L’Église visible, signe historique de notre divinisation

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Sacrement du Christ ressuscité présent et agissant dans le monde

Onzième d’une série de douze articles qui constituent l’essentiel de l’essentiel de la foi chrétienne catholique, à partir de la présentation de François Varillon, jésuite. Une réalité rend compte de ce désir de Dieu de se rendre présent à l’humanité. C’est son Église devenue le signe visible de son action dans le monde.

François Varillon, jésuite, a publié en octobre 1967 dans la revue Études un excellent « Abrégé de la foi catholique » (p. 291-315). En voici un compte rendu succinct.

L’Église, sacrement du Christ ressuscité présent et agissant dans le monde

Après avoir parlé par ses prophètes, Dieu s’est donné à voir. En Jésus son Fils, il a pris un corps d’homme dans un pays géographiquement repérable, dans un peuple déterminé ayant sa culture propre et à une époque donnée. Mais ce ne fut pas au détriment d’un autre coin de la planète ou d’une autre période de l’histoire.

Jésus lave les pieds des disciplesÀ travers l’expérience de Jésus pourtant bien incarnée dans le temps et l’espace, Dieu s’est rendu présent à toute l’humanité par delà le temps et l’espace.

Une réalité rend compte de ce désir de Dieu : c’est son Église devenue le signe visible de son action dans le monde, une action qui bien que réelle demeure pourtant invisible.

Quand François Varillon veut décrire l’action de Dieu dans le monde, la transformation radicale qu’Il y opère pour rendre le monde saint comme lui-même est Saint, à l’instar des Pères de l’Église, il parle de la divinisation du monde.

Pour Varillon, l’Église est un signe efficace de l’action de Dieu dans le monde. Elle donne de la voir et elle la réalise. En d’autres mots, elle est le sacrement du Christ ressuscité présent et agissant dans le monde.

Église visible et invisible

Par ailleurs, il ne va pas de soi que tous les humains perçoivent qu’ils sont intimement liés les uns aux autres par la Vie qui circulent en eux et entre eux, même si cette vie est la Vie même de Dieu communiquée par le Ressuscité.

C’est pourquoi, vu de l’extérieur, tous ne sont pas membres de l’Église. Mais celles et ceux qui n’en sont pas, ne lui sont pourtant pas étrangers. Le don de Dieu leur est offert tout aussi généreusement.

« … et moi, élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12,32)

Le monde et l’Église ne sont pas deux réalités juxtaposées, elles ne font pas nombre. Pour Varillon, l’Église est en puissance l’humanité toute entière.

Dieu n’a qu’un seul dessein : rendre libres et saints, diviniser tous les êtres humains dans le Christ. C’est ainsi que l’humanité qui est à se diviniser ne peut être que l’Église.

Don de Dieu, l’Église est au cœur de l’histoire

Le chrétien ne peut vraiment connaître l’Église qu’en travaillant à sa construction et en se compromettant avec elle.

Si l’Église est un don de Dieu rendu visible dans l’histoire, elle est par ailleurs soumise à l’histoire et sujette par conséquent à ses vicissitudes. Le chrétien ne peut qu’être solidaire de ses progrès, de ses reculs, de ses réformes comme du renouveau qu’elle connaît.

Tout membre de l’Église est responsable de ce qu’elle est sans négliger aucune de ses dimensions. Il n’a pas à se cacher ses limites, ses fragilités et ses déficiences :

  • Ses courtes vues
  • Son manque de perspicacité
  • Son manque de discernement et sa difficulté à lire les signes des temps
  • Ses craintes devant l’avenir et son refus de prendre des risques
  • Ses collusions avec les puissants de ce monde
  • Sa propension à laisser le juridique et l’administratif étouffer l’Esprit
  • Son autoritarisme
  • Sa lutte contre l’erreur qui ne laisse plus de place à la vérité
  • Ses lenteurs à reconnaître l’action de l’Esprit dans l’histoire humaine

Et la liste pourrait s’allonger. Malgré cela, le chrétien sait lui, que l’Église est celle du Christ et qu’elle est porteuse de son message et de son projet. Il sait aussi qu’en se purifiant lui-même, il contribue à la rendre davantage pure afin qu’apparaisse clairement ce qu’elle est : une, sainte, catholique et apostolique.

Quatre expressions de l’amour

Mais au fait, ces quatre notes familières (une, sainte, catholique et apostolique) ne sont-elles pas quatre expressions de l’amour?

Effectivement, seul l’amour peut faire l’unité et c’est à son aune que se mesure la sainteté.

Dans la même perspective, l’Église ne peut être vraiment « catholique » que lorsqu’elle est « universelle », c’est-à-dire quand son amour est sans frontière et qu’il n’exclut personne.

Enfin, elle est « apostolique » quand, fidèle au Christ et malgré les vicissitudes de l’histoire, elle continue à mettre son autorité au service de l’amour. L’Église est « apostolique » lorsqu’elle aime.

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