Cinquième d’une série de cinq, celle capsule invite à porter un regard neuf sur l’espace intérieur de nos églises. Cet espace s’est modifié avec les siècles. Son aménagement intérieur a évolué en fonction de la compréhension des mystères qui s’y célèbrent. Si nos lieux de cultes se sont transformés même dans un passé récent, ils peuvent encore être appelés à le faire.
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Texte
En évoquant soit l’histoire, soit les éléments principaux qui caractérisent un lieu de culte, je cherche à comprendre un peu mieux ces églises qui accueillent l’Église.
On se rend compte alors facilement que nos lieux de culte se sont transformés en fonction des recherches architecturales, mais aussi en fonction de la compréhension que l’on a des liturgies qui s’y vivent. Et ici la leçon est très importante parce qu’elle nous dit que ces lieux peuvent encore évoluer et se transformer.
Les recherches et les travaux des artisans du Mouvement liturgique d’après-guerre, auront tracé la voie à Vatican II. Ils ont donné des assises palpables à sa réflexion sur l’Église et au visage qu’elle se donne lorsqu’elle se retrouve, l’assemblée liturgique devenant une icône privilégiée du peuple de Dieu. On comprend facilement que l’assemblée soit au cœur de sa compréhension de la liturgie.
Par ailleurs, dans ce qu’on appelle la constitution Sacrosantum concilium, ce grand document – le premier d’ailleurs – que le Concile Vatican II a donné et qui invite toute l’Église à restaurer la liturgie, nulle part il n’est précisé qu’il fallait célébrer versus populum, c’est-à-dire face au peuple ou encore redéfinir la configuration de l’assemblée, comme au temps des origines. En fait un seul mot apparaît, un maître mot, celui de participation affirmant haut et fort qu’une assemblée n’est plus une assistance.
L’assemblée n’assiste plus, elle participe. C’est fort de cette reconnaissance que les études historiques, théologiques, archéologiques même, qu’invite à faire les pères conciliaires ne pouvaient qu’obliger les regards à converger dans cette direction.
Concrètement, architectes, liturgistes, designers et théologiens se sont mis à la besogne. Ils cherchent à mieux comprendre et à mieux définir l’espace liturgique. Ils travaillent à concevoir des dispositifs qui permettent une conjonction optimale entre les pôles liturgiques et l’assemblée.
À titre d’exemple, de belles réussites exploitent la création d’espaces structurés autour de deux foyers, appelés pour ce motif, elliptiques. Plus techniquement on parle d’un dispositif antiphonal ellipsoïdal. En dessinant une ellipse, l’assemblée définit un espace qui permet d’y disposer se faisant face, l’ambon et l’autel. Les deux pôles et les deux temps de nos liturgies sont alors inscrits dans l’espace tout comme le primat de l’assemblée.
Pour en voir un bel exemple, vous n’avez qu’à franchir le pont Provencher et à vous rendre à Winnipeg, à l’église Saint-Gianna où l’architecte Michael Boreski a conçu un espace où l’assemblée est première et où chacun des lieux de la liturgie accuse tellement bien leur présence : l’ambon qui nous accueille disant déjà que c’est la Parole qui donne sens à ce lieu et à ce qui s’y vit, l’autel bien au centre à la fois table du partage et lieux et symbole du Christ qui se donne.
De telles réalisations donnent à comprendre que les enjeux sont majeurs. Quand on réfléchit à la liturgie, quand on cherche à lui donner toute sa place, on doit tenir bien en main deux éléments indissociables : l’assemblée et l’espace. Il ne faut pas s’étonner alors que ce type d’approche puisse conduire à d’éventuelles transformations, même majeures, en vue précisément de servir toujours davantage l’assemblée et le mystère qu’elle est invitée à célébrer.