Les sacrements de confirmation et du baptême sont intimement liés et forment un tout, l’un venant confirmer l’autre. Si la tradition les a distingués, c’est que chacun célèbre à sa manière une dimension fondamentale de l’expérience croyante : être chrétien et agir en chrétien.
Drôle de vocabulaire
Célébrer sa confirmation, être confirmé… Drôle de vocabulaire! Le verbe « confirmer » a pourtant un sens précis, celui de « rendre certain », celui d’assurer qu’une chose est vraie ou qu’elle aura lieu. Qui n’a pas déjà confirmé un rendez-vous?
Et voilà que l’Église en fait un sacrement qui n’a pourtant rien à voir avec nos agendas. Bien plus, il est amusant et même cocasse de penser que dans le milieu équestre on « confirme un cheval », eh oui, en achevant son dressage. Il est alors prêt à affronter la compétition. Comme quoi l’opération « confirmation », peu importe le domaine, n’a en soi rien de banal.
Confirmer son baptême
En ce qui nous concerne, la démarche consiste à « rendre certain », à rendre plus évident, à corroborer une réalité qui est déjà là. Une réalité tout de même particulière, car il s’agit du baptême.
Et plus précisément, il s’agit d’affermir le baptisé en confirmant la présence de l’Esprit Saint accueilli au baptême. En fait quand un évêque ou son délégué célèbre la confirmation, il confirme l’expérience baptismale. Il la rend plus certaine, plus évidente particulièrement dans ses conséquences.
Confirmer une option
En ce sens, la démarche est d’ailleurs particulièrement significative quand le baptême a été célébré à un âge où il ne permettait pas d’en assumer soi-même le choix, comme c’est le cas avec les tout-petits.
Un grand ado, ou un adulte qui demande à ce que soit confirmée dans sa vie une démarche qui ne pouvait être la sienne parce qu’il était trop jeune, pose alors un geste qui a tout son sens. La pratique de l’église catholique, qui célèbre en deux sacrements et généralement en deux étapes bien précises, le baptême et sa confirmation, se trouve ainsi justifiée.
Par ailleurs, il est bon de savoir qu’entrant dans une autre dynamique – tout aussi riche – nos frères orthodoxes ont une pratique très différente. Ils célèbrent les sacrements d’initiation à la vie chrétienne « baptême-confirmation-eucharistie » dans un même mouvement, au cours d’une même cérémonie et cela, tant pour les petits que pour les adultes.
Se dire chrétien
Ces distinctions peuvent paraître un peu subtiles, mais ne sont pas sans importance. Elles invitent à porter un regard d’ensemble sur les sacrements nous donnant d’entrer plus avant dans leur compréhension.
C’est ainsi que la mise en rapport du baptême avec la confirmation permet de mieux saisir que sa fonction première est de nous incorporer au Christ et à l’Église. Il fait de nous officiellement des « membres en règle ». C’est pourquoi, techniquement, tout baptisé peut se dire chrétien ou chrétienne.
Vivre en chrétien
Mais il y a toute une marge entre se dire chrétien et vivre en chrétien. C’est sur ce terrain que devient plus évidente la différence entre un baptisé et un baptisé-confirmé. La confirmation ne donne pas un diplôme permettant d’être parrain ou marraine ou de se marier à l’église.
Le baptisé-confirmé est celui ou celle qui accueille en son cœur de façon toute particulière le don de l’Esprit et cela avec un objectif bien précis.
L’Esprit reçu à la confirmation rend responsable, rend capable de s’approprier sa foi, d’agir davantage en chrétien et de poser des gestes à saveur d’Évangile. Bref, en principe du moins, le baptisé-confirmé a ce qu’il faut pour vivre en chrétien.
Dans l’Église primitive
Être et agir
Cette distinction qui invite à célébrer son adhésion au Christ au moyen de deux sacrements et en deux temps bien distincts, a tout de même une histoire et se fonde sur l’observation de faits vécus aux premières heures de l’Église.
On a très tôt compris que si le baptême donne d’accéder à une vie nouvelle, le don de l’Esprit qui l’accompagne rend apte à en devenir témoin.
Si le baptême semble se situer du côté de l’être, la confirmation oriente plutôt vers l’agir, mettant en évidence deux facettes indissociables d’une même réalité.
Le baptême d’un Éthiopien
En ce sens, quelques aventures consignées dans le Livre des Actes sont révélatrices. Un jour, Philippe ayant baptisé un Éthiopien (un eunuque, précise Luc), le récit donne ce détail : « … étant remonté de l’eau l’Esprit Saint tomba sur lui » et « il poursuivit sa route tout joyeux » (Ac 8,39).
Le don de l’Esprit vient ici, compléter dans un deuxième temps le baptême vécu dans un premier temps. Il suscite un comportement nouveau.
Une situation « inverse »
La situation inverse a aussi été observée. Saint Luc relate qu’un jour, Pierre constate avec stupéfaction que des païens non encore baptisés ont reçu le don du Saint Esprit. De toute évidence, l’Esprit agit à travers eux. Ils se comportent et agissent comme des baptisés.
Pierre alors de conclure : « Peut-on refuser l’eau du baptême à ceux qui ont reçu l’Esprit Saint aussi bien que nous » (Ac 10:47). Alors l’Apôtre les incorpore au Christ et à la communauté de l’Église par le bain d’eau, inversant la séquence établie et déjà ritualisée.
Certes l’Esprit les a devancés, mais le phénomène observé ne rend que plus évidentes les deux dimensions évoquées : être chrétien et vivre en chrétien.
Tout ce vécu ne pouvait qu’inspirer les choix pastoraux et la pratique de l’Église primitive. Il en sera de même par la suite.
Vivre sa foi au quotidien
Célébrer la confirmation de son baptême, célébrer sa confirmation, être confirmé, c’est donc donner vie à la foi reçue au baptême. C’est l’affermir, la mettre en pratique.
C’est accepter aussi de la prendre en main et d’en assumer les exigences comme le jeune Éthiopien baptisé par Philippe. Fort de l’Esprit Saint « il poursuit sa route tout joyeux ».
Demander à confirmer son baptême, c’est choisir de vivre joyeusement sa foi au quotidien.