Le mystère de la Nativité? C’est la révélation d’un Dieu humble, d’un Dieu fragile et d’un Dieu caché. Une naissance tellement effacée qu’elle pourrait passer inaperçue. Et pourquoi une telle naissance? Parce que la toute-puissance du Dieu révélée dans l’Évangile est une toute-puissance d’amour et de compassion.
Cette courte réflexion sur le mystère de Noël est tirée d’une conférence donnée par le Père Henri Boulad s.j. intitulée « Où est Dieu quand je souffre? ». Une conférence qui fait plus de 9 pages. Le langage parlé a été quelque peu modifié dans le présent article en plus de quelques ajouts. Cependant, nous croyons avoir été fidèle à ce qui a été exprimé par le Père Boulad sur le sens de Noël en lien avec la souffrance et la fragilité de Dieu.
Dans le troisième mystère du Rosaire, nous demandons la grâce du « détachement des biens temporels », bref d’un « esprit de pauvreté », nous rappelant que la naissance de Jésus n’a pas eu lieu dans le confort et la richesse.
« Et elle mit au monde son fils premier-né; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. » (Lc 2,7)
Étonnante nativité de la part du « Très Haut », comme il est dit de Dieu à maintes reprises dans l’Ancien Testament.
Le mystère de la Nativité? C’est la révélation d’un Dieu humble, d’un Dieu fragile et d’un Dieu caché.
Une naissance tellement effacée qu’elle pourrait passer inaperçue.
Et pourquoi une telle naissance? Parce que la toute-puissance du Dieu révélée dans l’Évangile est une toute-puissance d’amour.
Comme l’affirme le Père Henri Boulad s.j, :
« Noël? C’est Dieu qui disparaît en quelque sorte. Et en disparaissant, Il envahit tout. »
En acceptant de ne pas apparaître, d’être un « pur dedans » pour employer une expression chère à Maurice Zundel, Dieu devient le Tout de tout, à la racine de l’être. Et c’est aussi cela Noël.
En disparaissant, en se faisant mendiant, en devenant le dernier des derniers, Dieu révèle sa nature profonde.
Dans l’Enfant de Bethléem, nous avons la révélation ultime de Dieu. Et voici le signe des signes :
« Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » (Lc 2,12)
Noël, c’est Dieu qui se fait enfant. C’est le Dieu fragile. C’est le Dieu qui ne peut pas se défendre. C’est le Dieu qui peut être victime de l’être humain.
Et c’est là qu’un homme comme Maurice Zundel, qui est un des pionniers de la théologie contemporaine, « un génie de mystique, écrivain et théologien, et tout cela fondu en un, avec des fulgurations », comme l’avait affirmé son ami et pape Paul VI, qui l’invita en 1972 pour prêcher une retraite de carême au Vatican…
… eh bien, Maurice Zundel ne conçoit pas un autre Dieu que le Dieu fragile, un Dieu qui étonnamment, peut être victime.
Et Zundel a cette phrase :
« Si Albert Camus avait pu identifier le mal avec ce piétinement de Dieu, il aurait accepté, je pense, d’y voir en effet la seule réponse possible : c’est Dieu qui est victime, c’est Dieu qui meurt, c’est Dieu qu’il faut sauver. Dieu victime du mal et non pas auteur du mal. »
Et de fait, l’Incarnation que nous célébrons à Noël, n’est que le début d’une aventure qui mènera à la croix.
Comme l’affirme le Père Boulad, si Jésus n’est pas mort sur la croix, si Dieu n’est pas mort sur la croix, toute une part de l’existence et du réel Lui échappe.
Il fallait que Dieu envahisse la mort, envahisse la souffrance et la vive pour être le Dieu-Amour qu’il prétend être.
Si Dieu est Amour, Il est également souffrance parce qu’il est compassion.
« Pâtir avec, souffrir avec, compassion, empathie, sympathie » sont tous des synonymes.
Si Dieu a mis dans le cœur de l’homme et de la femme, de la mère et du père, le sens de la compassion et s’Il n’est pas, Lui, compassion, alors qu’est-ce qu’Il est?
Si bien que, quand l’homme souffre, Dieu souffre avec lui et en lui. Il souffre sa souffrance et… beaucoup plus que lui.
Noël? C’est l’étonnante révélation d’un Dieu humble, fragile et remis en nos mains :
« Car j’avais faim… j’avais soif… j’étais un étranger… j’étais nu… j’étais malade… j’étais en prison… Amen je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (À partir de Mt 25, 35-40)