Septième de la série.
La prière? Ce n’est pas une question « d’experts ». C’est l’Esprit qui est appelé à prononcer les mots en moi, et à les faire vivre pour moi.
Cette série sur le thème de la prière s’inspire tout particulièrement de l’excellent ouvrage intitulé « La prière retrouvée » que nous vous recommandons grandement.
La prière retrouvée par Pierre Guilbert, 1981, Foi vivante – Vie spirituelle, Nouvelle cité, Distribution Cerf, 1981, 180 p.
Nous avons eu la chance de nous procurer cet ouvrage en faisant une recherche sur le Net. Notre copie est usagée, car l’ouvrage semble vraisemblablement épuisé.
Prier en simplicité
N. B. Afin de saisir le contexte de ce septième article de la série, nous vous conseillons de lire les articles précédents.
Au-delà des mots
Ce ne sont pas les mots qui essentiellement font la prière. Ils peuvent être simples, pauvres, sans poésie, des mots de tous les jours.
La « vraie affaire » ne consiste pas dans les mots.
Au-delà des postures
L’attitude corporelle a son importance. La posture doit favoriser la prière.
Seulement, le chemin de la prière ne consiste pas en l’apprentissage de postures.
Au-delà des méthodes
Ce n’est pas la méthode qui fait la prière.
Plus les méthodes sont légères, plus elles se font oublier, plus elles laissent libres, meilleures elles sont. Peut-être la meilleure méthode est-elle de ne pas en avoir. (p. 91)
Il y a un réel danger à penser que la prière est au bout d’un effort humain, à la manière d’une technique que l’on aurait à mettre en œuvre.
Étonnamment, ne pas « savoir » prier aide à entrer dans la prière.
Prier, simplement, en pauvreté. Et la prière te sera donnée. (p. 93)
C’est pourquoi, mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur. Je ferai de toi mon épouse pour toujours, je ferai de toi mon épouse dans la justice et le droit, dans la fidélité et la tendresse; je ferai de toi mon épouse dans la loyauté, et tu connaîtras le Seigneur. (Osée 2,16.21-22)
Bannir toute peur de Dieu
Découvrir l’amour miséricordieux de Dieu à notre égard.
Il faut bannir de notre cœur toute peur de Dieu.
Car si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur. (1 Jn 3,20).
Cultive la conviction profonde et calme de la tendresse de Dieu. Laisse-toi aimer. (p. 98)
S’abandonner à la miséricorde infinie de Dieu, consentir à se laisser consumer par cet amour purifiant et transformant dans les petits riens de la vie ordinaire. La sainteté est alors notre faiblesse humaine noyée dans la miséricorde divine. (La petite voix avec Thérèse de Lisieux de Jacques Gauthier, Novalis, 2018., p. 92)
La religion chrétienne est-elle moins le cri de l’homme vers Dieu que le cri de Dieu vers l’homme, moins la somme de nos efforts que la somme de ses miséricordes, moins la vérité accessible à notre esprit que celle qui est le propre secret de Dieu : toutes nos faiblesses, à coup sûr, mais consumées dans le feu de son Amour. (Maurice Zundel, Rencontre du Christ, Éditions Ouvrières, 1951, Paris, p. 77).
Recevoir la prière d’un Autre
L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. (Rm 8,26a)
Prier, sans « savoir » prier, entraîne une grande fragilité (humilité). (p. 99)
Au simple effleurement de ta vanité, de ton amour-propre, tout s’écroule et tombe en cendres. Ne te prends jamais à penser que tu « possèdes » la prière : tu ne refermerais les doigts que sur du vent. (p. 103)
Prêter mon être à l’Esprit afin qu’il puisse prier en moi.
Je n’ai pas besoin de savoir prier. Il suffit d’accueillir l’Esprit qui est à l’œuvre en moi.
L’Esprit de vérité… vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous. (Jn 14,17)
Cette force calme, cette assurance venue d’ailleurs, cette humble confiance en l’Autre qui vivait en moi, à qui je devais tout. (p. 101)
Prier chaque jour afin de me sentir dynamiser par Quelqu’un qui me dépasse. (Henri Boulad)
Je n’ai pas à chercher les mots pour la prière. Des mots simples et sans prétention, des mots de tous les jours me seront donnés. Des mots qui montent au cœur. Des mots qui résonnent.
Des mots venus d’un psaume, d’un verset d’Évangile, d’un souvenir et leur lumière irradiait, devenait vie et prière. Des mots qui n’avaient plus la banalité des mots d’hommes, mais l’insondable sens qu’ils puisaient dans l’Esprit. Ce sens auquel seul l’Esprit de Dieu peut t’introduire, te faire accéder, au-delà de toi-même. Par grâce. (p. 102)
C’est l’Esprit qui est appelé à prononcer les mots en moi, et à les faire vivre pour moi.
Au jour solennel où se terminait la fête, Jésus, debout, s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi! Comme dit l’Écriture : De son cœur couleront des fleuves d’eau vive. » (Jn 7,37-38)
Recevoir la prière d’un Autre qui m’aime, accueillir le don qui m’est fait.
En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. (Rm 8,14)
La prière est l’exaucement de l’attente éternelle de l’amour qui se propose dans le respect infini de notre liberté. (Maurice Zundel).
La prière… pour ceux qui ne savent pas prier
Il ne s’agit surtout pas de se croire « expert » en la matière.
Commencer par le silence, le calme et la paix. Ne rien faire, ne rien dire, n’avoir aucun projet.
Fixer son regard sur cet Autre bienveillant au plus profond de soi.
Être à l’écoute de sa Présence.
J’attendais que ce soit lui qui parle le premier, en quelque sorte, attentif et confiant. (p. 103)
Savoir prendre son temps, savoir attendre.
Une pensée, un mot te montent au cœur. Accueille-les, savoure-les, fais-en ta nourriture. […] Restes-en à ce qui t’est donné. […] Rumine. Laisse résonner profondément dans ton coeur. Reviens-y. Redis le mot, la phrase qui t’ont été donnés.
Chaque répétition éveillera en ton coeur un écho nouveau, une vie insoupçonnée.
C’est là ce que ton Père a préparé pour toi aujourd’hui : ton pain, ta prière de ce jour. (p. 104)
Notre Père… Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. (Mt 6,9b.11).
Nous saurons qui est Dieu quand nous serons devenus un espace de lumière et d’amour où il pourra se répandre. […] Nous ne sommes des hommes qu’à partir et strictement dans le moment même où, décollant de nous-mêmes, nous entrons en contact avec la générosité infinie qui se révèle au-dedans de nous comme l’Amour éternel qui ne cesse de nous attendre. (Maurice Zundel)
À suivre…