L’usage de la couronne de l’Avent s’est largement répandu. Mais en connaît-on vraiment l’origine et surtout sa portée symbolique? Voici racontée son histoire avec en prime une petite célébration familiale.
Une étrange histoire
L’histoire de la couronne de l’Avent est à la fois étrange et belle. Elle nous vient d’Europe et plus précisément des pays nordiques là où, comme au Québec, il fait noir à bonne heure quand arrive l’automne. S’installe alors un rapport bien particulier à la lumière et à sa symbolique comme défi aux ténèbres envahissantes.
Évidemment dans le monde qui est nôtre où les excès d’éclairage contraignent à parler de pollution lumineuse, il n’est peut-être pas facile de comprendre le pouvoir évocateur de l’allumage progressif et solennel de bougies pour évoquer la venue du Christ lumière des nations.
Un lustre
Regardons attentivement ces couronnes qui nous sont maintenant familières, ces objets circulaires garnis de verdure et de bougies. Elles sont parfois posées à plat sur une table ou plus souvent légèrement inclinées et supportées par un piétement comme à l’église. Même si ce n’est pas évident, elles sont en fait les vestiges de lustres dont l’origine est pour le moins singulière. Tout simplement descendus, ils se sont retrouvés posés sur des supports.
Peter Mazar un liturgiste américain d’origine hongroise raconte que durant l’hiver, les routes médiévales des pays d’Europe centrale devenaient impraticables. Boue et gelée risquaient alors d’endommager gravement les roues de voiture, objet précieux et indispensables. Difficiles à fabriquer et à entretenir, on en prenait grand soin.
Quand arrivait la saison froide elles étaient démontées puis suspendues au plafond des maisons, afin qu’elles puissent hiverner bien au chaud et au sec. Les chrétiens auraient pris l’habitude de les décorer et probablement de les garnir de bougies. Ce rituel hivernal serait à l’origine de la coutume associée à l’Avent consistant à façonner des cercles de verdure, à les suspendre comme un appareil d’éclairage et à y allumer des bougies pour rythmer les semaines de préparation à la fête de Noël. Ce sont là nos couronnes nées en milieu rural. À cause de leur pouvoir évocateur, elles sont passées des maisons à l’église.
Une fonction symbolique
Quand on connaît l’appétit insatiable des médiévaux pour les symboles, il ne faut pas s’étonner qu’on ait cherché à les surcharger de significations. Le cercle évoquerait l’univers et la circularité de l’année, la verdure parlerait de la permanence de la vie, son centre symboliserait une ouverture dans le ciel pour que vienne le Sauveur, quant aux quatre bougies, avant même d’être associés aux dimanches de l’Avent, elles désigneraient les prophètes qui l’ont annoncée. Qui dit mieux?
Mais ce qu’il importe ici de retenir c’est bien davantage le geste rituel qui accompagne une couronne de l’Avent. Il met symboliquement en communion avec une dimension du mystère chrétien qui se profilent tout au long de l’Avent.
L’art de devancer l’aurore
L’allumage progressif des bougies est donc ici premier. Son intérêt tient dans sa dimension ludique qui n’est pas sans intérêt pour les petits et même avec les grands… Pour s’en convaincre, il n’est que de se référer au psaume 118, verset 148e : « Je devance l’aurore et j’implore. Mes yeux devancent la fin de la nuit pour méditer sur ta promesse ».
En allumant une à une les bougies de l’Avent (au nombre de quatre en fonction des quatre dimanches) on chasse symboliquement les ténèbres. Les intervenants miment ainsi l’aurore qui se lève et s’amusent à le devancer en quelque sorte. Symboliquement « les yeux devancent la fin de la nuit ».
Est ainsi annoncée la venue du Christ lumière.
Le violet couleur de l’aurore
Dans cette perspective, il n’est pas sans intérêt de dire un mot de la couleur liturgique accompagnant visuellement le temps de l’Avent et du Carême va sans dire, puisqu’il en est le calque. Si l’on demande à un habitué de la pratique religieuse quelle est sa signification, il vous répondra tout spontanément qu’il s’agit de la couleur de la pénitence.
Comme on a appris à associer les mots pénitence et Carême, on a fait de même avec sa couleur caractéristique. Pourtant, quand on laisse la parole à la couleur, nous découvrons qu’elle a des choses à nous dire et qu’elles sont d’un autre ordre.
Si vous demandez à un marchand de couleurs de vous fournir quelque chose qui évoque la pénitence, il sera bien embêté. Mais si vous lui parlez des couleurs de l’aurore et de l’aube qui la précède, il étalera devant vous une belle gamme de violets. Parlez-lui de tons feutrés, de couleurs toutes intérieures et la gamme sera la même.
C’est ainsi que le violet serait d’abord la couleur de l’aube, la première du spectre solaire, une couleur familière aux veilleurs, à ceux qui guettent l’aurore. La couleur de l’intériorité et de ceux qui savent devancer la fin de la nuit. Si cela est vrai pendant l’Avent, ce l’est encore davantage en Carême alors que l’aube attendue est celle de la résurrection.
Un signe
Même si le geste de l’allumage demeure premier, déjà la seule présence d’une couronne toute prête avec ses quatre bougies traduit déjà la hâte de voir arriver Noël. Ne reste plus qu’à en prendre la mesure et à réveiller le veilleur qui sommeille en nous.
Bon Avent !
Activité – Devancer l’aurore
Project d’activité avec les petits et pourquoi pas les grands…
Cette activité peut avoir lieu sous deux formes, soit une fois par semaine et préférablement la veille de chacun des dimanches de l’Avent ou simplement un fois dans le temps que dure l’Avent.
On aura soin alors de procéder à l’allumage lent et progressif de chacune des bougies pour bien évoquer l’aurore qui se lève…
Un véritable apprentissage emprunte toujours le
chemin d’expériences auxquelles l’on se rend présent.
Mise en route
De préférence le samedi soir, veille des dimanches (et si c’est avec des petits avant qu’ils aillent au lit), se rassembler autour de la couronne de l’Avent qu’on aura eu soin de poser sur une table basse avec tout à côté une belle Bible.
Inviter les participants à bien s’imprégner de ce qu’ils ont devant les yeux. Puis échanger sur ce qu’ils voient, sur ce que ces objets évoquent et signifient.
Faire l’obscurité et prendre un bon moment dans le noir
On pourra partager sur l’expérience de la nuit, de l’inconfort qu’engendrent les ténèbres et de l’importance de la moindre petite lumière.
Allumage de la première bougie (ou allumage lent et progressif des bougies)
Si l’activité a lieu toutes les semaines pendant l’Avent, sans refaire le partage sur les ténèbres, on pourra prendre un court temps dans l’obscurité avant d’allumer la ou les bougies qui l’ont été antérieurement puis celle du dimanche correspondant. L’image de l’aurore qui vient n’en sera que plus évidente.
Écoute de la Parole
Je vous suggère d’aller puiser dans les textes du Premier Testament proposés pour chacun des dimanches de l’Avent. Ceux du prophète Isaïe sont si inspirants.
- Venez familles de Jacob, marchons à la lumière du Seigneur.
Isaïe 2:1-5 - Le loup habitera avec l’agneau
Isaïe 11:1-10 - Les yeux des aveugles s’ouvriront
Isaïe 35:1-6a.10 - Voici que la jeune fille est enceinte
Isaïe 7:10-16
On pourra prendre un moment d’échange autour de la parole proclamée en accueillant la prière qu’elle inspire.
Lire ou mieux, chanter le psaumes des veilleur, le psaume 129
… Mon âme attend le Seigneur, plus qu’un veilleur n’attend l’aurore…
Prière
Seigneur,
Tu es venu comme une réponse
au coeur des ténèbres du monde
et tu viens encore, nous le savons.
Garde-nous en éveil
comme ceux qui attendent,
comme ceux qui savent qu’au matin
l’aurore vient toujours.
Toi le Dieu de l’espérance,
le Dieu de toutes les espérances,
hâte la venue de ton règne
et devance pour nous la fin de la nuit.
Amen