Laissez-vous guider par l’Esprit

Présentation de l’ouvrage “Laissez-vous guider par l’Esprit” – Petit traité de théologie spirituelle. Michel Rondet, jésuite, nous convie à un véritable parcours mystique de la vie chrétienne, avec ses principaux guides et ses grands repères d’authentification.

RONDET, Michel, Laissez-vous guider par l’Esprit – Petit traité de théologie spirituelle, Bayard, 2005, 167 p.

Introduction

Michel Rondet, jésuite, nous convie à un véritable parcours mystique de la vie chrétienne, avec ses principaux guides et ses grands repères d’authentification.

Par-delà les frontières, culturelles et religieuses, tout s’origine dans ce Souffle divin qui met l’homme debout face à sa vie et à sa mort et l’engage dans une quête insatiable de sens. (p. 163)

Tout en étant sensible à l’expérience spirituelle qui est offerte à toute l’humanité, l’auteur scrute l’apport original de la Révélation chrétienne pour qui se risque à l’aventure intérieure :

Cette vie que nos contemporains qualifient de spirituelle, d’où vient-elle, comment s’inscrit-elle en nous, qu’est-ce qu’elle implique, où nous conduit-elle? Autant de questions que la Révélation chrétienne accueille et porte dans une perspective qui reste ouverte à toutes les recherches spirituelles des hommes. C’est à sa lumière que nous allons tenter de les aborder. (p. 8)

Dans les pages qui suivent, nous vous proposons quelques extraits assortis de quelques commentaires de cet excellent ouvrage.

Table des matières de l’ouvrage

Introduction

Accueillir le Dieu qui vient à nous

Naître d’en haut

Vers la rencontre qui sera notre béatitude

Sur notre chemin, des phares

Conclusion – Une spiritualité pour notre temps?


Extraits #1

La caractère universel de l’expérience spirituelle

Michel Rondet insiste sur le fait que c’est le quotidien lui-même qui est appelé à être renouvelé de l’intérieur :

Elle (l’expérience spirituelle) peut exister en tout homme antérieurement à toute annonce de l’Évangile et à toute adhésion à un credo quelconque. Elle peut se vivre au cœur même des situations les plus profanes : l’attention à la vie, l’émerveillement devant la beauté, le surgissement de la liberté face aux pesanteurs de l’histoire, l’effort pour vivre une vie plus humaine. Toutes situations qui, sans avoir de connotations religieuses précises, peuvent être des lieux où se révèle la dimension spirituelle de l’homme. (p. 19)

Une Vie qui fait grandir la liberté

Michel Rondet nous invite à découvrir un Dieu qui, paradoxalement, se reconnaît à la liberté qu’il suscite en nous :

Il est à la fois plus intime en nous que nous-mêmes et cependant plus grand que nous. Il nous faut découvrir une transcendance que nous ne soupçonnions pas. Aussi peut-il à la fois nous transformer et nous respecter. Cette force transfigurante qui vient nous soulever ne nous est pas étrangère, elle nous pénètre sans détruire notre liberté. L’Esprit qui se joint à nous vient l’épanouir. (…) Nous n’avons pas à choisir entre Dieu et notre liberté. Le Dieu qui nous appelle à la vie par amour est aussi celui qui nous rend libres. (p. 23)

« Si tu savais le don de Dieu! » (Jn 4,10)

La nature profonde de Dieu? Être oubli de soi pour être offrande…

La Samaritaine s’attendait à recevoir un cadeau qui la libérerait de ses corvées d’eau, elle a reçu une source d’eau vive qui va s’épanouir pour elle en vie éternelle. Elle a reçu aussi, implicitement, une révélation pour nous capitale : Dieu est essentiellement don, et don gratuit. À la suite de saint Jean nous sommes habitués à dire « Dieu est amour », mais le mot amour a été tellement banalisé et défiguré que la formule ne dit presque plus rien. Peut-être « Dieu est don » pourrait-il prendre le relais et signifier que la nature profonde de Dieu est d’être oubli de soi pour être offrande. Offrande de son amour, de son pardon, de tout son être, comme le Père du prodigue. (p. 22-23)

Extraits #2

Retrouver le vrai visage de Dieu

Le visage du Dieu présenté dans les Évangiles, à travers les faits et gestes de Jésus, ne revêt pas les traits que les hommes lui donnent communément et spontanément :

Nous avons en effet surchargé le visage de Dieu de bien des traits qui n’appartiennent pas au Dieu de Jésus. Aussi la vie spirituelle va-t-elle consister pour une part à débarasser le visage de Dieu de tous les attributs dont nous l’avons affublé pour le retrouver tel que Jésus nous le présente. « Nul n’a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l’a fait connaître ». (Jn 1,18). (p. 29)

Pour le chrétien, Jésus nous libère des faux visages de Dieu, des idoles génératrices de culpabilité et de servilité. Jésus révèle un visage de Dieu qui peut susciter le désir et la joie de l’aimer : la méditation de l’Évangile étant une voie royale pour l’accueil du don de Dieu.

Voici quelques « traits » du visage du Dieu révélés par Jésus de Nazareth (p. 30) :

« J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger » (Mt 25,15)

Ce texte nous rappelle que la charité est au centre de message évangélique. Il est porteur d’une signification théologique profonde :

Il nous révèle un nouveau visage de Dieu – « celui qu’on peut si fort blesser en blessant l’homme ». (…) ce que vous avez fait au plus petit, c’est à moi que vous l’avez fait. (p. 33)

Citant le P. Moingt, Michel Rondet dit que la plus grande révolution religieuse accomplie par Jésus, c’est d’avoir ouvert aux hommes une autre voie d’accès à Dieu que celle du sacré, à savoir, celle de la « voie profane de la relation au prochain » :

Les droits de l’homme sont les droits de Dieu et toute atteinte à la dignité de l’homme transperse le cœur de Dieu (p. 34).

Ce visage de Dieu qu’on peut blesser en blessant l’homme relativise les frontières religieuses que l’évolution de l’humanité a pu établir entre les hommes. (…) les chrétiens peuvent alors découvrir que Jésus est vraiment le Sauveur universel, même de ceux qui ne l’ont jamais connu. Ils l’ont rencontré en vivant le « sacrement du frère ». (p. 35)

Extraits #3

Naître d’en haut (Jn 3,1)

La nouvelle naissance consiste à être de plus en plus disponible à l’action de l’Esprit, au Dieu qui vient respectueusement à nous :

Outre la révélation explicite de son existence, Dieu vient déjà à nous, à la source même de notre existence, dans le Souffle créateur qui nous appelle à la vie. (p. 9)

C’est donc à une activité à l’intérieur d’une passivité que nous sommes appelés. Nous avons à nous engager tout entiers, mais en sachant que c’est un Autre qui a l’initiative. Quoi que nous fassions, nous sommes toujours prévenus par l’amour de Dieu; ce qui ne nous dispense pas, au contraire de nous investir totalement dans la réponse que nous donnons. (p. 40)

Des guides possibles

À la toute fin de son ouvrage, Michel Rondet nous présente un aperçu de guides qui peuvent soutenir notre marche. Notons que ces auteurs l’ont particulièrement aidé dans son propre parcours :

Comme le souligne l’auteur :

Sur ce chemin, nous ne sommes pas seuls, des hommes et des femmes nous ont précédés. Certains ont laissé un témoignage de leur itinéraire, d’autres ont suscité des disciples qui ont mis en lumière la fécondité de leur exemple. Nous en évoquerons très rapidement quelques-uns, comme une invitation à poursuivre et à approfondir ce qui aura été brièvement évoqué au long de ces pages. (p. 10)

Mentionnons que nous avons été particulièrement touché par le témoin qu’est Etty Hillesum, cette jeune femme de 29 ans qui est décédée à Auschwitz (camp de concentration et d’extermination nazi), en Pologne. Son témoignage est exceptionnel. Voici quelques extraits du livre de Michel Rondet à son sujet :

Elle découvre alors qu’au fond d’elle-même il y un puits très profond et, dans ce puits, Dieu. Découverte qui l’étonne, qu’elle hésite à nommer avant de la reconnaître pleinement. (…) Un Dieu qui n’est lié à aucune Église ou tradition, mais se révèle à ceux dont la conscience n’admet pas de compromis avec la haine (p. 155-156)

Le Dieu qu’elle prie et qui est sa joie est aussi le Dieu qu’on peut prier à Auschwitz. Pas le Dieu « tout-puissant » qui aurait pu intervenir pour empêcher l’innommable, mais le Dieu désarmé de l’Évangile qui souffre de ce que les hommes ont fait de cette liberté qu’il leur a donnée et qu’il respecte. (p. 156)

Elle retrouve alors une attitude profonde de la spiritualité de son peuple : construire pour Dieu un temple à la mesure de sa sainteté, et c’est dans cœur à elle qu’elle va s’efforcer de l’édifier : « Je vais t’aider mon Dieu à ne pas t’éteindre en moi (…) Il m’apparaît de plus en plus clairement à chaque pulsation de mon cœur, que tu ne peux pas nous aider, mais que c’est à nous de t’aider et de défendre jusqu’au bout la demeure qui t’abrite en nous (…) Je t’offrirai toutes les fleurs rencontrées sur mon chemin (…) Je veux te rendre ton séjour le plus agréable possible. » (p. 156)