La prière est l’expression de la foi

Neuvième d’une série de douze articles qui constituent l’essentiel de l’essentiel de la foi chrétienne catholique, à partir de la présentation de François Varillon, jésuite. En tout, Dieu a l’initiative. Dieu le premier se donne à l’homme pour que l’homme se donne à lui et qu’ainsi Dieu l’accueille.

François Varillon, jésuite, a publié en octobre 1967 dans la revue Études un excellent « Abrégé de la foi catholique » (p. 291-315). En voici un compte rendu succinct.

Aimer… en forme d’accueil

Pour François Varillon, « En tout, Dieu a l’initiative. Dieu le premier se donne à l’homme pour que l’homme se donne à lui et qu’ainsi Dieu l’accueille. »

En réponse à l’initiative amoureuse de Dieu, l’être humain traduit d’abord sa réponse en forme d’accueil. La prière est l’expression de cet accueil.

Comme Varillon l’écrit : « Elle est Oui à Dieu, à son Œuvre divinisante qui transfigure nos œuvres humanisantes ».

Une participation au Oui du Christ

Quand nous contemplons le Christ dans son humanité, un constat s’impose. Sa beauté et sa perfection découlent essentiellement de son Oui initial.

En se faisant l’un de nous, il disait un Oui sans condition au projet de son Père. Le Christ se donne à comprendre par le Oui qu’il est et qu’il dit. Or l’humanité toute entière est appelée à participer au Oui absolu du Christ.

À sa manière, la prière est un Oui jailli du cœur de l’être humain. Conscient de la proximité de Dieu, conscient surtout de son action bienfaisante et transfigurante au cœur de sa vie, il ne peut demeurer muet.

Un Oui à plusieurs visages

Le Oui fondamental de la prière se diversifie et s’enrichit en expressions multiples correspondant à diverses attitudes du moi profond.

Les plus importantes sont l’adoration, la gratitude, la contrition et la demande (imploration). Chacune de ces attitudes appelle et implique les autres.

L’adoration

Adoration, c’est-à-dire admiration, étonnement, surprise devant ce que Dieu est, devant surtout le fait qu’il soit ce qu’Il Est, à savoir un Amour transfigurant et une « Initiative transfigurante de nos initiatives » pour reprendre les mots de Varillon.

La gratitude

Gratitude : action de grâces ou reconnaissance. C’est là un mouvement tout spontané du cœur. Se savoir aimé de Dieu et à la manière de Dieu ne peut qu’appeler la reconnaissance.

La contrition

Un mouvement de repli sur soi existe dans l’être humain, c’est le péché.

Or l’amour de Dieu a notamment le visage du pardon. Quand le croyant en quête de libération et de transformation se tourne vers l’amour miséricordieux de Dieu, son attitude s’appelle contrition.

La demande

Pour Thomas d’Aquin, la prière est fondamentalement « demande ». L’être humain se reçoit d’un Autre.

Conscient de sa pauvreté, le croyant se tourne vers Dieu et l’implore. Il demande une foi plus vive et, comme les tâches humaines sont dons de Dieu, il demande aussi que son activité soit plus généreuse et davantage authentique.

À propos de la prière collective ou liturgique

Pour ce qui est de la prière liturgique, Varillon est bien conscient qu’elle est problématique. Il le souligne à juste titre. La raison est bien simple. Héritière d’une tradition deux fois millénaire, son langage n’est pas toujours au diapason de la culture contemporaine.

Pourtant, le concile Vatican II avait demandé que soit revisé en profondeur l’ensemble de sa liturgie, mieux qu’elle soit restaurée afin de retrouver la pureté des origines.

Certes un vaste travail de mise à jour a été entrepris, mais il est souvent mis à mal dans les milieux plus conservateurs. On accepte bien difficilement que de nouvelles expressions de la foi cherchent à répondre aux sensibiités nouvelles.

Pourtant il en va de l’avenir des communautés chrétiennes appelées à dire Dieu en toute vérité dans une langue et des concepts qui sont les leurs.