Le Christ meurt et ressuscite pour la transformation de l’être humain

Sixième d’une série de douze articles qui constituent l’essentiel de l’essentiel de la foi chrétienne catholique, à partir de la présentation de François Varillon, jésuite. Le « Dieu-qui-n’est-qu’Amour » transforme l’être humain afin de le libérer de sa tendance naturelle à se replier sur lui-même.

François Varillon, jésuite, a publié en octobre 1967 dans la revue Études un excellent « Abrégé de la foi catholique » (p. 291-315). En voici un compte rendu succinct.

L’amour transfigure

En Jésus, le chrétien prend toute la mesure de l’homme et de Dieu. Il réalise aussi qu’il est l’objet d’un Amour sans limite.

Or l’amour, dans sa nature même, transforme, mieux transfigure ce qu’il touche. Un Amour sans limite comme celui de Dieu, transfigure nécessairement tout ce qu’il embrasse.

Comme le dit François Varillon, « l’amour absolu transfigure absolument, divinise en transfigurant, ne divinise qu’en transfigurant. »

Transfigurer, qu’est-ce à dire ?

Qui dit « transfigurer » dit mort à une « figure » et passage à une autre « figure ».

Pour que l’être humain soit transformé, transfiguré en Dieu, il a fallu comme nous l’apprend la foi chrétienne, que Dieu, en Jésus se fasse homme, qu’il prenne en quelque sorte une autre figure.

Il a fallu qu’il vive comme l’un d’entre nous, qu’il épouse la condition humaine jusqu’à son extrême limite, qu’il meure d’une vraie mort comme la nôtre. Il a fallu qu’il ressuscite.

Après une telle immersion au cœur de l’humanité, l’être humain n’est déjà plus le même, sa figure est à se transfigurer.

Ressusciter, qu’est-ce à dire ?

La résurrection n’est pas la simple réanimation d’un cadavre. La résurrection n’est pas un retour à la vie antérieure à la mort. Bien au contraire, la résurrection est un passage à une vie toute autre, le passage à la Vie.

« Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt… »

La croissance d’un vivant s’opère par transformation. C’est une loi universelle facilement observable dans la nature. Ainsi, par exemple, le papillon n’est pas une chenille avec des ailes, l’épi de blé n’est pas un grain amplifié.

« Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul; s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24)

De même, si le papillon voulait ne demeurer qu’une chenille, jamais il ne volerait. Jamais il ne pourrait se reproduire. C’est en renonçant à conserver ses caractéristiques premières qu’il assure instinctivement sa propre conservation.

La continuité de tout vivant n’est possible que dans la croissance, or pas de croissance sans transformation et pas de transformation sans une certaine mort.

La transformation… dans l’ordre spirituel

La vie de l’esprit est également en incessante transformation, en continuelle conversion. L’être humain réalise assez tôt que ce qu’il partage avec le règne animal n’arrive pas à combler tous ses besoins.

L’émergence de sa conscience l’appelle à faire un passage de l’animal à l’humain, de la nature à la liberté. C’est alors qu’il s’ouvre aux valeurs fondamentales : la vérité, la beauté, la bonté, le don de soi. C’est alors que le désir de communiquer et de se communiquer se fait de plus en plus pressant.

La transformation… dans l’ordre de la divinisation

Par ailleurs, l’être humain est naturellement égocentrique, c’est-à-dire, tourné vers lui-même. Pourtant, il est essentiellement un être-de-relation, conçu pour entrer en relation avec les autres. L’être humain vit donc une situation paradoxale, tiraillé qu’il est entre ces deux tendances fondamentales.

Mais l’être humain n’est pas laissé à lui-même. La vie de Dieu, de ce « Dieu-qui-n’est-qu’Amour » comme le dit François Varillon, a la capacité de le transformer jusqu’à la racine.

Il le transforme afin de le libérer de sa tendance naturelle à se replier sur lui-même, afin surtout de lui permettre de s’ouvrir à la vie de Dieu, d’accéder à la vie en Dieu, à la vie selon Dieu, celle-la même qu’a connue Jésus de Nazareth.