Les « Saints Innocents »

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Ceux d’hier, ceux d’aujourd’hui


28 décembre 2020


Le calendrier liturgique propose une étrange célébration pendant les festivités entourant la naissance de Jésus, celle du massacre des Saints Innocents. Occasion de porter son regard sur un drame toujours actuel.

Relire Matthieu 2,13-18 – Le texte figure en fin d’article.

Une fête liturgique

Depuis au moins le 6e siècle, le 28 décembre de chaque année, dans la foulée des célébrations entourant la naissance du Seigneur, la liturgie évoque un tragique événement. Matthieu le rapporte dans les premières pages de son évangile.

Victimes de la peur

Croix de Thomas Kinto (unsplash.com)Le roi Hérode craignant pour sa couronne décide d’éliminer tous les enfants mâles de moins de deux ans qui sont nés dans le petit village de Bethléem.

Comme le précise le missel romain en présentant la fête, par la mort de ces enfants la croix est venue se planter près de la crèche obligeant à donner au mystère de l’Incarnation toute sa dimension.

Il est si tentant de n’en demeurer qu’à la surface. Ces enfants morts victimes de la peur deviennent les compagnons de l’Agneau sans tache.

Le malheur innocent

L’écrivain et journaliste français Georges Hourdin décédé en 1999 était le père d’une petite fille trisomique qui fut la joie de sa vie. Il a même écrit un livre pour raconter son aventure : Le malheur innocent. Le titre conviendrait fort bien à cette célébration du 28 décembre.

Le malheur innocent! S’il y a celui de la maladie, il y a aussi celui de la bêtise humaine. S’il y a eu celle d’Hérode, elle est depuis longtemps dépassée. Il n’y a qu’à jeter un rapide coup d’œil sur les statistiques de l’UNICEF.

Des millions d’enfants

Des millions d’enfants sont aujourd’hui victimes de violences à tous les âges et cela partout à la grandeur du monde.

On pourrait croire le phénomène propre aux camps de réfugiés ou aux pays pauvres, pourtant même le nôtre ne fait pas exception à la règle.

Cette violence se retrouve dans les foyers, les établissements scolaires, les collectivités, même dans des organismes voués à leur protection.

Et ce qui ajoute au tragique de la situation, précise l’agence, c’est que ces victimes sont pratiquement invisibles. Elles sont protégées par le silence.

Une croix invisible

D’un côté nous célébrons une naissance merveilleuse qui fait la joie des enfants. De l’autre, comment oublier qu’une croix est plantée près de la crèche. C’est bien ce que rappelle à sa manière le sombre récit de Matthieu.

Il ne faudrait pas que cette croix, elle aussi, devienne invisible.


Texte biblique

Tiré de https://www.aelf.org/bible

Matthieu 2,13-18

Après leur départ, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. »

Joseph se leva; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils.

Alors Hérode, voyant que les mages s’étaient moqués de lui, entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages.

Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie :

Un cri s’élève dans Rama, pleurs et longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus.


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