Marcher, chercher, avancer

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La foi comme la vérité sont des chemins à parcourir

Homélie du P. Henri Boulad. Il existe au cœur de l’être humain et de l’humanité un dynamisme permanent qui nous pousse toujours à aller de l’avant, et ce, vers ce Royaume à venir dont il s’agit d’inventer et de créer avec l’Esprit-Saint qui est toujours à l’œuvre dans nos vies.

Homélie

Par le P. Henri Boulad. Église des Jésuites, Alexandrie – Égypte.
Texte du jour : Lc 12, 13-35 (disponible en fin de page)
1 mai 2017

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Idées principales

N. B. – Le texte ci-dessous ne constitue pas un verbatim, mais il se propose de relever les idées principales de l’homélie. Le langage parlé a néanmoins été gardé.

Les disciples d’Emmaüs

L’Évangile des disciples d’Emmaüs nous rappelle une vérité fondamentale : « La vérité commence à partir du moment où l’on s’interroge, à partir du moment où l’on cherche ».

Suite à la mort de Jésus, les disciples étaient écrasés de tristesse et de déception : ils avaient espéré que Jésus rétablisse le royaume d’Israël.

Or Jésus est mort. Il n’est plus de ce monde. Et difficile d’imaginer qu’il est toujours vivant.

Les disciples d’Emmaüs demeurent cependant en état de recherche.

Comment vont-ils finalement trouver? Pourquoi leurs yeux vont-ils s’ouvrir? Qu’est-ce va déclencher leur découverte?

Ils marchent sur la route, et voilà qu’un inconnu les rejoint et se mêle à leur conversation.

Ils ne savent pas que c’est Jésus.

Les disciples lui racontent ce qui s’est passé.

À partir des Écritures, Jésus leur explique ce qui avait été annoncé de façon obscure et voilée.

Le cœur des disciples commence à battre. Ils se disent… mais il y a quelque chose là!

L’importance d’une foi qui s’interroge

La foi est un chemin à parcourir. La vérité est un chemin à parcourir.

MarcherJamais on ne peut se croire « arrivé » ou avoir « tout compris ».

Comme le dit le chant de la messe, « Il faut marcher de très longues routes pour découvrir les fleurs du printemps ».

Vous vous êtes déjà demandé quel est le sens d’un pèlerinage?

En Europe par exemple, on marche des fins fonds du continent jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne.

Et pourquoi marche-t-on?

Quand on marche avec ses pieds, on marche aussi avec sa tête.

Quand on marche sur ses pieds, c’est également la tête qui fonctionne, de même que le cœur.

Marcher n’est pas seulement une activité physique.

Quand je fais ma méditation le matin, après avoir lu un texte, je me lève et je commence à marcher dans le corridor. Je vais et je viens.

Mes pieds marchent, ma tête marche, mon cœur marche.

C’est ainsi que j’entre dedans…

Le tragique de la pensée unique

Savez-vous ce qui a bloqué le monde arabe depuis des siècles? Vous êtes-vous déjà posé la question?

Parce qu’on a interdit aux gens de réfléchir et de penser.

Interdis de penser! Le règne de la pensée unique!

Malheureusement, aujourd’hui, cette attitude est de plus en plus répandue dans le monde européen.

La pensée unique? Voilà ce que l’on appelle une idéologie. Or une idéologie bloque tout.

Jésus vient nous débloquer

« La vérité vous rendra libres » (Jn 8,32b).

Jésus me dit, « réfléchis », « pense ».

Ce que tu crois savoir, tu ne le sais pas encore.
Ce que tu crois avoir, tu ne l’as pas encore.

Chaque jour se mettre en route. Chaque jour se mettre en chemin. Chaque jour se mettre en recherche.

Il y a souvent quelque chose de bloqué chez les gens, surtout chez les croyants.

Ils disent « j’ai la foi », et hop, c’est fini. Ils ne se questionnent plus.

Ils croient en Dieu ou en la Sainte Trinité, c’est bien, mais ils ne cherchent pas à comprendre et à creuser leur foi.

Or, quand on a la foi, on ne peut se contenter d’une pensée figée et bloquée.

La foi n’est pas un fauteuil dans lequel on s’installe.

Jésus nous met en route

Pour que le monde avance, il faut que quelque chose bouge au niveau de l’intelligence.

Être toujours en recherche et en questionnement.

C’est cela l’Évangile. C’est cela le Nouveau Testament.

C’est cela la pensée moderne (qui plonge ses racines dans l’Évangile) : l’appel au dynamisme et à la recherche.

« Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité toute entière. » (Jn 16,13a)

« Réfléchis, cherche, invente »

Le P. Boulad affirme qu’il aimerait bien ajouter un onzième commandement…

Alors que les dix commandements disent : « fais, ne fais pas… agis, n’agis pas… », le onzième commandement serait « réfléchis, cherche, invente », et ce, dans la foulée de l’Esprit qui nous appelle à la créativité.

Car il faut le savoir …

  • … tout ce que nous avons à faire n’est pas écrit.
  • … ce que sera demain n’est pas écrit.
  • … l’avenir du monde est à inventer.
  • … mon propre avenir est à inventer.

L’appel au dépassement

L’Évangile nous appelle à rester en état d’éveil, à marcher, à chercher et à avancer.

L’Évangile nous appelle au défi et au dépassement.

Se dépasser, c’est le secret de l’Évangile.

Tu as connu un échec? Traverse l’échec. Dépasse l’échec.
Tu as une maladie ou un problème? Dépasse ta maladie. Dépasse ton problème.

Se situer toujours au-delà

Le doute est quelque chose à traverser, à l’instar d’un défi. Il ne faut pas avoir peur du doute.

Jésus est au bout d’un processus de réflexion, de quête, de recherche et de dépassement.

Dans le contexte des disciples d’Emmaüs, c’est parce qu’ils étaient « cherchant, écoutant, attentifs » que tout à coup, Jésus se révèle.

« Cherchez, vous trouverez » (Mt 7,7b)

Se situer toujours au-delà.

C’est peut-être un peu essoufflant… mais c’est surtout passionnant!

Il existe au cœur de l’être humain et de l’humanité un dynamisme permanent qui nous pousse toujours à aller de l’avant, et ce, vers ce Royaume à venir dont il s’agit d’inventer et de créer avec l’Esprit-Saint qui est toujours à l’œuvre dans nos vies.

Les disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-35)

Le même jour, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.

Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.

Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.

Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.

L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »

Il leur dit : « Quels événements? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.

Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.

À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant.

Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »

Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit!

Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire? »

Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.

Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin.

Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.

Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna.

Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.

Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures? »

À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »

À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

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