Tiré des pages 241-242 de « Croire pour une redécouverte de la foi » par Th. Rey-Mermet, c.ss.r., Droguet & Ardant, 1981, 488 p.
« L’Amour est plus fort que la Mort; ses traits de feu sont une flamme de Dieu : les grandes eaux ne peuvent éteindre l’Amour, ni les fleuves le submerger » (Cant 8,6-7)
Les « grandes eaux », dans la pensée biblique, c’est la mer « au péril mortel » (Ps 69,3) dont le fond est censé être « voisin des Enfers » (Jonas 2,6); c’est le symbole du Grand Abîme, la Mort.
Eh bien, « la Mort ne peut submerger l’Amour ».
Exagération lyrique? Non : c’est Dieu qui parle en ce poème inspiré.
Et chacun de nous éprouve cette réalité centrale de l’amour : l’amour exige de ne jamais finir.
« Dire à quelqu’un : Je t’aime, c’est lui dire : Toi, tu ne mourras pas » (Gabriel Marcel)
Or, cet appel d’infini qui est au cœur de tout amour, il est tragiquement irréalisable.
Comme un désir fou de marcher quand on est sans jambes, – ou de voler quand on n’a pas d’ailes… L’amour exige l’infini, mais il ne peut le donner; il revendique l’éternité, mais il appartient au monde de la mort.
C’est à partir de cette contradiction déchirante que l’on peut comprendre ce que signifie la « Résurrection ».
La vie est un non-sens si la mort l’abolit; l’amour est un supplice et une dérision si la mort en détruit l’objet. Autrement dit : si la vie et l’amour ne sont pas des illusions, c’est que la mort sera détruite, c’est que la mort ne peut qu’être détruite.