait-on pour aimer? »
Il m’a fallu des années pour qu’une aurore se lève en mon cœur. Une petite lumière qui a été la réponse à l’instante prière tant de fois répétée : « Donne-moi, Seigneur, l’amour fraternel! Apprends-moi à aimer! » (p. 169)
L’obstacle à l’amour est en toi, pas en l’autre. Il est en toi, dans cette inconsciente compétition que tu engages avec lui, où il n’y a en vérité de place que pour toi seul. […] Tout cela, je l’ai compris dans la prière, peu à peu, et peu à peu aussi, la grâce du Seigneur m’en a libéré. (p. 170)
Un nouveau regard
Pierre expérimenta que la prière avait le pouvoir de changer son regard sur l’autre.
La proximité avec Dieu lui donna de communier à Son regard.
Pauvre, humble, fragile amour, fruit du chemin de la prière que j’ai reçue de Dieu. (p. 171)
À notre tour, maintenant, d’épouser cette générosité, de prendre soin de ce Dieu qui est intérieur à nous-même comme il est dans les autres. (Maurice Zundel)
Mon Dieu, apprenez‑moi à prendre soin de vous en moi et dans les autres. (Maurice Zundel)
Je suis un fou, un ambitieux, un passionné, ayant une conscience aiguë de ma fragilité et de ma faiblesse. Je veux changer la face du monde et de l’Égypte, et me refuse à mettre aucune limite à mes rêves et à mes désirs, car je pense Dieu capable de faire fleurir sur le fumier de ma personne et de ma vie une immense moisson d’amour. (D’une lettre, 1983, Henri Boulad)
Fruits de la prière, Pierre sentit en lui de nombreux éclairs d’amour fraternel.
La prière et les autres
Pierre ressentit également le besoin de prier pour les autres.
Demander pour les autres remplira mieux ton cœur que tout ce que tu pourrais obtenir pour toi-même. […] L’amour vécu te comblera, ce que jamais les choses ne parviennent à faire. (p. 155)
De plus, il ressentait un plus grand besoin d’être avec d’autres, plus particulièrement le besoin de prier avec eux.
La prière de mes frères me donnait Dieu et nourrissait mon cœur. (p. 167)
J’ai besoin de revenir, comme à un ballon d’oxygène, à la prière de mes frères. (p. 167)
La prière elle-même nous fait fraternels et crée des liens d’une autre profondeur que ceux du sang ou de l’amitié. (p. 167)
En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. (Mt 18,20)
Fin de la série