Dans une époque où la mentalité scientifique est omniprésente et où plus que jamais « l’on ne croit qu’à ce que l’on voit », Maurice Zundel rappelle à tout chrétien que l’essentiel est de vivre de la vie du Ressuscité.
Les citations sont tirées de l’ouvrage « Pour toi, Qui suis-je » de Maurice Zundel, Textes inédits présentés par Paul Debains, Collection « Trésors de la spiritualité chrétienne », Éditions du Jubilé, Le Sarment, 2003, 315 p.
« Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens.
Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée.
Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.
De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5,13-16)
À lire Maurice Zundel, cela n’est pas sans nous rappeler l’excellent document des évêques du Québec intitulé « Jésus Christ chemin d’humanisation ».
Dans une époque où la mentalité scientifique est omniprésente et où plus que jamais « l’on ne croit qu’à ce que l’on voit », Maurice Zundel rappelle à tout chrétien (au-delà des mots, des méthodes et des outils catéchétiques) que l’essentiel est de vivre de la vie du Ressuscité.
Le témoignage d’une vie chrétienne authentique est le facteur primordial de l’évangélisation. Car comme le dit l’adage : « ce que tu es parle si fort que je n’entends pas ce que tu dis ».
Il ne s’agit pas de jouer un personnage, mais de devenir une personne. Et comme le souligne Maurice Zundel : cela nous échappe en quelque sorte.
Voilà pourquoi il insiste tellement sur la relation transformante et transfigurante que le chrétien est appelé à cultiver avec son Seigneur. Mais comment se demandera-t-on ?
En s’offrant chaque jour un ou des moments de silence et de cœur à cœur avec son Seigneur. (p. 284)
Le Dieu intérieur vivant au cœur de notre existence est appelé à être …
- … source de notre liberté
- … libération de notre moi enclin à tout ramener à soi
- … fondement de notre dignité
- … lumière de notre vie
- … socle de notre véritable grandeur
- … source de notre humanité
- … Vie de notre vie
Savoir prendre le temps, savoir se réserver des moments de prière et de silence. À chacun de trouver la forme de prière personnelle qui lui convienne, et ce, en complément à la prière liturgique.
Tout comme notre corps ne saurait se passer de manger ou de boire, notre âme a tout autant besoin de prière :
« L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4)
Comme le souligne Maurice Zundel :
On ne peut pas par décret-loi, décider qu’on sera libéré de soi : on ne peut être libéré de soi que dans un dialogue permanent et sans cesse repris avec la Présence intérieure à nous-mêmes, cette Présence dont saint Augustin indiquait qu’elle est « plus intime à nous-mêmes que le plus intime de nous-mêmes ». (p. 285)
L’essentiel étant de vivre Dieu afin d’être à même d’en faire vivre autrui. Aucune méthode ou artifice ne pouvant suppléer à cet essentiel. (p. 286)
Il ne s’agit donc pas de « jouer au chrétien » (personnage) mais plutôt de « devenir chrétien en union avec le Christ » (personne).
« Jésus Christ chemin d’humanisation » ? Certes… mais pour que l’humanité et la divinité de notre Seigneur deviennent ferment de notre libération, il faut savoir donner du temps à la prière.
« Demandez, on vous donnera; cherchez, vous trouverez; frappez, on vous ouvrira. » (Mt 7,7)
Il est donc certain que, dans ce monde contestataire et déchiré, dans ce monde qui étouffe, dans ce monde qui s’asphyxie, dans ce monde de tumulte et de bruit, – mais aussi dans ce monde d’aspiration ardente et généreuse – , dans ce monde qui ne sait plus où trouver l’homme, dans ce monde qui a besoin de naître à une humanité authentique, il est certain que ce Dieu-là seul apporte une réponse : il y a un lien indissoluble entre Dieu et nous. Nous trouver, c’est le trouver; et le trouver, c’est nous trouver. C’est une seule et même expérience de déboucher sur lui et de rencontrer notre propre intimité. (Maurice Zundel p. 287)