L’Institut de Pastorale des Dominicains de Montréal anime une table de réflexion sur l’initiation chrétienne et l’éducation de la foi (TRICEF). Les participants ont été invités à formuler 5 essentiels en catéchèse. Sylvie Paquette Lessard chargée de recherche à la Chaire Christianisme et transmission, FTSR, de l’Université de Montréal, nous partage les siens et les commente.
Les essentiels proprement dits
Le premier rôle de la catéchèse est de mettre en place les conditions favorisant le surgissement d’une relation personnelle et intime entre la personne catéchisée et Jésus, Christ.
La catéchèse est le lieu de développement de l’autonomie spirituelle et religieuse à partir duquel les sujets sont graduellement en mesure de s’exercer au discernement personnel et à la liberté intérieure sous la mouvance de l’Esprit, dans toutes les facettes de leur existence.
La catéchèse n’est pas d’abord une préparation à la réception des sacrements, mais s’envisage plutôt comme un processus permanent de croissance dans la foi, un parcours jalonné d’étapes sacramentelles.
Une question essentielle : À quelle Église, à quelles communautés introduisons-nous les nouveaux chrétiens et les recommençants ?
Quelques réflexions à propos de ces essentiels
Les adultes d’abord…
En lisant ces essentiels, on constatera aisément que ma préoccupation catéchétique est d’abord tournée vers les adultes.
Non que je sois hostile au fait de catéchiser les enfants, mais si ces derniers ne trouvent pas de soutien de foi chez les adultes qui les entourent au quotidien, auprès de qui trouveront-ils la motivation à poursuivre leur propre cheminement?
Les adultes donc, qui trouveront un intérêt à ressourcer en permanence leur vie chrétienne s’ils peuvent y développer une relation personnelle avec Jésus, le Christ, qui donnera sens à leur existence. L’éclosion d’une telle relation ne dépend pas de nous, mais les intervenants en catéchèse doivent savoir créer l’espace pour que la rencontre advienne : un espace où la Parole et la personne de Jésus sont premiers.
Grandir dans la liberté intérieure
Il me semble tout aussi important, pour tous mais surtout lorsqu’on s’adresse à des adultes, d’initier au discernement et à la liberté intérieure, à la suite de Jésus, l’homme libre par excellence.
Pour le chrétien ou la chrétienne, la liberté intérieure n’est pas une option : c’est une exigence évangélique qui nous pousse à discerner constamment le souffle de l’Esprit dans le quotidien de nos vies : « Qu’est-ce que Jésus ferait à ma place? »
Aucune règle, aucune loi ni institution ne peut faire cet effort à la place de celui ou celle qui veut marcher à la suite du Christ. L’Église doit prendre le risque d’inviter à la liberté sous la mouvance de l’Esprit.
Accompagner les personnes en quête de sens
La catéchèse a trop longtemps été confinée aux enfants et à la préparation aux sacrements. Les intervenants en conviennent mais, sur le terrain, là sont encore le gros des investissements. Les sacrements sont des temps forts, certes, mais le propre des temps forts est leur caractère exceptionnel.
Il me semble qu’il faut, à partir de ce qui se vit, s’engager courageusement sur le terrain neuf et moins connu de l’accompagnement des hommes et des femmes en quête de sens dans leur vie, avec tous les enjeux auxquels ils et elles font face.
Comment le passage d’une Église de chrétienté à une Église missionnaire se traduit-il concrètement dans nos agendas et dans le déploiement de nos ressources pastorales?
Faire évoluer l’Église que nous aimons
Et une dernière question, et non la moindre… Combien de gens rencontrons-nous qui nous disent : « La foi, Dieu, Jésus, oui. Mais l’Église… »
Celle-ci n’est pas la seule institution en crise dans notre société : elle a de la compagnie! Mais il faut se questionner : à quelle Église introduisons-nous les personnes qui frappent à nos portes?
Aurions-nous le goût d’y entrer? Comment, au niveau de nos organisations paroissiales et diocésaines, mettons-nous en œuvre une véritable communion évangélique où toutes et tous sont véritablement égaux? Cherchons-nous à faire évoluer pas à pas cette Église que nous aimons, afin que son visage soit toujours plus cohérent avec ce qu’elle professe?
En conclusion
Ce sont là des convictions et des questions dérangeantes. Mais l’Esprit du Ressuscité nous souffle d’aller à la rencontre de notre monde de manière renouvelée et audacieuse et nous pouvons répondre à son appel… parce qu’Il nous précède.