Ce texte de Maurice Zundel est tiré d’une homélie donnée à Pully, Suisse.
L’existence suprême est une relation, selon l’admirable parole de Bachelard : « Au commencement est la relation ».
Et c’est pourquoi il y a en Dieu une éternelle nouveauté. La connaissance en Dieu est littéralement une naissance, une naissance dans l’Esprit, une naissance dans la lumière, une naissance dans l’Amour et donc une inépuisable nouveauté.
Dieu n’est pas un Dieu qui vieillit, parce que, justement, en lui la vie est constamment alimentée par cette communication où le Père engendre son Verbe, où le Verbe naît dans le sein du Père dans le baiser de feu du Saint-Esprit.
Il faut donc que nous réformions complètement nos idées sur Dieu.
Dieu n’est pas un propriétaire, Dieu n’est pas un maître, Dieu n’est pas un pharaon, Dieu n’est pas un despote, Dieu ne tire pas les fils de l’Histoire, d’une Histoire dont nous serions les pantins. Dieu est Amour et rien qu’Amour : Dieu se donne et il ne peut rien faire d’autre.
Il n’est pas le fabricateur de l’Univers : il est celui qui nous en fait cadeau, attendant de nous cette réponse qui ferme l’anneau d’or des fiançailles éternelles, et qui donne à toute réalité son visage de lumière et d’Amour.
Dieu est Amour, Dieu est don, Dieu est générosité, Dieu ne s’impose jamais en se proposant toujours : il est là, au-dedans de nous, comme un appel à une existence semblable à la sienne qui est une existence de générosité, car, pour lui comme pour nous, exister au sens fort, c’est nous quitter nous-mêmes; exister, pour nous comme pour lui, c’est devenir une relation vivante à l’autre ou aux autres, c’est faire de tout notre être un pur élan de générosité.
Maurice Zundel