Les dimanches en vert

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... et le Christ vert du peintre Maurice Denis


19 juin 2020


Le peintre français Maurice Denis né en 1870 et mort en 1943 a été l’un des artisans du renouveau de l’art sacré en France. Décorateur, graveur, théoricien et historien de l’art il a été pendant quelques années un compagnon de Paul Gauguin. En 1890 il a peint un Christ appelé le « Christ vert ». S’y attarder permet d’entrer dans l’univers d’une couleur qui a laissé son nom à une longue suite de dimanches : les dimanches en vert. Ces jours-là, les vêtements de présidence à l’eucharistie sont verts. Mais pourquoi?

Une couleur « liturgique »

Du vert! Étrange couleur pour un Christ, couleur tout de même dédiée à ce temps bien ordonné – ordinaire dit la liturgie – qui prolonge la Pentecôte. C’est au Moyen-Âge que le vert comme les autres couleurs fait son apparition en liturgie.

Mais pourquoi le vert? Parmi bien d’autres, la bénédictine et mystique Hildegarde Von Bingen (1098-1179) en a compris le pouvoir évocateur. Elle lui fait un large accueil dans sa littérature créant même un néologisme la viridité (du latin viridus – vert).

Nature verte, vie par Mike Swigunski (unsplash.com)Elle cherche alors à décrire un concept nouveau qui en vient à teinter – c’est le cas de le dire – toute sa spiritualité.

La viridité (le vert) traduit pour elle la vigueur, celle que l’on trouve dans la nature, celle qui donne la croissance et entretient la vie.

Comme si cette couleur donnait à voir, à sentir, à toucher la Résurrection à l’œuvre. Et c’est bien ce que donne à entendre le « Christ vert » de Maurice Denis.

Maurice Denis et Paul Gauguin

Avec d’autres peintres d’avant-garde, Maurice Denis a fréquenté Paul Gauguin. Ensemble ils font école, ce seront les nabis.

C’est un mot arabe qui signifie « inspiré ». Gauguin encourage ses compagnons à se débarrasser de la contrainte imitative de la peinture, à user de couleurs pures et vives, à ne pas hésiter à exagérer leur vision. Chaque tableau doit avoir sa propre logique décorative et sa symbolique.

S’ils ne sont pas tous croyants, les artistes nabis cherchent des voies spirituelles. Maurice Denis est de ceux-là. Il propose même une approche mystique de la peinture son objectif étant de renouveler l’art religieux. Il a laissé une large production caractérisée par une approche très familière pour ne pas dire familiale des Évangiles et de la Bible.

Le Christ vert de Maurice DenisFormes simples et tons purs

La manière qu’a Gauguin de simplifier les formes modifie son approche, mais il va plus loin que le maître.

Le Christ vert, une œuvre de jeunesse datée de 1890, en témoigne.

Dans ce petit tableau, une huile sur carton qui fait à peine une vingtaine de centimètres de hauteur, les traits de contours sont supprimés laissant émaner une spiritualité qui a quelque chose de neuf.

L’emploi de tons purs accentue la lumière.

Témoin de la Résurrection

Le rouge de la Passion esquissant le tombeau ouvert, quelques taches suggérant des fleurs, le vert de la vie dans sa permanence et sa vigueur, tous ces éléments veulent témoigner de la Résurrection dans la suite des jours.

Avec ce Christ vert, il me semble que les « dimanches en vert » n’ont plus rien « d’ordinaire ».

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