La musique fait vibrer tout l’être humain : lieu privilégié de la rencontre du Dieu vivant.
Introduction
Les images valent mille mots
- Des jeunes se dirigent vers la « poly », le baladeur branché et les écouteurs bien enfoncés dans les oreilles. Dès le début du jour, ils ont de la musique plein la tête! Même les conversations entre amis se déroulent sur fond musical à niveau de décibels élevé!
- Ma nièce bat des records : elle réussit à étudier, faire ses devoirs, visionner un film et écouter de la musique en même temps!
- Sortir sans son baladeur, c’est devenu impensable!
La musique, c’est rien de nouveau!
Le charme de la musique n’en est pas à ses premières heures : témoin des grandes périodes de l’humanité, elle a su en soutenir l’évolution et même tantôt la devancer.
Toujours la musique a permis aux êtres humains d’ouvrir grande la fenêtre qui suscite l’émerveillement; de plus, elle appelle le rêve et l’imaginaire à s’insérer dans le quotidien de l’existence. La musique peut aussi être une occasion de fuite, le lieu d’un emprisonnement qui entraîne à la dérive!
Relier!
« La musique me détend, elle me pacifie! » Bien au-delà des conséquences libératrices que procure la musique dans le privé de la vie, elle possède la propriété de RELIER. Ne dit-on pas d’ailleurs qu’elle est devenue la nouvelle religion des gens, des jeunes surtout! La musique écoutée entre amis unit et crée une intimité entre les personnes qui la partagent.
Que dire de ces salles de spectacles qui bourdonnent et de ces « grand-messes » que sont devenus les « raves »? Le phénomène n’est pas épidermique, il rejoint les fibres profondes, fragiles ou brisées, des nouvelles générations et les RELIE.
La musique, c’est profond!
De nos jours, la musique rassemble les jeunes, elle les ré-unit et les re-lie. Constatation : ce qu’aucune institution ne réussit à faire (sociale, politique et religieuse, évidemment!), la musique l’accomplit. Qu’est-ce à dire?
Trouver une manière de présenter ce qui suit :
- La musique occupe l’espace de la solitude qu’on ne saurait laisser vide. La solitude fait peur et met à nu les blessures et fractures de la vie.
- La musique devient alors « un refuge ». Elle donne les mots qu’on cherche sans avoir à les prononcer; elle crée aussi un mouvement qui entraîne la vie.
- La musique, c’est le véhicule des valeurs communes . Ce que proclame tel chanteur, la vérité de telle chanson, la profondeur de telle musique deviennent les références les plus accessibles; elles apparaissent vraies et crédibles. Et cette crédibilité ne vient plus d’abord de ce qui est porté par le temps, les coutumes et les traditions, mais de la force d’une libre expression au cœur du monde qui bouge tant!
- À l’heure des relations humaines fragiles, tant de fois brisées, la musique est une compagne fidèle qui relie le vécu de tant de monde à l’univers des sentiments partagés.
- Les grands discours peuvent nourrir l’intelligence, mais ils ne donnent pas le goût de vivre. La musique convie d’abord par les émotions, elle va droit au cœur et, par la suite, incite à nommer et comprendre ce que le cœur éprouve. Le monde est en attente de ce qui fait vibrer l’être profond. Les émotions confirment l’atteinte de cet objectif. Gare à celui qui oserait juger l’univers émotif trop rapidement, lui étiquetant une quelconque valeur superficielle!
Catéchèse et musique
La question se pose donc directement : si notre intention catéchétique veut véritablement rejoindre les nouvelles générations, quelle place réserve-t-elle à la musique?
Faut-il laisser toute la place à la musique? Bien mieux que le savoir transmis, que le témoignage rendu, certes beaucoup plus que l’écrit, la musique fait vibrer ces cordes émotives qui sont, plus que jamais, la porte d’entrée à toute rencontre.
Le Christ, auquel les jeunes sont loin d’opposer de l’indifférence, doit d’abord redevenir Jésus de Nazareth, cet homme de notre humanité. Nos ambitions catéchétiques ne doivent pas le dépouiller de son humanité au profit d’une synthèse de foi bien articulée et orthodoxe.
Les belles formules et les explications de foi ont tendance à créer l’éloignement; la simplicité de Jésus de Nazareth et de son parcours jusqu’à la mort/résurrection doit laisser libre cours à la reconnaissance de ce que son mystère engendre aujourd’hui et des nouvelles façons de s’en approcher.
La musique ne suggère-t-elle pas de partir à la rencontre des nouvelles paraboles, témoins de la vitalité de la Bonne Nouvelle? Langage hautement symbolique, les paraboles n’imposent pas de sens, elles suggèrent.
L’acte catéchétique doit croire fortement que la musique, ces mots et ces sons qui bourdonnent aux oreilles de nos jeunes, est un lieu d’où peut naître la reconnaissance! Et si la catéchèse osait aller à la rencontre de cette nouvelle culture, elle se surprendrait en train de raconter Dieu autrement!
L’univers personnel des jeunes appelle la foi du cœur, la rencontre de Jésus-Christ qui fait d’abord vibrer l’être avant d’exciter les neurones. C’est ainsi que cette foi soumise aux grands vents des émotions saura rejoindre l’humain dans tous les mouvements de sa vie et le conduire petit à petit au lieu de sa solitude, lieu de vérité.
Mais alors?
En catéchèse, il ne faut pas prétendre « utiliser » la musique, la réduire à l’état de moyen, mais l’accueillir et la comprendre comme un lieu, celui de la rencontre, celui de la différence, là où Dieu agit à notre insu!
La musique nous rappelle que la rencontre du Dieu vivant peut se faire dans un espace qui inclut le « drame humain », avec toutes ses souffrances, ses joies, ses défis, ses espérances et ses limites.
La musique invite à créer ce que le cinéma nous a offert il y a quelques années : un Jésus de Montréal. C’est à ce compte que l’évangélisation prend une grande bouffée d’oxygène et devient un véritable processus de découverte et d’accompagnement!
De la musique plein les oreilles!
Ces pauvres jeunes, disons-nous…
Pourtant, ne seraient-ils pas en train de nous dire
Qu’ils sont beaucoup plus à l’écoute de ce qui se passe
Que nous pouvons l’imaginer?