Troisième d’une série de dix articles sous la forme d’un petit voyage dans l’univers de la messe. En se laissant guider par des questions souvent posées, l’auteur propose un survol de cet incontournable de la pratique chrétienne.
Un repas fraternel à redécouvrir.
Autour d’une table familiale
Dans les milieux conservateurs, on parle même de « la messe de toujours » donnant à penser qu’elle est toujours la même depuis les origines. C’est évidemment faire fi des leçons de l’histoire.
Au lendemain de la résurrection, quelques disciples se retrouvent pour se souvenir, pour faire mémoire du ressuscité.
S’ils demeurent des familiers de la prière juive, ils sont aussi porteurs d’une bonne nouvelle et d’une invitation à vivre un geste rituel dans le cadre d’un repas. C’est fréquent dans leur culture.
« Vous ferez cela pour faire mémoire de moi », avait précisé Jésus à ses apôtres. C’est ainsi que la pratique du « repas du Seigneur » prend tout naturellement place dans leurs habitudes de prière.
Du « repas » à la « messe » …
Le christianisme voit donc le jour autour d’une table familiale au lendemain de la résurrection. Il n’est cependant pas sans intérêt d’aller voir ce que cette table est devenue 12 siècles plus tard. On la retrouve dans un long bâtiment aux voûtes presque démesurées. Adossée au mur, cette table est devenue un autel et loge dans un sanctuaire fermé d’une haute clôture.
Que s’est-il donc passé? De toute évidence on a pris ses distances. Ce que l’architecture affirme avec éloquence traduit en fait l’écart qui s’est installé entre les chrétiens et « le Saint Sacrifice de la messe » comme on appelle alors le « repas du Seigneur ».
Écart avec Dieu aussi, car les hautes voûtes des cathédrales parlent davantage d’un tout-puissant bien haut dans les cieux et fort différent de ce Dieu de proximité et de communion dont le Christ s’était fait le prophète. Le sacré et le mystère ont lentement envahi tout l’espace.
La « messe d’alors » est à toute fin pratique, celle que l’on a connu jusqu’en 1964, au moment ou, avec Vatican II, on redécouvre la « messe des origines ».
Le retour aux origines
Commence alors la grande aventure de la restauration de la liturgie. Le mouvement avait été amorcé par Pie XII lui-même dans la foulée des recherches historiques menées un peu partout en Europe entre les deux guerres. C’est ainsi qu’il fut possible de retrouver le cœur et l’esprit de la grande tradition liturgique.
De la messe à l’eucharistie…
Quelques éléments principaux caractérisent cette restauration. Mentionnons abord le retour à une langue accessible à tous et le souci de la vérité des gestes. C’est ainsi que l’autel est redevenu une table autour de laquelle il est possible de se retrouver dans l’esprit même du repas des origines, le « repas du Seigneur ».
Même le mot « messe », faisant référence à l’Ite Missa est latin invitant à la mission et au témoignage, fait place maintenant au mot « eucharistie ». C’est pourtant un mot savant lui aussi, mais il évoque si bien la louange et l’action de grâce. Or c’est bien là le cœur de cette prière unique reçue du Christ et des toutes premières communautés croyantes rassemblées pour partager le repas du Seigneur.