François de Sales nous invite à méditer l’évangile chaque matin afin d’apprendre les manières d’être de Jésus et ainsi lui devenir semblable. Sentiments et résolutions sont les grands fruits de cette forme de méditation (oraison).
Cet article a été rédigé à partir de l’ouvrage « Introduction à la vie dévote » (p. 65-82) de Saint François de Sales, texte intégral révisé et présenté par Etienne-Marie Lajeunie, o.p., Éditions du Seuil, 1962, Collection Livres de vie, 320 p.
« C’est au cours de l’année 1608 que l’évêque de Genève, François de Sales, âgé de 41 ans et prêtre depuis 15 ans, a écrit son œuvre la plus connue, l’Introduction à la vie dévote. Cet ouvrage était destiné à des laïcs ne se destinant pas à la vie religieuse, et il avait pour but principal de montrer qu’il est possible de mener une vie sainte tout en vivant dans le monde. » (tiré de Wikipédia)
À sa manière, François de Sales fut un précurseur du concile Vatican II.
Introduction
Afin de vivre une vie enracinée qui puise à même son cœur profond, il importe de se ressourcer.
Saint François de Sales recommandait un temps de méditation matinal afin de faire grandir la vie de charité, et ce, en favorisant la pratique concrète de l’évangile.
Il s’agit de se reconnecter chaque matin avec l’Esprit qui nous habite afin de vivre sa journée à partir de ce centre.
Le présent article se propose de tracer les grands traits de la méditation (oraison) préconisée par François de Sales.
Mentionnons que ses conseils ont été quelque peu adaptés pour le monde d’aujourd’hui.
Pourquoi une méditation à partir de l’évangile?
François de Sales répondrait tout simplement que c’est pour apprendre les manières d’être de Jésus et ainsi lui devenir semblable.
« Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie » (Jn 8,12)
En observant les paroles et actions de Jésus, nous apprenons, moyennant sa grâce, à parler, faire et vouloir comme lui, et ce, de manière créatrice pour le monde d’aujourd’hui.
Mentionnons qu’il est aisé de se procurer l’évangile du jour en se référant à l’excellent site « Association Épiscopale Liturgique pour les pays Francophones » (AELF). Il est possible de recevoir gratuitement les lectures du jour par voie de courriel.
Voici les grands axes de la méditation selon François de Sales :
- Préparation
- Invocation
- Imagination
- Réflexion
- Sentiments et affections
- Résolutions
- Conclusion
Préparation
Fermer les yeux, faire silence et prendre conscience que Dieu m’habite, à la source de mon être.
Il est la « vie de ma vie », le « cœur de mon cœur », « l’esprit de mon esprit ».
« Car c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17,28a)
Être reconnaissant à l’endroit de cette Présence qui désire me donner la « vie en abondance ». (Jn 10,10b)
Considérer que cette journée m’est donnée pour bâtir quelque chose de grand, de beau et de bien.
Invocation
Demander à la divine Bonté de m’éclairer dans la méditation que je me propose de faire.
Demander à l’Esprit qu’il m’inspire et qu’il me communique les sentiments de Jésus.
Je peux réciter un Notre Père et un Ave Maria de manière sentie.
Je peux évoquer un saint que j’affectionne tout particulièrement.
Imagination
Faire une première lecture attentive de l’évangile du jour.
Maintenant que je suis informé du thème de l’évangile, faire appel à mon imagination afin de faire comme si j’étais présent à la scène évoquée, comme si cela se passait réellement en ma présence.
Par exemple, au sermon sur la montagne, je pourrais m’imaginer assis sur l’herbe à écouter Jésus et peut-être croiser le regard aimant que Jésus pose sur moi alors qu’il parle à la foule.
Relire lentement l’évangile en faisant appel à mon imagination.
Réflexion
L’oraison est une forme de méditation dans laquelle le cœur a plus de part que l’esprit.
De pair avec son imagination, il convient de réfléchir sur ce qui se dégage de l’évangile dans le but d’être touché, de grandir dans l’amour de Dieu ou de devenir sensible à telle ou telle réalité spirituelle.
Il n’y a pas de recette, l’important étant de réfléchir dans le but d’émouvoir le cœur.
Une fois que l’on est touché par une réalité, on s’y arrête et l’on y goûte, à l’instar d’une abeille qui après s’être déposée sur une fleur, ne la quitte point avant d’en avoir extrait tout le suc.
À titre d’exemple, en écoutant la parabole de la brebis jadis perdue et retrouvée, je peux m’identifier à elle et me réjouir de ce que ma vie change en mieux.
Autre exemple, je peux converser avec Jésus ou à des personnes présentes à la scène relatée dans l’évangile, les interroger et me mettre à l’écoute de leurs paroles.
Sentiments et affections
La méditation à partir de l’évangile est propice à toucher mon cœur et à retrouver mon âme.
Je sentirai peut-être que mon amour de Dieu et de mon prochain s’accroît, que j’ai le désir de m’améliorer ou de développer tel talent, que je veux ressembler encore plus au Christ, que je suis touché par la miséricorde de Dieu, que je désire rompre avec une mauvaise habitude, que je veux vivre une meilleure vie, que je désire aider telle personne ou apporter telle contribution, etc.
Je dois m’abandonner à ces « bons » sentiments (bon… car ils vont dans le sens de ce qui est bien) et les dilater le plus possible afin qu’ils s’accroissent en moi.
Résolutions
François de Sales souligne l’importance que les affections soient converties, de manière créatrice, en résolutions particulières.
C’est un incontournable à effectuer en fin de méditation.
Si par exemple, je suis ému par la conversion de Zachée et que j’ai le goût de faire de même, je ne m’en tiendrai pas uniquement au bon sentiment, mais je ferai preuve de créativité afin de poser un geste concret.
C’est le passage de l’affection …
- … à une vie de charité
- … à la conversion de ma personne
- … à la transformation du monde
- … à l’aide de mes proches
- … à une implication sociale et même politique
Une méditation ne doit pas en rester sur le plan des sentiments, mais elle doit conduire à une pratique concrète de la vie chrétienne.
Dieu a besoin de moi et il m’est confié dans la vie des autres comme dans la mienne. (Maurice Zundel)
Je peux établir un dialogue intérieur avec le Seigneur à propos de ce que je projette de faire.
Je peux également converser avec mon cœur, un saint qui m’est cher ou avec une personne décédée que j’affectionne et qui m’inspire tout particulièrement.
Il importe de veiller à pratiquer soigneusement ce que j’ai décidé et être le plus spécifique possible.
De plus, il est bon jeter un bref coup d’œil sur la journée qui vient, et si, par hasard, je prévois rencontrer quelques difficultés toutes particulières, me disposer à bien vivre ces défis.
Conclusion
Je peux conclure mon temps de méditation de la manière suivante :
- Remercier le Seigneur pour mes sentiments et résolutions et lui demander son aide afin de bien vivre ma journée.
- Demander l’aide de l’Esprit Saint et de la Vierge Marie afin de bien vivre ma journée.
- Évoquer un saint que j’affectionne tout particulièrement.
- Réciter, de manière sentie, un Notre Père et un Ave Maria.
Autre point…
François de Sales utilise l’exemple de personnes qui après s’être promenées dans un jardin de fleurs, aiment cueillir quelques-unes afin de les garder, de les contempler et de les humer.
Dans la même foulée, en fin de méditation, il s’agit de cueillir 1 à 3 points que j’ai trouvés le plus à mon goût et qui sont propres à mon avancement.
Finalement, il est bon de passer tout doucement de la méditation à sa vie personnelle (ou professionnelle) en veillant à garder soigneusement les sentiments et résolutions, fruits de la méditation.
Quelques considérations particulières
Quand on est ému
L’oraison étant une forme de méditation dans laquelle le cœur a plus de part que l’esprit, il faut savoir recevoir les affections venant du Saint-Esprit lorsqu’elles se présentent à soi et leur faire place, et ce, qu’elles arrivent avant, après ou même indépendamment de la réflexion.
Comme disait Blaise Pascal, « Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît point. C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi : Dieu sensible au cœur, non à la raison. »
Si par exemple notre cœur nous porte à l’action de grâces, la demande, l’offrande ou à goûter telle réalité, et ce, à n’importe quel moment de la méditation, il faut savoir se laisser porter par ce qui nous touche.
Soulignons que la méditation n’est pas une réflexion de type théologique qui consiste en une intelligence de la foi. Sa vocation est autre. Elle vise tout particulièrement à toucher le cœur.
En temps de sécheresse
Il arrive de connaître des temps où rien ne se passe, côté cœur.
C’est normal et même purificateur.
Être là avec le Seigneur, en sa présence, lui faire don de ce temps, même si le cœur ne semble pas au rendez-vous.
Je peux alors faire usage de paroles vocales ou m’aider par une lecture spirituelle particulièrement inspirante.
Savoir demeurer en présence du Seigneur, sachant qu’il est capable de me transformer au-delà de ce que je peux penser ou ressentir.
En fin après-midi
Il est bon d’attiser le feu de la méditation du matin en milieu de journée en prenant un petit temps d’arrêt où l’on ramasse son esprit auprès de Jésus-Christ et de son Esprit.
Renouer avec les points que j’ai le plus savourés dans la méditation du matin.