Saint Paul et la violence

Quatrième d’une série de 4 articles publiés dans l’édition nationale du Feuillet Paroissial sur le thème « Bible et violence ».
Saint Paul en est bien conscient : avant d’agir dans les muscles, la violence agit dans le cœur et dans la bouche.

Méditons saint Paul

Pour clore ces quatre articles sur la violence et la non-violence, prenons le temps de méditer une des plus belles pages de Paul. Elle est tirée du troisième chapitre de sa lettre aux chrétiens de la ville de Colosses.

Faites donc mourir ce qui en vous appartient à la terre : débauche, impureté, passion, désir mauvais et cette cupidité, qui est une idolâtrie.

À ces anciens païens, Paul rappelle que maintenant, une autre réalité s’impose à eux pour juger de la valeur de leurs actes. Cette réalité est la présence de Dieu qui a envahi leur vie. Les Colossiens ne peuvent plus agir comme si seuls le visible et le matériel existent.

Maintenant donc, vous aussi, débarrassez-vous de tout cela : colère, irritation, méchanceté, injures, grossièreté sorties de vos lèvres. Plus de mensonge entre vous.

Les paroles qui blessent

Paul en est bien conscient : avant d’agir dans les muscles, la violence agit dans le cœur et dans la bouche. Les paroles causent souvent des blessures qui prennent plus de temps à guérir que des coups.

En effet, vous vous êtes dépouillés du vieil homme, avec ses pratiques, et vous avez revêtu l’homme nouveau, celui qui, pour accéder à la connaissance, ne cesse d’être renouvelé à l’image de son Créateur.

Le disciple du Christ est constamment en train d’être recréé à l’image même du Christ, le véritable Adam, le véritable humain à l’image de Dieu.

Là, il n’y a plus Grec et Juif, circoncis et incirconcis, barbare, Scythe, esclave, homme libre, mais Christ : il est tout en tous.

Au-delà des différences

Paul vivait dans une société fragmentée – sinon plus – que la nôtre. Religions et races diverses se côtoyaient dans la ville de Colosses. Paul ne nous invite pas à supprimer les différences culturelles. Il nous invite plutôt à découvrir combien nous sommes radicalement beaucoup plus semblables que différents. D’une certaine manière, l’unité entre les humains n’est pas un projet, mais un don du Christ que nous n’avons jamais fini de recevoir.

Puisque vous êtes élus, sanctifiés, aimés par Dieu, revêtez donc des sentiments de compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience.

La compassion

Comme chrétiens, nous ne cherchons pas à supprimer la violence, simplement pour avoir le bon ordre dans notre société, et ainsi pouvoir consommer paisiblement! Nous cherchons avant tout à reproduire dans notre monde l’immense compassion du Christ envers tout être humain, même, et surtout, envers les pécheurs.

Supportez-vous les uns les autres, et si l’un à un grief contre l’autre, pardonnez-vous mutuellement; comme le Seigneur vous a pardonné, faites de même, vous aussi.

Le pardon

Le pardon fonctionne un peu comme un vaccin : pour faire celui-ci, on se sert d’un virus qui rend malade pour le transformer en remède! De même, le pardon transforme un geste de division et de violence, en geste de communion et de paix.

Et par-dessus tout, revêtez l’amour: c’est le lien parfait. Que règne en vos coeurs la paix du Christ.

La puissance de l’amour

Pensons à tout ce qui règne en nous au cœur d’une journée : la hâte, l’impatience, la colère, l’indifférence, la peur. Pourtant, une seule chose doit régner en notre cœur : la puissance de l’amour. Ainsi pourrons-nous suivre ce conseil de Paul aux Romains : Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien (12,21).