Il existe une manière catéchétique de vivre une liturgie. Les gestes rituels sont des éléments structurants de la foi. Mais que donnent-ils à voir? Qui donnent-ils de rencontrer?
La simple lecture d’une prière rituelle de consécration comme celle du Saint Chrême, nous apprend que la liturgie est une merveilleuse catéchèse et qu’il existe une manière catéchétique de vivre une liturgie. Mais encore faut-il en avoir goûté toute la richesse. Encore faut-il en avoir pris la juste mesure.
Le binôme liturgie et catéchèse
Force nous est de constater qu’il y a un difficile rapport entre catéchèse et liturgie. En fait, ne faut-il pas davantage parler de divorce? Et le phénomène ne date pas d’hier. La liturgie ne faisant plus fonction de catéchèse aurait même donné naissance à « la catéchèse ».
Un simple survol de quelques-unes de nos pratiques peut facilement nous convaincre que la liturgie peut même en arriver à desservir la catéchèse. Au fond, croit-on à la liturgie?
La réponse peut nous laisser gênés, hésitants…
Et pourtant que de potentiel!
Conduire au mystère et donner d’y entrer
L’initiation à la foi et la formation à la vie chrétienne conduisent toutes deux au mystère et donne d’y entrer, mieux d’y communier.
C’est alors que s’opère l’indispensable passage du je sais au je crois ouvrant tout naturellement sur l’univers de l’action symbolique, celui de la liturgie. Et il n’y a là rien de superflu.
Les gestes rituels ne sont pas de simples appendices, mais des éléments structurants de la foi.
Mais que donnent-ils à voir? Qui donnent-ils de rencontrer?
Une piste de relecture
De telles questions offrent une piste de relecture de nos gestes liturgiques, du plus simple aux plus complexes.
Un modeste signe de croix tracé sur le front, le partage d’une page d’Évangile ou la célébration d’un sacrement, ont ce pouvoir de mettre en communion avec le Père, le Fils et l’Esprit, de tresser avec eux un lien d’intimité dont on a peine à prendre toute la mesure.
L’univers de la liturgie est celui de la symbolique. Elle nous invite à porter un regard autre sur nos pratiques et sur les communautés avec lesquelles la vie chrétienne entretient un nécessaire rapport.
Évangéliser par la beauté
La société dans laquelle nous vivons est de plus en plus métissée. Il y a rupture dans la transmission de la tradition chrétienne et de son patrimoine immatériel. Il n’y a plus ce catéchuménat social dont parlent les pères de la catéchèse moderne.
Dans ce contexte où l’on sait de moins en moins les gestes de la foi et leur sens, la manière dont ils sont posés est loin d’être négligeable.
Un geste liturgique n’a rien de magique. Il évangélise par sa valeur esthétique, par son ampleur, par sa charge émotionnelle et par sa mise en communion avec la réalité qu’il veut signifier.
En conclusion
Dans le domaine de la foi, l’expérience et le témoignage précèdent l’apprentissage des connaissances et c’est sur ce terrain de l’expérience et du témoignage communautaire que loge la liturgie. Elle est l’assise même de la catéchèse des « initiés », la catéchèse « mystagogique » si chère aux Pères de l’Église.
Comme elle se réfère à des gestes bien concrets et repose nécessairement sur leur beauté, que souhaiter de mieux à qui est à la recherche de « matériel pédagogique ». La liturgie a tant à offrir. La catéchèse ne devrait surtout pas s’en priver.