Le petit livre de Elena Di Pede nous aide à bien saisir les avancées et les reculs de ce récit quasi autobiographique du livre du prophète Jérémie.
DI PEDE, Elena, De Jérusalem à l’Égypte, Lumen Vitae, 2006, 79 p.
Le livre du prophète Jérémie n’est pas d’un accès facile. On y trouve une alternance entre des pages en poésie et de longs chapitres en prose. Sous forme de poèmes parfois déroutants, le prophète livre des paroles que Dieu lui inspire. Ce sont les oracles qui concernent des individus, le roi, le peuple d’Israël ou les autres nations.
La vie du prophète nous est racontée en une prose qui se comprend plus facilement. Mais là encore, une autre difficulté surgit. Les événements racontés ne suivent pas nécessairement le fil chronologique, surtout les chapitres 32 à 39. On y trouve beaucoup de retours en arrière qui compliquent la lecture.
Le petit livre de Elena Di Pede nous aide à bien saisir les avancées et les reculs de ce récit quasi autobiographique. L’auteure nous démêle les chapitres 32 à 45. Elle nous en facilite la lecture. Elle nous fait observer certains détails importants que seul un oeil très averti peut déceler.
Son but consiste à nous montrer comment le narrateur du livre de Jérémie construit son récit en vue d’une communication efficace de son message. Celui-ci invite le lecteur à accueillir aussi les leçons qui se dégagent de ce récit : comme le peuple, le lecteur se voit mis en situation d’accueillir pour lui une Parole qui peut lui donner la Vie.
Dans les chapitre 32 à 45, nous assistons à une opposition : le refus radical de Dieu de la part du peuple et un espoir tout aussi radical que le Seigneur et son prophète Jérémie nourrissent de voir changer le peuple. Cette opposition interroge le lecteur sur ses propres choix : accueil ou refus de Dieu, de sa Parole, de son Alliance.
En conclusion, l’auteure nous fait remarquer, en un bref survol des chapitres 32 à 45, que ceux-ci représentent un contre-exode : une inversion délibérée de l’histoire du salut. Celle-ci commence par la libération de l’esclavage en Égypte, le don de la Parole de Dieu au moment de l’Alliance au Sinaï, le don de la terre, du temple, de la monarchie et d’une capitale : Jérusalem.
Ces chapitres nous permettent de constater que le peuple perd son temple et la ville sainte. C’est effectivement la fin de la monarchie et l’exil à Babylone. Puis ceux qui sont restés sur place prennent résolument le chemin de l’Égypte, refusant d’écouter la Parole du prophète, rompant l’Alliance, retournant aux idoles et à la terre d’esclavage. En refusant l’alliance, le peuple entreprend un voyage à rebours depuis Jérusalem jusqu’à l’Égypte.
N. B. : La revue Biblia, aux numéros 59 et 60, a fait appel à la même bibliste pour nous présenter, cette fois, un survol global des 52 chapitres du livre de Jérémie. Deux excellent numéros qui, comme d’habitude, allient textes bibliques en gros caractères sur papier bible, commentaires, iconographie commentée et pistes d’actualisation.