Enracinés dans le Christ, nous sommes appelés à porter beaucoup de fruit. Voici une méditation à partir de la parabole du semeur pour nous aider à vivre une vie féconde.
À partir de « Trouver Dieu en toutes choses – Pour que la vie trouve sa place dans la foi » (p. 85-88) de Pierre van Breemen, s.j., Éditions du cerf / Médiaspaul, 1995.
Dans la parabole du semeur, Jésus utilise l’image de la semence pour désigner la Parole de Dieu.
De même que la semence, par nature, porte du fruit, ainsi en est-il de la Parole de Dieu.
Cependant, la fécondité de la Parole dépend de la qualité de notre accueil.
Une méditation à partir de cette parabole nous aidera à faire la lumière sur de nombreux aspects de notre vie, et ce, au service d’une existence plus féconde.
Tout d’abord, prenons le temps de lire la parabole.
Parabole du semeur (Lc 8,1-15)
Comme une grande foule se rassemblait, et que de chaque ville on venait vers Jésus, il dit dans une parabole :
« Le semeur sortit pour semer la semence, et comme il semait, il en tomba au bord du chemin. Les passants la piétinèrent, et les oiseaux du ciel mangèrent tout.
Il en tomba aussi dans les pierres, elle poussa et elle sécha parce qu’elle n’avait pas d’humidité.
Il en tomba aussi au milieu des ronces, et les ronces, en poussant avec elle, l’étouffèrent.
Il en tomba enfin dans la bonne terre, elle poussa et elle donna du fruit au centuple. »
Disant cela, il éleva la voix : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »
Ses disciples lui demandaient ce que signifiait cette parabole.
Il leur déclara : « À vous il est donné de connaître les mystères du Royaume de Dieu, mais les autres n’ont que les paraboles. Ainsi, comme il est écrit : Ils regardent sans regarder, ils entendent sans comprendre.
Voici ce que signifie la parabole. La semence, c’est la Parole de Dieu.
Il y a ceux qui sont au bord du chemin : ceux-là ont entendu; puis le diable survient et il enlève de leur cœur la Parole, pour les empêcher de croire et d’être sauvés.
Il y a ceux qui sont dans les pierres : lorsqu’ils entendent, ils accueillent la Parole avec joie; mais ils n’ont pas de racines, ils croient pour un moment et, au moment de l’épreuve, ils abandonnent.
Ce qui est tombé dans les ronces, ce sont les gens qui ont entendu, mais qui sont étouffés, chemin faisant, par les soucis, la richesse et les plaisirs de la vie, et ne parviennent pas à maturité.
Et ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont les gens qui ont entendu la Parole dans un cœur bon et généreux, qui la retiennent et portent du fruit par leur persévérance.
Méditation à partir de la parabole
Trouver un endroit paisible qui sache vous inspirer.
Prendre une position détendue, empreinte de respect, propice à vous garder en éveil.
Être attentif à ce qui se passe tout autour :
- Je prends contact, avec sympathie, avec le lieu où je me trouve.
- Je ferme les yeux ou porte mon regard sans tension sur un point fixe.
- Je prête l’oreille aux différents sons, je note les odeurs. J’accepte toutes ces réalités avec sérénité.
- Je sens mon corps, la chaise et le sol.
- Je me mets à l’écoute de ma respiration.
- Je me sens enraciné. Je me sens chez moi.
L’amour de Dieu à mon égard
Je tourne maintenant mon regard vers Dieu :
- J’imagine le Seigneur qui me regarde avec amour et joie. « Dieu est Amour » (1 Jn 4,8b).
Sa présence est aimante et attentive. Son amour est gratuit et créateur. - Je me laisse baigner et pacifier par ce regard à qui je dois tout.
- Étonnante et merveilleuse révélation : cet « Autre » est plus intime à moi-même que moi-même et il m’aime infiniment plus que moi-même.
- J’exprime mon profond respect et ma profonde reconnaissance à Dieu pour son amour à mon égard.
- Dieu désire pour moi ce qu’il y a de meilleur. « Demandez, et vous recevrez : ainsi votre joie sera parfaite. » (Jn 16,24b)
- Je n’hésite pas à demander à Dieu la grâce particulière que je souhaite recevoir dans ma méditation.
Voici quelques exemples de demandes : porter plus de fruit, découvrir avec plus de profondeur l’amour de Dieu à mon égard, vivre en union intime avec Dieu, me réconcilier avec mon histoire, avoir la force de surmonter telle ou telle tentation, etc.
La rencontre de Jésus
Je m’imagine parmi la foule qui entoure Jésus alors qu’il enseigne depuis une barque, près du rivage :
- Le soleil brille. Le vent caresse mes cheveux.
- Les gens écoutent attentivement Jésus. Comme eux, je suis fasciné par ce qui se dégage de lui.
- Après avoir fini de raconter la parabole du semeur, Jésus met pied à terre et va à la rencontre de chacun pour déposer quelques graines dans leurs mains.
Et voici Jésus qui se tient maintenant devant moi :
- Il me regarde attentivement, sans jugement, avec le même amour que Dieu.
- Je sens qu’il m’estime et me fait confiance, et ce, malgré toutes mes imperfections ou mes faux pas, passés ou présents.
- Jésus me fait don de cinq graines qu’il dépose délicatement dans une de mes mains.
Suite à ce moment unique, je me retire dans un endroit tranquille afin de méditer sur ce qui vient de se passer :
- Le souvenir du regard de Jésus remplit encore mon cœur d’étonnement.
- Il est vrai qu’il m’a regardé comme personne ne l’avait fait auparavant.
- Je prends le temps de goûter la chaleur et la profondeur de ce regard empreint de bonté.
La première semence
Au bout d’un moment, je prends l’une des graines et la jette sur le chemin.
L’histoire d’un instant, cette fragile semence est dévorée par un oiseau.
Je me mets à l’écoute de ce que je ressens.
Ensuite, je prends le temps de répondre à l’une ou l’autre de ces questions :
- Qu’est-ce qui dans ma vie m’a été arraché avant d’avoir pu porter du fruit? Qu’est-ce qui m’a été dérobé dès le début?
- Qu’est-ce qui a manqué concrètement dans ma vie?
- Quelles possibilités m’ont été complètement refusées?
- Comment est-ce que je vis ces expériences? Comment est-ce que je les intègre?
Quand je pense avoir épuisé le sujet, je prends une autre semence.
La deuxième semence
Cette fois-ci, je jette la semence sur un sol rocailleux où il y a peu de terre.
Je remarque que la plante pousse, mais sous la brûlure du soleil, elle vient vite à se dessécher rapidement pour ensuite périr.
Je me mets à l’écoute de ce que je ressens.
Ensuite, je prends le temps de répondre à l’une ou l’autre de ces questions :
- Qu’est-ce qui dans ma vie s’est flétri trop tôt?
- Qu’est-ce qui dans ma vie s’est avéré trop superficiel, sans racines?
- Quelles sont mes impressions aujourd’hui par rapport à tout cela?
- Comment ai-je intégré ces déceptions?
Quand je pense avoir épuisé le sujet, je prends une autre semence.
La troisième semence
Cette fois-ci, je jette la semence sur un sol parsemé de mauvaises herbes.
Je vois ma semence prendre racine et grandir, mais la mauvaise herbe grandit plus vite encore, privant ainsi la jeune pousse d’air et de lumière.
Bientôt la jeune pousse s’étouffe et meurt.
Je me mets à l’écoute de ce que je ressens.
Ensuite, je prends le temps de répondre à l’une ou l’autre de ces questions :
- Qu’est-ce qui n’a jamais atteint le développement qu’on en attendait?
- Qu’est-ce qui dans ma vie n’a pas pu parvenir à maturité, parce que « les soucis, la richesse ou les faux plaisirs de la vie » (Lc 8,14) l’ont étouffée?
- À quoi ressemblent, dans ma vie, ces mauvaises herbes étouffantes?
- Comment est-ce que je m’y prends avec elles?
Quand je pense avoir épuisé le sujet, je prends une autre semence.
La quatrième semence
Cette fois-ci, je jette la semence sur un terrain fertile.
Je la regarde grandir, devenir vigoureuse et porter beaucoup de fruits.
Je me mets à l’écoute de ce que je ressens.
Ensuite, je prends le temps de répondre à l’une ou l’autre de ces questions :
- Qu’est-ce qui dans ma vie a été réellement fécond?
- Qu’est-ce qui a favorisé cette croissance?
- Je prends le temps de remercier Dieu « qui donne la croissance » (1 Co 3,7) et qui est à l’œuvre dans ma vie.
La cinquième et dernière semence
Il me reste encore une graine.
Je la touche délicatement avec grand respect, conscient de son énorme potentiel comme de sa fragilité.
Ce cadeau de Dieu m’est confié.
Cette dernière semence contient tout mon avenir, tous mes espoirs et tout ce qui donnera sens à ma vie.
Je considère maintenant la période de ma vie que j’ai devant moi. Ce temps précieux m’est donné.
J’ai le désir d’être fécond, avec l’aide de Dieu.
Je réfléchis à ce que je veux faire du reste de ma vie, pour autant que cela dépend de moi.
Des expériences que j’ai faites avec les quatre autres semences, j’ai certes beaucoup appris.
Je dispose d’une sagesse qui saura me guider dans mes choix futurs.
Je prie le Seigneur de me donner sa lumière, son amour et sa force.
Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
(Jn 15,4-5)
Quand j’y vois suffisamment clair, je m’entretiens encore une fois avec Jésus.
Je lui offre ma décision et lui demande de la bénir.
Alors, sous le regard de Jésus, je lance ma dernière semence.