La puissance de Dieu… à la lumière de Jésus-Christ

En Jésus-Christ, la toute-puissance de Dieu prend donc un tout autre Visage, soit celui de la « force d’aimer » (Martin Luther King)

Cet article s’inspire à titre particulier de deux excellents ouvrages : Simone Pacot, L’évangélisation des profondeurs, Cerf, 2002 et François Varillon, Joie de croire, joie de vivre, Centurion, 1981.

Les idoles dans la Bible

Dans l’Ancien Testament, les prophètes ont souvent mis en garde le peuple d’Israël contre les « faux dieux », ceux qu’ils appelaient les « idoles ».

Pourquoi? Tout d’abord parce que les idoles n’existant pas, elles ne sauraient être garantes d’une promesse de bonheur. Miser sur elles, c’est un peu comme miser « sur du vide ».

Mais il y a plus… car l’idée même qu’on se fait du « faux dieu » nous égare et nous fait du tort :

Et nous, en quel Dieu croyons-nous?

« Dieu est une recherche » dira Maurice Zundel. On ne finira jamais de découvrir son Visage. Mais pour les chrétiens, Jésus de Nazareth demeurera toujours le plus beau et le plus vrai des chemins vers Dieu.

La notion ambiguë de la puissance de Dieu

Bien sûr, Dieu doit être étonnamment puissant pour créer le monde par sa simple parole : « Dieu dit… et il en fut ainsi » (Gn 1).

De plus, n’est-ce pas grâce à lui que tout ce qui existe tire sa source dans l’instant même? « Car c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17,28a)

Pour peu que nous contemplions l’immensité de la mer, l’imposante solidité d’une montagne ou les vastes espaces d’un ciel étoilé, nous pressentons que Dieu est un être à part, doté d’une force prodigieuse. Pas étonnant que l’attribut « Tout-Puissant » lui soit réservé!

Et pourtant…

L’idée de Puissance est ambiguë, une puissance peut faire beaucoup de bien, mais aussi beaucoup de mal. (François Varillon, Joie de vivre, joie de croire, p. 25)

Au fait, souvent utilisée en liturgie, l’expression « Dieu tout-puissant » peut prêter à confusion…

Contre un tel « tout-puissant », pas étonnant que plusieurs cherchent à se protéger, à se défendre et à sauver leur précieuse liberté! Après tout, ne désire-t-on pas être soi-même?

La puissance de Dieu à notre image

Dans un monde où il faut souvent chercher à prendre sa place, à se tailler une place, il est fréquent d’entrer en compétition avec les autres.

Du désir d’être gagnant nous pouvons facilement passer au désir d’être sans reproche ou infaillible et pourquoi pas… tout-puissant! Et… avec la manie d’être tout-puissant vient souvent la manie de tout vouloir contrôler.

Comme l’on est porté à voir à partir de ce que l’on est, nous allons naturellement nous représenter la toute-puissance de Dieu à l’image de notre désir d’être tout-puissant.

Et qui désire subir les possibles abus de pouvoir de quelqu’un tout-puissant, voire de contrôlant?

La toute-puissance de Dieu selon Jésus-Christ

« Cependant, Jésus proclama : “Qui croit en moi, ce n’est pas en moi qu’il croit, mais en celui qui m’a envoyé, et celui qui me voit, voit aussi celui qui m’a envoyé.” » (Jn 12,44-45)

Pour le chrétien, Jésus n’est pas seulement un « homme de Dieu » mais celui en qui le Dieu invisible se fait proche comme jamais dans l’un des nôtres.

Et que dit-il sur la « toute-puissance » de Dieu? Tout simplement ceci : le Dieu invisible n’est pas un « tout-puissant qui aime » mais plutôt un « amour tout-puissant ».

« Dieu est Amour » nous dira saint Jean (1 Jn 4,16).
L’Amour est son être, le cœur même de Dieu, et non pas un attribut secondaire qui graviterait en périphérie de sa toute-puissance.

Découvrir les mœurs de Jésus, c’est nous mettre sur la route de la découverte des mœurs de Dieu. Par ses paroles et ses actes, Jésus nous révèle Dieu. Son être est Parole.

Voici quelques signes de cet Amour tout-puissant manifesté en Jésus :

En Jésus-Christ, la toute-puissance de Dieu prend donc un tout autre Visage, soit celui de la « force d’aimer » (Martin Luther King).

Ouvrons sans crainte la porte à cet amour-là. En même temps que l’amour, vont entrer la lumière et la vérité, mais elles vont œuvrer à la manière du Christ, et cela est sans danger : « Car le Père lui-même vous aime » (Jn 16,27). Nous ne serons jamais détruits, contraints, massacrés ou abandonnés.

Éveillons-nous aux constantes et multiples manifestations de l’amour de Dieu dans notre vie, à sa présence à l’œuvre à chaque moment de notre existence. Vivons la gratitude au lieu des murmures et des plaintes. Entrons dans le bonheur d’être, d’exister.

(Simone Pacot, L’évangélisation des profondeurs, p. 33)