La petite histoire d’un dogme

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Immaculée Conception et collégialité


8 décembre 2020


Lorsqu’en 1854 Pie IX convoque ses frères évêques à Rome pour officialiser l’Immaculée Conception de la Vierge Marie déjà bien ancrée dans la piété populaire, il allait faire vivre à toute l’Église une expérience décisive, celle de la redécouverte de l’une de ses dimensions fondamentales.

La naissance d’un dogme

Marie - Piété populaireLa date du 8 décembre de chaque année, fête de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, marque un temps fort dans le vécu de l’Église.

Très tôt elle a affirmé sa foi concernant la Mère de Jésus mais il a fallu plusieurs siècles avant que celle-ci ne se précise.

Même si déjà saint Irénée, premier évêque de Lyon, avait pressenti l’immaculée conception de Marie – ne l’appelait-il pas la Nouvelle Ève – il faut attendre le 15e siècle pour que cette dimension de Marie conçue sans péché commence à être célébrée liturgiquement et le 19e siècle pour qu’un dogme la définisse.

Sa petite histoire

Par ailleurs ce que l’on sait moins, c’est que quelque chose d’autre se dissimule discrètement sous cette fête de l’Immaculée Conception et plus précisément sous la déclaration dogmatique de 1854. C’est sa petite histoire.

Lorsque Pie IX décide de mettre un terme à la controverse théologique qui agite l’Église depuis près de dix siècles, il crée une commission de théologiens et amorce une consultation auprès de tous les évêques du monde pour connaître leur opinion. Comme 546 réponses sur les 603 reçues sont favorables, il juge opportun de proclamer le dogme. Reste sa formulation.

Une commission est alors chargée de préparer un projet mais le pape décide d’inviter les évêques à se rendre à Rome. Ils pourront ainsi donner leur avis et assister aux cérémonies de sa proclamation. Ils seront nombreux à s’y retrouver.

Parmi ceux-ci l’évêque de Montréal, Mgr Ignace Bourget qui par ailleurs profite de son séjour en Europe pour passer près de trois mois à Vourles, en France, dans le diocèse de Lyon. Il y est l’hôte du père Louis Querbes curé de la paroisse et fondateur des Clercs de Saint-Viateur.

Les évêques se retrouvent à Rome

Jamais depuis le concile du Latran en 1215 autant d’évêques ne se sont retrouvés réunis à Rome.

Vatican - RomeEt il semble qu’ils y prennent goût. D’ailleurs Pie IX fut presque pris au dépourvu. Les sessions de travail se multiplient alors qu’approche la date prévue pour la promulgation.

Cette assemblée exceptionnelle d’évêques préfigure alors le retour à la pratique de la collégialité conciliaire mise en veilleuse depuis l’interminable concile de Trente auquel, en pratique, peu d’évêques avait participé et cela dans des conditions très difficiles.

C’est donc fort de cette expérience et dans sa foulée en quelque sorte, que, pratiquement trois cent ans après la fin du concile de Trente, Pie IX convoque en 1869 le premier concile du Vatican.

On redécouvre la collégialité

Ainsi Marie aura entraîné dans son sillage la redécouverte de la collégialité, si bien que ne sont pas rares ceux qui dans l’entourage même de Pie IX affirment que « le plus important n’est pas tant dans le nouveau dogme – déjà bien ancré dans la piété populaire – mais dans la manière dont il est proclamé… ».

Le journaliste français Louis Veillot n’hésite d’ailleurs pas à en témoigner dans ses reportages.

Un cadeau Marial

Voilà donc un peu de ce petit trésor qui se cache aussi sous cette fête de l’Immaculée Conception.

Marie Immaculée ConceptionD’un côté, une invitation à célébrer Marie, une femme, la comblée-de-grâce, la bénie entre toutes, l’humble servante toute belle dans sa capacité d’aimer sans limite parce que privilégiée du Père.

Une femme, celle qui enfante au monde le Fils, celle qui demeure notre sœur en humanité dont le destin est de nous montrer le chemin pour que se réalise enfin le projet de Dieu.

De l’autre, il y a ce regard à porter sur l’Église dont elle est la préfiguration, une Église qui ne peut être qu’humble, fraternelle, profondément humaine et… collégiale!

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