Le fondement de la liberté chrétienne

Deuxième de la série.

Le chrétien est donc libre parce qu’il agit sous l’impulsion d’un dynamisme intérieur qui n’est nul autre que l’Esprit même du Christ en lui. L’Esprit libère le croyant de toute crainte en face de Dieu à qui on peut maintenant donner en toute confiance le titre de Père.

La mort-résurrection du Christ, fondement de la liberté véritable

Mais lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et soumis à la loi de Moïse, afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi et pour que nous soyons adoptés comme fils. Et voici la preuve que vous êtes des fils : Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba! », c’est-à-dire : Père! Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils, et puisque tu es fils, tu es aussi héritier : c’est l’œuvre de Dieu. (Ga 4,4-7)

Selon Galates 4,4-7, le fondement de la liberté chrétienne, c’est l’incarnation rédemptrice, ou plus précisément, la venue, la mort et la résurrection du Christ considérées comme événements salvifiques.

Paul précise que le Fils est né « sujet de la loi », ou mieux « assujetti à la loi ». Dans le contexte, cette expression est très péjorative.

Elle signifie que le Fils s’est incarné dans notre condition humaine accablée par les différents esclavages, et entre autres, par l’esclavage de la loi :

De même nous aussi, quand nous étions des petits enfants, nous étions en situation d’esclaves, soumis aux forces qui régissent le monde. (Ga 4,3)

C’est, pour Paul, une façon de dire que Jésus, dans son humanité, a été marqué par le tragique de la condition humaine :

Quant à cette malédiction de la Loi, le Christ nous en a rachetés en devenant, pour nous, objet de malédiction, car il est écrit : Il est maudit, celui qui est pendu au bois du supplice. (Ga 3,13)

Comme le peuple juif du temps était asservi à la loi et à tous les absolus sacrés qui l’accompagnaient, le Fils a partagé leur condition, esclave parmi les esclaves.

Mais le but de cette venue dans notre condition humaine, c’était de faire éclater l’esclavage de l’homme et ainsi de racheter l’humanité par le mystère de sa mort-résurrection :

Mais lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et soumis à la loi de Moïse, afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi et pour que nous soyons adoptés comme fils. (Ga 4,4-5)

Quant à cette malédiction de la Loi, le Christ nous en a rachetés en devenant, pour nous, objet de malédiction, car il est écrit : Il est maudit, celui qui est pendu au bois du supplice. Tout cela pour que la bénédiction d’Abraham s’étende aux nations païennes dans le Christ Jésus, et que nous recevions, par la foi, l’Esprit qui a été promis. (Ga 3,13-14)

Le Christ ne nous a pas sauvés de l’extérieur, sans se compromettre; il est descendu au plus profond de notre esclavage pour le briser de l’intérieur.

Voilà pourquoi la mort-résurrection du Christ est le mystère qui fonde la liberté chrétienne et la possibilité de libération plénière de l’homme.

L’Esprit du Christ, dynamisme intérieur et source de liberté

Par ailleurs, la source immédiate de la liberté du chrétien c’est l’Esprit du Christ en lui :

Et voici la preuve que vous êtes des fils : Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba! », c’est-à-dire : Père! Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils, et puisque tu es fils, tu es aussi héritier : c’est l’œuvre de Dieu. (Ga 4,6-7)

En effet, par la mort-résurrection du Christ et par le don de son Esprit, les croyants sont passés de l’état d’esclave à l’état de fils de Dieu; et comme fils, ils sont devenus héritiers des biens du salut et dotés de la liberté des enfants face à un Père aimant.

En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils; et c’est en lui que nous crions « Abba! », c’est-à-dire : Père! (Rm 8, 14-15)

Le chrétien est donc libre parce qu’il agit sous l’impulsion d’un dynamisme intérieur qui n’est nul autre que l’Esprit même du Christ en lui.

La loi, en tant que principe extérieur à l’homme, ne pouvait lui conférer cette liberté profonde dans son agir.

Libéré d’un Dieu-maître que l’on craint

L’Esprit libère le croyant de toute crainte en face de Dieu à qui on peut maintenant donner en toute confiance le titre de Père.

Avant Jésus, aucun Juif n’avait osé dans ses prières interpeller Dieu sous le titre familier d’Abba, c’est-à-dire, papa.

Jésus fut le premier à se permettre une telle audace.

Les chrétiens, sous l’impulsion de l’Esprit, continuèrent l’exemple du Maître :

Et voici la preuve que vous êtes des fils : Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba! », c’est-à-dire : Père! (Ga 4,6)

Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils; et c’est en lui que nous crions « Abba! », c’est-à-dire : Père! (Rm 8,15)

Pour les chrétiens, Dieu est essentiellement un Père.

Cette conviction est des plus libératrice, du moins sur le plan religieux.

À suivre…