Paroles et vie chrétienne

Incroyable que la force des mots. Ils peuvent blesser une personne comme ils peuvent panser ses plaies. Ils peuvent abattre une personne comme ils peuvent la relever. Ils peuvent…

Une histoire qui en dit long

Les pères du désert étaient sensibles aux ravages de la calomnie et de la médisance.

On raconte à ce sujet l’histoire de ce novice à la langue percutante, toujours prêt à ironiser sur la piété relative de ses frères.

Son ancien lui dit : « Va me chercher un dindon. »

Le jeune homme en trouva un, il le présenta à l’ancien qui lui dit : « Maintenant, plume-le. »

Le novice obéit.

Une fois le dindon plumé, l’ancien demanda au novice : « Maintenant remet ses plumes. »

Le jeune homme étonné demanda : « Mais comment est-ce possible, on ne remet pas ses plumes à un didon que l’on vient de plumer…? »

Justement, ajouta le vieillard avec tendresse, on ne refait pas la réputation de quelqu’un que l’on a détruit par ses paroles.

Garde-toi de médire de ton frère.1

Une parole belle et vraie

L’apôtre Paul qui a misé toute sa vie de converti sur l’usage de la parole au service de l’Évangile, était particulièrement sensible à l’usage de celle-ci dans la vie quotidienne.

Aucune parole mauvaise ne doit sortir de votre bouche; mais, s’il en est besoin, que ce soit une parole bonne et constructive, profitable à ceux qui vous écoutent. (Paul aux Éphésiens, chapitre 4, verset 29)

Pour qui veut grandir dans la vie chrétienne, il existe un lien étroit entre croissance humaine, vie spirituelle et l’usage de la parole.

La valeur de notre vie relationnelle, qu’elle soit avec nous-même, Dieu ou les autres, dépend en grande partie de la qualité de nos paroles.

Sans oublier le silence et l’écoute

Jean Chrysostome, cet homme à la « bouche d’or », savait également reconnaître la valeur du silence :

Si l’on est dans le cas de prononcer des paroles déraisonnables, il vaut mieux se taire, car à rester silencieux, il y a aura plus de sagesse qu’à parler.2

Les paroles nuisibles comme inutiles sont à bannir.

Clément d’Alexandrie savait également combien il est important de savoir se taire pour apprendre à écouter :

Bien écouter, c’est comprendre.3

À trop parler, on risque de s’étourdir soi-même et de se retrouver dans l’incapacité de découvrir l’autre.

  1. Jean-Yves Leloup, Écrits sur l’hésychasme, Albin Michel, 1990.
  2. Jean Chrysostome, Commentaire sur Job I, Sources Chrétiennes no 346, Cerf, 1988, p. 345.
  3. Saint Clément d’Alexandrie, Stromate II, Sources Chrétiennes no 38, p. 45.