Ce que l’Église appelle péché

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Une tendance à vouloir tout ramener à soi ou à vouloir s‘enfermer sur soi

Huitième d’une série de douze articles qui constituent l’essentiel de l’essentiel de la foi chrétienne catholique, à partir de la présentation de François Varillon, jésuite. Tout ce qui déshumanise éloigne de la transfiguration en Dieu.

François Varillon, jésuite, a publié en octobre 1967 dans la revue Études un excellent « Abrégé de la foi catholique » (p. 291-315). En voici un compte rendu succinct.

Une tendance néfaste à tout ramener à soi

Chaîne

L’être humain n’est pas qu’amour. L’amour n’est pas la seule motivation de ses actes, ce qui n’est pas sans hypothéquer sa liberté de choix. Des erreurs sont alors possibles, mais la tentation est grande de se disculper.

Mais pour François Varillon, une faute, quelle qu’elle soit, demeure la responsabilité de celui qui l’a commise.

Tout être humain, pour peu qu’il fasse la vérité sur lui-même, saura reconnaître que la justice et l’amour sont des nécessités inscrites au cœur même de son être. Leur mise en œuvre devient alors une exigence morale incontournable.

C’est alors que pour un chrétien, cette tendance à vouloir tout ramener à soi ou à vouloir s’enfermer sur soi est un mal qui prend le nom de péché.

Tout ce qui déshumanise éloigne de la transfiguration en Dieu

Tout acte qui délibérément met à mal l’être humain ou le menace dans sa dignité, éloigne de la Vie même de Dieu.

Tout manquement à la justice et à l’amour comme aux valeurs qui en découlent, entrave la transformation de l’être humain et l’éloigne de cette transfiguration si souvent évoquée par Varillon.

Et c’est bien ce qui se cache sous la notion abstraite et difficile de ce que les théologiens appellent le « péché originel ». Pourtant, on en perçoit si facilement la trace à travers la tendance de l’être humain à tout ramener à soi (égoïsme) et à chercher son accomplissement comme sa réalisation en se coupant de l’Autre et des autres.

L’espérance chrétienne

Seul Dieu peut faire que l’être humain puisse aimer à sa manière. Croire que cela est possible, c’est déjà reconnaître qu’une transformation est à s’opérer. C’est ainsi que l’espérance chrétienne parvient à vaincre tant nos scepticismes quant à notre capacité de reprise devant le mal et le péché.

Par ailleurs, il est important de le rappeler, tout cela se vit dans la liberté. L’être humain est réellement libre face à l’invitation amoureuse de son Créateur. Comme le dit Maurice Zundel, « Dieu se propose toujours, mais ne s’impose jamais ».

Le pardon, suprême gratuité de l’amour

On vient de voir que l’être humain est limité dans sa capacité d’aimer. C’est ce que nous avons appelé le péché. Or à cause même du péché, l’amour de Dieu prend le visage du pardon. Un pardon inconditionnel et sans mesure, un pardon qui est miséricorde pour reprendre les mots de la Bible. En douter, reviendrait à affirmer que l’amour de Dieu est limité, donc qu’il est imparfait…

Face à cet amour toujours prêt à pardonner, une seule réponse est possible de la part de l’être humain. Il ne peut que se présenter devant son Dieu avec un cœur contrit, humble (vrai) et reconnaissant.

On se retrouve alors devant deux mouvements qui se rencontrent. D’un côté il y a ce Dieu qui aime d’un amour dont le pardon est sans limite. De l’autre, l’être humain qui a besoin d’être aimé et pardonné.

C’est au cœur de la rencontre de ces deux mouvements que se réalise notre salut. C’est alors qu’on peut parler de la rédemption de l’être humain, ou mieux de sa divinisation.

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