Évangile et inculturation – II

Imprimer

Une Bonne Nouvelle à saveur de vie ?


27 juin 2017


2e article d’une série de 2 – Comment rendre la foi chrétienne intelligible et désirable pour nos contemporains? Une réflexion sur l’action catéchétique dans une culture déterminée.

La Bonne Nouvelle que nous sommes appelés à faire résonner dans les cœurs est un appel à quitter les chemins de mort et à emprunter un chemin de vie. L’Évangile nous appelle à nous appuyer sur le Seigneur afin de libérer en nous notre désir à une vie en plénitude.

Le salut qui guérit

Christ qui guéritNous portons souvent certaines blessures intérieures qui nous empêchent d’être nous-mêmes. Loin de favoriser une culpabilité malsaine, la Bonne Nouvelle offre un chemin de guérison de l’âme par le pardon et la confiance en l’amour inconditionnel de Celui qui a donné sa vie pour que tous aient la vie en abondance.

Son amour est en chacun une force de vie et de résurrection dans le quotidien de l’existence. L’assurance d’être aimé personnellement permet de vivre à un niveau plus essentiel de vérité et de liberté. N’est-ce pas là une nouvelle à saveur de vie?

Comme catéchètes, nous sommes appelés à une nouvelle compréhension du message de Jésus afin de « permettre au pouvoir de l’Évangile de se manifester sous des formes nouvelles et plus compréhensibles » P. Knitter. Nous pourrions ainsi collaborer à l’instauration d’un nouveau modèle de christianisme davantage en contact avec la modernité.

En plus des forces de paix et de vie, la civilisation actuelle porte sans doute en elle-même de nombreuses forces de destruction, de violence et de mort. C’est dans ce contexte que la foi en Jésus Christ permet de croire que ni l’échec, ni la mort ne sont les derniers mots de tout.

Au contraire, elle donne l’espérance que les forces de vie seront finalement victorieuses, dans cette création nouvelle que Dieu nous invite à réaliser avec Lui. C’est à une telle espérance que la Bonne Nouvelle convie l’humanité.

Le témoignage et la culture contemporaine

Comme dans l’Église primitive, le catéchète est d’abord un témoin : « C’est avec une grande force, écrit saint Luc, que les Apôtres portaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et la puissance de la grâce était sur eux tous » (Ac 4,33).

FamilleÀ toutes les époques, le témoignage a été un moyen puissant d’évangélisation. Nos contemporains sont particulièrement sensibles à la rencontre de témoins. Ils sont plus attentifs à l’expérience de foi et à l’authenticité d’un parcours spirituel que préoccupés par la conformité à une doctrine.

C’est d’abord par son témoignage, par sa façon de vivre l’Évangile que le catéchète peut inciter les personnes à faire le choix de se mettre en cheminement vers la découverte du Mystère du Christ et de l’Évangile.

Dans la culture actuelle, c’est donc moins par des enseignements systématiques ou par la transmission de contenus bien articulés que l’on peut susciter des options de foi, mais par le témoignage de chrétiens ou de chrétiennes qui ont fait l’expérience de la rencontre personnelle avec Jésus-Christ et qui sont capables d’en témoigner en paroles et dans leur vie.  C’est là le cœur de l’acte catéchétique. Cela s’applique en priorité pour la catéchèse des jeunes :

« Nos paroles ont plus de chance de rejoindre les personnes si elles viennent de notre cœur plus que de notre tête. Il convient aussi de se faire proche de notre propre expérience de foi et de celle des jeunes.  à propos du langage, il faut se rappeler la force des images qui amorcent ou prolongent une réflexion, un enseignement.  Pour transmettre la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu, Jésus faisait appel aux lys des champs, aux blés mûris par le soleil, à la force du vent et à la beauté de montagnes. N’hésitons pas à utiliser la richesse de ces symboles pour aider les jeunes à intérioriser leur expérience de Jésus Christ. »

Le cœur de l’Évangile et la civilisation occidentale

L’inculturation de la foi chrétienne touche non seulement le langage, mais aussi le contenu. Est-on capable de formuler le cœur de l’Évangile (l’amour de Dieu manifesté dans la vie et la mort-résurrection du Christ) en des termes qui rejoignent les aspirations profondes des gens d’aujourd’hui, leurs besoins, leur quête de sens et leur expérience de vie?

Les questions que se posent nos contemporains ne sont pas d’abord : Ai-je péché? Ai-je mérité le ciel? Mais comment vivre pleinement, comment garder une attitude positive dans la vie, comment se réaliser, comment avoir des relations harmonieuses avec les autres, etc.

Nous sommes appelés à annoncer une Bonne Nouvelle qui soit inspiratrice de liberté, pour que celle-ci soit active et qu’elle engendre la joie de vivre. Notre civilisation a été envahie par de fausses valeurs essentiellement matérialistes, individualistes, égoïstes et par là étouffantes de la vraie vie.

Dans ce contexte d’aliénation, beaucoup ont soif d’une vraie liberté qui est surtout intérieure et qui s’exprime dans l’épanouissement des énergies d’amour, de bonheur et de vie. C’est à cette liberté que nous sommes tous appelés comme disciples de Jésus (Voir Jean 8,32-36 et Paul, épître aux Galates 5,1 et 13).

Pour reprendre l’affirmation de Maurice Zundel, « on ne naît pas libre, on est appelé à le devenir. Comme chrétiens et chrétiennes, c’est par Jésus Christ que nous naissons à notre véritable humanité. »

Nos contemporains ne mettent plus d’abord leur espoir dans un salut au-delà de la vie présente. C’est ici et maintenant qu’ils poursuivent leur recherche de bonheur. C’est maintenant qu’ils ont besoin de guérison, de libération, de justice, d’amour, dans une vie plus pleine, plus heureuse, plus épanouie.

C’est bien ce que Jésus a apporté par ses paroles et ses actions en faveur de ceux et celles qui croyaient en lui, tout en privilégiant les plus démunis de son temps. Le Royaume de Dieu qu’il a instauré ne visait pas seulement l’au-delà de la vie, mais se réalisait déjà dans l’épaisseur de la vie quotidienne. Qu’en est-il de l’Évangile que nous annonçons?

Retour en haut