Jésus, le Prodigue du Père

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Un livre testament de la plume d’un grand théologien

Un livre bouleversant, rempli d’intuitions très riches, qui ouvre toute grande la réflexion, qui sort des sentiers battus. L’auteur rapproche de façon audacieuse la parabole du fils prodigue des réflexions de Paul et de plusieurs passages des évangiles.

Jésus, le Prodigue du Père, Henri Denis, Éditions Paulines et DDB, 2001, 141 p.

Un livre inspiré comme seul un théologien en fin de carrière peut en produire. On sent la synthèse achevée, longuement mûrie. Les premiers balbutiements du jeune professeur de théologie sont loin derrière.

Jésus, le prodigue du PèreL’auteur nous fait part avec beaucoup de nuances d’hypothèses plus osées, sans crainte de se faire rabrouer. Il rapproche de façon audacieuse la parabole du fils prodigue des réflexions de Paul et de plusieurs passages des évangiles. Un livre testament, lumineux, parfois déboussolant.

Dans sa réflexion, l’auteur se refuse à faire de la parabole du fils prodigue une allégorie de la vie de Jésus. Il procède plutôt par rapprochements avec d’autres textes bibliques. Ceux-ci sont parfois étonnants, toujours éclairants. Nous sommes mis en face d’un « autre » Christ.

Le texte de Philippiens 2 introduit le départ du Prodigue, son dépouillement : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur ». Il renchérit avec ce texte de Paul : « Vous connaissez la générosité de Notre Seigneur Jésus Christ qui, pour nous, de riche qu’il était s’est fait pauvre pour nous enrichir » (2 Co 8,9).

Toujours selon l’auteur, le Christ vit une vie de folie : il partage la table des pécheurs; il accueille les prostituées. « Dieu l’a fait péché pour nous » (2 Co 5,21).Le Christ a pris, revêtu, assumé le péché. « Il est l’agneau qui porte le péché du monde » (Jn 1,29).

Un jour, le Prodigue rentre en lui-même. « Ai-je vraiment fait le bon choix : la folie du péché assumé? » 

La passion est développée sous ses deux aspects : la croix douloureuse, ignominieuse, avec le silence du Père : « Tout fils qu’il était, il apprit par ses souffrances l’obéissance » (He 5,8). Puis la face lumineuse de la croix est évoquée par le retour en gloire du Prodique accueilli par le Père. Pour cet aspect, l’auteur exploite le tableau de Rembrandt.

Le repas et la fête sont rapprochés de l’eucharistie, le repas du Royaume. Le fils aîné évoquerait le peuple choisi qui s’interroge et accuse mais que le Père accueille avec bienveillance. Enfin, l’auteur termine son ouvrage par une réflexion sur l’Église, une Église à genoux avec le Christ devant le Père, qui renonce aux abus de pouvoir, qui se fait miséricorde, tendresse, accueil… comme le Père.

Un livre bouleversant, rempli d’intuitions très riches, qui ouvre toute grande la réflexion, qui sort des sentiers battus.

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