Voici le premier article d’une série de dix articles présentés par l’équipe de rédaction du Feuillet Paroissial. On trouve dans les Écritures diverses manières de désigner Jésus. Souvent on accole à son nom des titres ou des qualificatifs. Les relire avec attention nous permet de goûter à la richesse inépuisable de la personne de Jésus.
Deux verbes privilégiés : sauver et racheter
Couramment on dira de Jésus qu’il est le « Sauveur ». Certains préféreront l’évoquer en parlant du « Rédempteur » comme dans le célèbre chant du Minuit Chrétien. Ces deux titres ou du moins ce qu’ils évoquent sont bien connus dans la Bible. Y chercher leur usage nous en révèle toute la richesse.
De fait pour décrire l’action de Dieu envers son peuple, l’Ancien Testament privilégie deux verbes : sauver et racheter. Chez le prophète Isaïe, ces verbes deviennent pratiquement synonymes : C’est lui, Dieu en personne, qui les sauva : dans son amour et dans sa compassion, c’est lui-même qui les racheta (Is 63,9). Il n’est pas sans intérêt de les voir associés à Jésus.
Sauver du péril
Sauver, c’est arracher un groupe ou un individu d’une situation périlleuse dont eux-mêmes ne peuvent se tirer. Ainsi, dans l’Exode, Dieu sauve son peuple en l’arrachant de l’esclavage d’Égypte. Souvent, dans l’histoire d’Israël, Dieu envoie des sauveurs, des personnes à travers lesquelles il agit pour sauver ou libérer son peuple.
Le nom même de Jésus signifie : Dieu sauve. Dès sa naissance, il est proclamé Sauveur par les Anges (Lc 2,11). Son salut, Jésus ne l’apporte ni par les armes ni par la richesse, mais par sa parole : celle-ci révèle qui est Dieu, elle guérit, elle enlève le péché, elle ressuscite les morts. Cette parole est créatrice, comme la parole de Dieu dans la Genèse (Gn 1,3-6). Il est notre sauveur qui détruit la mort et fait briller la vie et l’immortalité par l’Évangile (2 Tm 1,10).
Racheter pour rendre libre
Le verbe racheter tel qu’appliqué à Dieu dans la Bible, réfère à une disposition légale du droit araméen.
Dans la culture de l’Ancien Testament
Lorsqu’un homme s’endettait au point de ne plus pouvoir rembourser sa dette, il devait se vendre lui-même, comme esclave, à son créancier. La loi obligeait alors son plus proche parent à se faire goël, c’est-à-dire racheteur. Cela consistait à payer la dette du proche parent pour lui permettre de retrouver la liberté (Lv 25,47-53).
Dans le livre de l’Exode, Dieu déclare au Pharaon : Mon fils premier-né, c’est Israël, laisse-le aller! (Ex 4,22-23). Dieu se considère donc comme le goël, le proche parent de son peuple. Il assume la tâche de lui redonner la liberté.
Dans le Nouveau Testament
Jésus est celui qui s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité et de purifier un peuple qui lui appartienne, qui soit plein d’ardeur pour les belles oeuvres (Tt 2,14). Cette affirmation touche trois points fondamentaux :
- Jésus nous rachète – ou nous libère – du péché, le mal par excellence qui nous menace.
- Ce geste lui a coûté cher : il a donné sa vie en rançon pour la multitude (Mc 10,45).
- Il nous a libérés pour qu’on lui appartienne, pour qu’on vive sous son influence.
Le mot goël (le racheteur) est devenu en grec sôter traduit en français par sauveur et devenu en latin redemptor dont dérivent les mots rédempteur et rédemption. Un simple mot comme sauveur a déjà beaucoup à nous apprendre.