Le paradoxe de l’Amour

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« Qui me voit, voit le Père » (Jn 14,9)

Cinquième d’une série de douze articles qui constituent l’essentiel de l’essentiel de la foi chrétienne catholique, à partir de la présentation de François Varillon, jésuite. Aimer à la manière de l’Évangile, donne ainsi de vivre des expériences peu communes qui mènent au mystère de Dieu.

François Varillon, jésuite, a publié en octobre 1967 dans la revue Études un excellent « Abrégé de la foi catholique » (p. 291-315). En voici un compte rendu succinct.

Le paradoxe de l’Amour

La création - Dieu et l'homme

Les chrétiens ont appris que « Dieu est Amour », mais quel est le Visage de cet Amour? En quoi consiste-t-il?

Pour toute réponse, François Varillon nous ramène à l’Évangile et particulièrement à Jésus en train d’affirmer « Qui me voit, voit le Père » (Jn 14,9).

C’est là que l’amour se présente à visage découvert. C’est là aussi que l’amour nous révèle ses valeurs paradoxales. Aimer à la manière de l’Évangile, donne ainsi de vivre des expériences peu communes qui mènent au mystère de Dieu. En voici deux exemples, celui de la pauvreté et de l’humilité.

L’expérience de la pauvreté

L’amour donne de vivre une étrange expérience de pauvreté, non pas économique, mais spirituelle. L’amoureux qui dit à sa bien-aimée : « Tu es ma joie », n’est-il pas à lui dire : « Sans toi je suis pauvre de joie » ? Ou encore, un « Tu es tout pour moi » ne signifie-t-il pas : « Sans toi je ne suis rien » ?

Aimer c’est en quelque sorte vouloir être par l’autre et pour l’autre. Être à la fois accueil et don.

Celui qui aime davantage devient le plus pauvre face à l’être aimé.
Dieu, l’infiniment aimant, est ainsi infiniment pauvre, car infiniment riche en Amour.

L’expérience de l’humilité

Un amoureux dira à sa bien-aimée : « Je ne puis te regarder de haut sans manquer à l’amour. »

De fait, s’il y a disproportion entre deux êtres qui s’aiment, l’amour fera qu’ils se feront proche en cherchant l’équilibre. Le plus grand ou la plus grande traduira son amour en cherchant à se faire l’égal de la personne aimée, gommant en quelque sorte sa supériorité.

Le plus aimant est donc le plus humble. L’infiniment aimant – Dieu – est en conséquence infiniment humble et c’est bien ce qu’il nous donne à comprendre quand on le contemple à travers le Christ.

C’est ainsi que l’humble geste du lavement des pieds, traduit de manière admirable ce qu’on peut appeler l’humilité divine.

Quel paradoxe !

Dieu est infiniment riche, mais riche en amour, non en avoir. C’est pourquoi, en amour, richesse et pauvreté sont synonymes.

Celui que nous avons coutume d’appeler le « Tout-Puissant » est en effet un « Amour Tout-Puissant » et est en conséquence, infini en pauvreté et en humilité.

Souverainement libre

Par ailleurs, Dieu est souverainement libre, libre d’aimer et d’aller jusqu’au bout de l’amour. Dieu est l’immensité sans limite, mais c’est son amour qui est immense, sans limite et tout-puissant, un amour démesuré qui l’aura conduit à s’abaisser jusqu’à devenir l’un d’entre nous.

Comme le dit François Varillon : « Dieu est tel que le mystère d’amour incompréhensible qui le constitue dans son Être éternel ne peut être traduit, exprimé, révélé, que par la pauvreté, l’humilité et l’humanité du Christ. »

L’importance de l’expérience de l’amour… pour comprendre… !

Un être humain qui n’a aucune expérience de l’amour (conjugal, paternel ou maternel, filial, amical, caricatif) ne peut comprendre aisément de telles affirmations. Elles ne peuvent être que mystérieuses, énigmatiques même, voire incompréhensibles.

On ne peut vraiment aborder Dieu, sans d’abord reconnaître que la pauvreté et l’humilité tout comme la liberté sont des valeurs constitutives de l’amour.

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