Au défi d’apprendre aux jeunes à bien comprendre l’Eucharistie, s’ajoute celui d’apprendre à nommer correctement et à connaître les objets qui disent et permettent d’accéder au mystère.
Présentation
L’initiation des petits à la pratique de l’Eucharistie provoque nécessairement leur entrée dans l’univers de la symbolique.
Ici le terrain est glissant. Quand on dit d’une chose qu’elle est « symbolique », on affirme qu’elle n’a peut-être pas grand valeur : « Mais de toute façon, c’est symbolique, pourquoi s’en faire! », peut-on entendre.
Comment parler de sacrements, de gestes sacramentels, d’objets cultuels, de pratique, sans se référer à la symbolique?
Quand on a compris la portée symbolique d’un geste ou d’un objet, notre rapport à ceux-ci n’est plus le même. Par contre, la négliger, c’est risquer de tout banaliser et c’est peut-être ce qui guette l’initiation à la pratique de certains sacrements comme l’Eucharistie. Que de fois, à titre d’exemple, n’ai-je pas entendu des catéchètes pourtant bien intentionnés parler de la vaisselle du prêtre, comme s’il s’agissait de vaisselle!
Dans l’expérience dont l’Eucharistie est porteuse, il y a la dimension de la communion au sacré au travers de gestes, de signes, d’objets qui donnent d’y accéder.
Mais il peut arriver que le contexte culturel dans lequel nous vivons ne le permette pas facilement. Pensez à la charge négative dont sont trop souvent porteurs des mots comme calice, hostie, tabernacle (du moins dans la culture québécoise) à moins qu’on ne se retrouve tout simplement devant un vocabulaire qui n’a plus rien à voir avec la culture ambiante.
Au défi d’apprendre aux jeunes à bien comprendre l’Eucharistie, s’ajoute celui d’apprendre à nommer correctement et à connaître les objets qui disent et permettent d’accéder au mystère, également de s’initier à leur dimension sacrée.
C’est ce que cet article voudrait offrir.
Quelques objets de culte
Cette célébration est conçue pour se vivre à l’église, avant la participation des jeunes à leur premier repas eucharistique. Comme il s’agit d’une célébration, la préparation matérielle de l’activité est importante : disposition du lieu et des objets, choix de lecteurs pour les prières et de jeunes pour porter les objets, sélection d’éléments musicaux pour accompagner la démarche.
Préparatifs
On aura soin de préparer une table recouverte d’une belle nappe sur laquelle seront posées les objets qui feront l’objet de la célébration-catéchèse, à savoir une bougie sur son chandelier, une aube, une étole et une chasuble, un beau lectionnaire, mieux un évangéliaire, un calice, une patène et les burettes, enfin le missel d’autel. On pourra, si on le désire, ajouter d’autres éléments en s’inspirant du schéma proposé.
Après avoir accueilli les participants, la personne qui anime la rencontre invitera d’abord à créer autour de soi et en soi, un beau silence. Ici , une musique instrumentale particulièrement bien choisie pourra faciliter la démarche.
Quand le climat s’y prête, on pourra l’introduire en s’inspirant des propos suivants :
Ce soir, Jésus nous rassemble. À chacun et chacune il redit :« Je suis le Pain de Vie » et nous invite à partager son repas, ce que nous ferons dans quelques jours. Prenons d’abord le temps de nous recueillir afin de nous unir à lui et à toutes les personnes qui nous accompagnent. Disons-lui notre hâte de le rencontrer pour la première fois dans le Pain Eucharistique.
J’aimerais maintenant vous présenter les objets sacrés qui servent à la célébration eucharistique. Comme à ton anniversaire, on dresse une belle table pour l’Eucharistie, on y pose des objets nécessaires au repas et le prêtre qui préside porte des vêtements spéciaux qu’on appelle vêtements sacerdotaux. Des amis apporteront ces objets et je te les présenterai. Parce que ces objets nous rappellent ceux que Jésus a utilisés, les chrétiens et les chrétiennes leur portent un très grand respect. C’est pourquoi, après une courte explication, nous ferons une prière de louange à laquelle nous répondrons tous ensemble : Béni sois-tu Seigneur!
Tour à tour les objets seront apportés avec solennité. Ils seront remis à un catéchète qui lentement les présentera à l’assemblée dans un beau geste d’offrande pendant qu’on fera la prière de louange. Puis avec respect et précaution, ils seront déposés sur l’autel. Ces gestes posés avec soin valent déjà à eux-seuls tout un discours sur le sens du sacré.
Des bougies pour la fête
Parfois on parle de cierges, parfois de chandelles, plus souvent de bougies. En fait ces diverses expressions référent à leur composition :
- un cierge est fait de cire d’abeille, c’est ce qui est habituellement utilisé à l’église;
- une chandelle était autrefois exclusivement élaborée à partir de gras animal, aujourd’hui des produits de synthèse ont remplacé tout cela;
- quand à la bougie elle était faite d’une cire toute spéciale et de haute qualité venant d’Algérie, plus précisément d’une ville dont le nom était Bougia.
À dire vrai, on ne fait plus aujourd’hui toutes ces subtiles distinctions. Voilà pour la petite histoire, mais ce qu’il est davantage important de retenir c’est tout le pouvoir évocateur d’une bougie, d’une chandelle ou d’un cierge. Il n’y a pas de fête sans leur présence. Parlez-en aux amoureux!
Une flamme même minuscule a le pouvoir de vaincre les ténèbres. La lumière a toujours quelque chose de rassurant. On n’a qu’à penser à ces petites veilleuses qui permettent de se déplacer en toute sécurité pendant la nuit, à ces phares guidant les navires, ou tout simplement à ces maisons dont les fenêtres éclairées évoquent une présence chaleureuse.
Mais pour les chrétiens et les chrétiennes, depuis que la nuit de Pâques a vu briller la résurrection, depuis que Jésus est ressuscité, la lumière d’une simple bougie a le pouvoir d’évoquer la victoire de la vie sur la mort. Jésus est la lumière du monde. Sa présence rassurante est là pour guider nos pas. C’est lui qui nous donne d’avancer dans la vie en toute confiance.
À l’Eucharistie, Jésus nous accueille à sa table. Il convient donc que des bougies soient posées sur la belle nappe blanche. Si elles parlent de fête, elles évoquent aussi et surtout une présence, celle de Jésus, lumière du monde et joie pour le cœur.
Louange
La personne qui porte les bougies les présente dans un beau geste d’offrande.
Béni sois-tu Seigneur pour ta chaleureuse présence au cœur de nos eucharisties.
Béni sois-tu pour ta lumière qui éclaire chacune de nos vies.
Béni sois-tu pour la fête!
On reprend tous ensemble : Béni sois-tu Seigneur.
Des habits de fête
L’aube, l’étole, la chasuble, des mots qui ne nous sont plus très familiers. Comme beaucoup de mots français, ils viennent du latin. Ainsi, aube est une francisation de alba qui veut dire blanc. L’aube est un vêtement banc et rappelle celui que tout baptisé reçoit à l’occasion de son baptême. Saint Paul disait qu’il avait revêtu le Christ comme un vêtement. L’aube évoque aussi la tunique que portait Jésus. Le prêtre qui préside l’Eucharistie le fait au nom de Jésus et à son invitation. Il lui prête ses lèvres et ses mains.
L’étole, mot dérivé du latin stola fait référence à quelque chose de long. Il s’agit d’une longue bande d’étoffe déposées sur les épaules. Comme dans le monde grec et latin elle indique que la personne qui la porte remplit une fonction particulière.
Le prêtre reçoit la sienne le jour de son ordination, marquant bien par là qu’il se voit confier la responsabilité de poser des gestes au nom de Jésus comme celui de pardonner et de présider à l’Eucharistie. Le prêtre n’est pas seul à porter une étole. Les juges dans l’exercice de leur fonction en portent une qu’ils posent sur leur toge. Bien qu’elle soit noire, celle-ci remplit la même fonction que l’aube.
Enfin, particulièrement le dimanche, le prêtre porte une chasuble par dessus l’aube et l’étole. Le mot vient du latin casula qui se traduit tout simplement par manteau. La chasuble est un grand manteau de fête enveloppant et sans manche. Finement tissé, il est souvent décoré de couleurs vives. Le rouge évoque le feu de l’Esprit Saint, la Passion du Christ et des martyrs. Le vert parle de vie, le blanc de résurrection et de lumière, le violet d’intériorité.
Louange
Les personnes qui portent les vêtements les présentent dans un beau geste d’offrande.
Béni sois-tu Seigneur pour tes prêtres, tu nous en a fais le don pour qu’ils prolongent jusqu’à nous tes gestes d’amour.
Béni sois-tu Seigneur parce qu’ils ont la responsabilité d’aimer comme tu nous aimes.
Béni sois-tu Seigneur pour ces beaux vêtements de fête, ils nous disent ton désir de nous savoir heureux ensemble!
Béni sois-tu Seigneur.
L’Évangéliaire
On parle aussi de lectionnaire, c’est à dire du livre qui contient les lectures qui sont proclamées pendant les célébrations liturgiques. Pour sa part, l’évangéliaire contient les Évangiles. Mais pourquoi n’utilise-t-on pas tout simplement une Bible? On pourrait effectivement utiliser une Bible comme le font nos frères et sœurs protestants. Chez les catholiques, pour des raisons purement pratiques, les pages de la Bible qui sont le plus utilisées ont été sélectionnées, on en a fait une traduction facile à proclamer et on les a réunies pour en faire de très beaux livres disant bien la dignité de la Parole de Dieu.
Un lectionnaire ou un évangéliaire ne sont pas des livres ordinaires. S’y trouve une belle histoire d’amour, celle de Dieu pour tous les humains. Y est raconté ce que Jésus a confié à ses amis et ce qu’il a fait pour eux afin de leur révéler le véritable visage de Dieu son Père. Souvent ces livres sont ornés d’une belle reliure marquant leur noblesse particulière. Voilà pourquoi on les entoure de beaucoup de respect et de soin.
L’Évangéliaire est acclamé quand il est présenté à l’assemblée. Son contenu est si précieux que l’on se marque de trois petites croix tout juste avant que la personne qui préside ne commence la proclamation de l’Évangile. Une petite croix sur le front pour demander au Seigneur que s’ouvre notre intelligence au merveilles de sa Parole, une sur les lèvres pour qu’elles apprennent à témoigner de Jésus, une dernière sur le cœur pour qu’il se laisse transformer par cette belle histoire d’amour que sont les Évangiles.
L’Eucharistie est un repas où la nourriture se fait Pain de Vie et Parole.
Louange
La personne qui porte le livre de la Parole le présente dans un beau geste d’offrande.
Béni sois-tu Seigneur pour ta Parole, elle s’est fait pour nous Bonne Nouvelle.
Béni sois-tu Seigneur car cette Parole c’est toi-même venu nous dire que tu nous aimes sans condition et que ton rêve est de nous savoir heureux.
Béni sois-tu Seigneur.
Le calice et la patène
Pour ce qui est du calice, son nom nous vient du grec kalus qui se traduit tout simplement par coupe. On sent bien qu’avec ce nom venu du grec cette coupe a tout de même une dignité toute particulière. Elle est destinée à recevoir le vin consacré devenu le Sang du Christ. Ceci est mon sang : voilà bien les mots les plus forts que Jésus pouvait utiliser pour nous dire le don le plus complet qu’il fait de sa personne et de sa vie.
La patène vient du latin patena qui pourrait se traduire par le mot plat. Le nom un peu savant de patène veut nous dire aussi qu’il s’agit d’un plat qui n’a rien de banal. Il est destiné à recevoir le pain consacré devenu Corps du Christ, un pain bien particulier lui aussi puisqu’il est sans levain comme celui que Jésus et les juifs utilisaient pour célébrer la Pâque.
Comme Jésus l’a fait le soir de son dernier repas, en mémoire de Lui : voilà qui nous donne de comprendre le pourquoi de tous ces détails si importants. Il en est ainsi de cette eau que l’on mêle au vin, comme on le faisait au temps de Jésus. Celui-ci étant beaucoup plus concentré qu’aujourd’hui, il était important de le diluer. Évidemment on a aussi donné un sens symbolique à ce geste, mais il nous met d’abord en communion avec les derniers gestes de Jésus et les coutumes de son temps.
Le vin évoque la joie et l’amitié. Le pain parle du quotidien, de la vie et du travail de nos mains. Quand on les apporte en procession au moment de l’offrande, pourquoi ne pas remonter à leur source. Une humble semence devenu du blé, un plan de vigne portant de généreuses grappes, beaucoup de soin, de délicates transformations, tout cela devient nourriture, et bien davantage, source de vie éternelle.
Le calice où l’on a versé un peu de vin coupé d’eau et la patène portant du pain de blé rompu et partagé nous donne de communier au Dieu de la vie. Celui qui mange de ce Pain et boit de ce Vin aura en lui la vie éternelle.
Louange
Les personnes qui portent la patène et le calice les présentent dans un beau geste d’offrande.
Béni sois-tu Seigneur pour le vin de la joie.
Béni sois-tu Seigneur pour le Pain de la vie.
Béni sois-tu de nous donner ainsi de partager ce que tu es.
Béni sois-tu Seigneur.
Le missel
On trouve sur l’autel un autre livre qui impressionne aussi par sa beauté et son ampleur. Il est différent du lectionnaire et de l’évangéliaire, c’est le missel. Son nom vient du latin missa qui veut dire messe.
Ce mot lui-même a été souvent utilisé pour parler de l’eucharistie, il s’inspire des derniers mots de la célébration qui parle de mission nous invitant à aller dans la paix témoigner du Christ ressuscité. Le missel serait comme un mode d’emploi. On y trouve soigneusement consignées les prières et la description de tous les gestes de la messe.
Le missel n’est pas simplement utile, il est nécessaire. Sa présence nous permet de réaliser que l’eucharistie est essentiellement quelque chose que l’on a reçu, d’abord du Christ et ensuite de la grande tradition de l’Église. Son utilisation nous met en communion avec les frères et sœurs qui partagent la même foi que nous. Un peu partout de par le monde, au moyen des langues les plus diverses, monte vers le Père une même prière.
Pour tous les jours de l’année on y trouve les prières d’ouverture, celles qui sont faites sur les offrandes et après la communion. Le missel contient surtout les grandes prières eucharistiques au cours de laquelle le prêtre refait les gestes du dernier repas de Jésus.
Louange
La personne qui porte le missel le présente dans un geste d’offrande.
Béni sois-tu Seigneur pour le beau souvenir que tu nous as laissé.
Béni sois-tu pour les gestes que tu as posés à l’occasion de ton dernier repas.
En nous demandant de les refaire en ton nom, à nouveau tu te donnes en partage.
Béni sois-tu Seigneur.
Prière finale
Seigneur notre Dieu, tu nous donnes la joie de te prier tous ensemble, de te parler comme on se parle entre amis.
Merci pour la joie de cette rencontre;
Merci pour ton dernier repas;
Merci pour tous ces gestes et ces beaux objets qui le prolongent jusqu’à nous;
Merci de nous donner ainsi d’y communier.
Amen.