Comment catéchiser aujourd’hui au Québec? Question cruciale qui a été le sujet d’un colloque sur les pratiques catéchétiques.
Les pratiques catéchétiques : quatre lignes de force
Comment catéchiser aujourd’hui au Québec? Question cruciale qui a été le sujet d’un colloque sur les pratiques catéchétiques organisé par la Faculté de théologie de l’Université de Montréal en février 2004, dans le cadre du 125e anniversaire de fondation de cette institution.
Résultats d’enquête, analyses, conférences, tables rondes, ateliers et plénières se sont succédés pendant 3 jours pour plus de 250 participants.
La catéchèse est en pleine mutation entre des pratiques bien établies, centrées pour la plupart sur l’initiation sacramentelle des enfants, et des ébauches d’activités davantage aptes à former tous les croyants à la vie chrétienne. Ce passage vers la formation à la vie chrétienne est, de l’avis de tous, nécessaire.
Quatre lignes de force se dégagent de ce colloque :
- le cœur de l’Évangile;
- l’inculturation;
- la rencontre;
- un large éventail.
Voyons plus de plus près…
Le cœur de l’Évangile
La première ligne de force est de mettre au centre de toute activité catéchétique la rencontre de Jésus. Trop souvent, les activités catéchétiques se contentent de présenter un Dieu dont la principale fonction est d’être présent et consolant dans la vie des gens.
Tout en s’appuyant sur cette expérience, l’activité catéchétique devrait aussi présenter la conversion à Jésus crucifié et ressuscité comme « chemin, vérité et vie » de l’être humain. La catéchèse plonge ainsi au cœur de l’Évangile.
L’inculturation
La seconde est d’incarner toute pratique catéchétique dans la culture du Québec actuel. Une donnée majeure de cette démarche est la menace de déshumanisation qui pèse actuellement sur l’être humain. Le catéchète prend d’abord conscience de ces chaînes (de pensée, de tradition, de comportements) qui emprisonnent le Québécois et la demande de libération qu’il porte.
Le catéchète pourra mieux offrir l’Évangile de Jésus comme chemin d’humanisation et de salut. Son activité ne sera donc plus générale mais vraiment enracinée dans un terrain réel.
La rencontre
Dans le même ordre, la troisième est de prendre en considération les personnes qui veulent être catéchisées. Pourquoi en effet bâtir des activités catéchétiques qui répondent à des questions que les gens ne se posent pas?
Les catéchètes, s’ils veulent témoigner du Christ de manière pertinente, doivent se mettre à l’écoute des préoccupations, des désirs, des besoins des gens d’aujourd’hui. Cette écoute doit se doubler d’un dialogue au cours duquel la foi en Dieu pourra être proposée dans le respect de la liberté du catéchisé. L’activité catéchétique devient rencontre authentique avec l’autre.
Un large éventail
La quatrième est de présenter des activités variées. Il est terminé le temps où tout enfant ou tout adulte suivait un unique programme entièrement déterminé d’avance. En fait, si la tendance se maintient au Québec, nulle part vous trouverez un modèle unique de catéchèse mais plutôt une pluralité de modèles, d’activités et d’instruments catéchétiques.
Cette situation est inévitable voire souhaitable car pour des publics variés (enfants, jeunes, adultes, aînés, recommençants, nouveaux convertis, catholiques de tradition, allophones.) il faut des propositions variées.
Plus les activités catéchétiques seront diversifiées et personnalisées plus les catéchisés y trouveront leur compte; plus elles seront ajustées aux catéchisés plus la mission évangélisatrice de l’Église atteindra son but.
Des pistes à explorer
Ce colloque n’a certes pas épuisé la question des nouvelles pratiques catéchétiques; pour que celles-ci forment des croyants, il importe aussi de réfléchir sur le rôle de la communauté chrétienne, sur la place de la liturgie et sur une juste conception de l’initiation chrétienne.
Cette mutation de la catéchèse ne se limite pas à la construction de nouveaux instruments, elle affecte toute la formation à la vie chrétienne.
Ce bouillonnement de la catéchèse ne devrait effrayer personne. Au contraire, j’y vois et entends un appel à la créativité pour tous les passionnés de l’éducation chrétienne, soutenus et guidés qu’ils sont par l’Esprit de Dieu.