Directoire général pour la catéchèse

Le Directoire général pour la catéchèse est un instrument théologique et pastoral de nature à orienter et coordonner le ministère de la parole et de la catéchèse.

Le terme « Directoire »

Le mot est peu connu en dehors de la sphère du droit commercial et du monde religieux. Dans le premier cas, il équivaut au conseil de direction d’une société. Dans le second, il réfère aux coutumiers de jadis, dans lesquels les charges de chaque jour étaient indiquées. De nos jours, les auteurs religieux lui ont prêté des sens additionnels. Mais là, des précisions s’imposent.

Un « directoire » n’est pas un simple livre d’instructions ou de consignes données par une autorité. Il n’est pas une liste de règles à suivre pour remplir une tâche ou réaliser un ouvrage.

Un « directoire » est plutôt un document qui regroupe l’ensemble des principes, critères et repères, qui permettent de guider l’action à poser, d’établir la marche d’un travail à réaliser.

Le Directoire général pour la catéchèse (DGC) est l’instrument théologique et pastoral dans lequel un comité d’évêques et d’experts en théologie et en catéchèse a rassemblé les réflexions et les principes fondamentaux, de nature à orienter et coordonner le ministère de la parole et de la catéchèse. On l’appelle directoire « général » pour le distinguer des directoires particuliers, réalisés par les différents diocèses à travers le monde.

Le Directoire catéchétique de 1971

En vue d’orienter et promouvoir l’activité catéchétique dans l’Église, le concile Vatican II (1962-65) avait souhaité la rédaction d’un « Directoire sur l’enseignement catéchétique du peuple chrétien ». C’est ainsi qu’en 1971, paraissait le Directoire catéchétique général. À la lumière des perspectives du concile, ce document récoltait le fruit des expériences, des intuitions et de la réflexion du mouvement catéchétique depuis le début du siècle.

« Malgré ses limites, écrit le père André Fossion, s.j., ce document apportait un souffle nouveau et une libération par rapport à la tradition quatre fois séculaire de l’enseignement du catéchisme: “des vérités à croire, des commandements à observer et des sacrements à recevoir” ». Pendant les trois décennies suivantes, il a guidé les Églises particulières sur le long chemin du renouveau de la catéchèse. Il a constitué une référence, tant pour le contenu que pour la pédagogie et les méthodes à suivre.

Le Directoire actuel pour la catéchèse

Plus de 25 ans après sa parution, il était devenu nécessaire de réviser ce directoire. Comme le souligne le Directoire Général pour la catéchèse (DGC) publié en 1997, il convenait tout d’abord de mieux cerner les nouveaux défis de la tâche catéchétique dans un monde en constante évolution et de tirer partie de l’expérience accumulée en ce domaine depuis le dernier concile.

Il fallait surtout prendre en compte l’apport précieux de l’enseignement ecclésial contenu dans quelques textes majeurs, écrits, pour la plupart, à la suite des divers synodes des évêques : sur l’évangélisation (1974), sur la catéchèse (1977), sur la vocation des laïcs (1987). Nourries de la réflexion de ces assises, ces interventions devaient marquer de façon décisive le présent et l’avenir de l’évangélisation et de la catéchèse. Voici les titres de ces publications :

Il fallait enfin adapter le Directoire à la situation nouvelle créée par la parution en 1992 du Catéchisme de l’Église catholique. Cet événement, riche de signification pour l’Église universelle, de même que les autres prises de parole mentionnées ci-dessus, imposaient une révision du DGC, afin d’adapter cet instrument théologique et pastoral précieux aux nécessités nouvelles de notre temps et lui permettre de guider et re-dynamiser l’entreprise catéchétique.

Ce Directoire de 1997 constitue un volume de près de 300 pages qui compte cinq parties. Après avoir situé la place et la fonction propre de la catéchèse au sein des diverses formes du ministère de la Parole, il identifie les sources et les points de référence de la catéchèse. Il met ensuite en relief les grandes lignes d’une pédagogie de la foi, inspirée de la pédagogie divine elle-même.

La quatrième partie donne un aperçu des situations fort différentes (selon l’âge, l’avancement dans la foi, les milieux, les cultures, etc.) des personnes auxquelles s’adresse la catéchèse. Enfin, parce que les Églises locales sont les centres de gravité de la catéchèse, le Directoire leur laisse les questions particulières du ministère de la catéchèse, de ses agents, de la formation des catéchistes et de l’organisation de l’activité catéchétique.

Quelques traits significatifs

La catéchèse dans l’action pastorale de l’Église

Comme l’avait fait le Directoire de 1971, le DGC de 1997 établit la place primordiale de la Bible dans le processus catéchétique. Il réaffirme la nécessité de communautés ecclésiales vivantes comme support de la catéchèse et redit l’importance de la prise en compte de l’expérience humaine dans la pédagogie catéchétique. Enfin, il retient la proposition d’une solide organisation catéchétique au niveau des Églises locales (ou diocèses) et d’une formation adaptée des catéchistes. Cependant, au-delà de ces consensus, le Directoire introduit un certain nombre d’orientations nouvelles.

Cinq traits plus significatifs

1er trait

Le DGC resitue la catéchèse dans l’ensemble d’un « processus global d’évangélisation ». Comme l’a indiqué l’Assemblée des évêques du Québec (AEQ), en octobre 2001, « ce processus comporte trois moments essentiels à respecter :

Les auteurs du DGC ont présenté ces différentes activités comme trois types de catéchèse : la catéchèse de « annonce », orientée vers la conversion; la catéchèse d’initiation, centrée sur les fondements de la foi et destinée à favoriser la profession de foi explicite et agissante, en lien avec les sacrements de l’initiation (baptême, eucharistie, réconciliation et confirmation); enfin, la catéchèse permanente en vue d’approfondir la grâce de la foi et l’engagement chrétien.

2e trait

Le catéchuménat baptismal (ou l’initiation « catéchuménale » des adultes). Le mot « catéchumène » remonte aux premiers siècles de l’Église. Il désignait alors ces adultes, étrangers à la foi chrétienne, qui initiaient une démarche de conversion devant les conduire au baptême.

Selon le DGC, cette démarche, dans les situations de première annonce de l’Évangile, est celle qui exprime le mieux la nature de la catéchèse et son insertion dans l’action missionnaire de l’Église. Le catéchuménat baptismal est en quelque sorte, le modèle inspirateur de toute catéchèse.

3e trait

La catéchèse comme formation intégrale. Comme l’indique André Fossion, « cette perspective n’est pas nouvelle, mais le DGC y revient avec insistance. La catéchèse n’est pas qu’un enseignement; elle doit conduire à susciter sans cesse une véritable conversion. Elle n’est pas seulement une préparation sacramentelle; elle doit aussi contribuer à insérer dans la communauté chrétienne et sensibiliser aux tâches d’humanisation au nom de l’Évangile ».

4e trait

La remise en valeur des catéchismes. L’une des plus grandes nouveautés du DGC est la remise en valeur du genre « catéchisme ». Pas question, bien sûr, de recourir à la formule « questions-réponses », promue jadis par le « petit catéchisme ». Mémoriser des vérités et des attitudes chrétiennes sera toujours différent et loin d’une démarche d’éducation de la foi! Le genre « catéchisme » est plutôt une synthèse de la foi adaptée aux catéchisés; en d’autres termes, la mise en forme d’un texte simple qui exprime l’essentiel de ce que l’Église croît, vit et célèbre.

En faisant la promotion du catéchisme, le DGC ne le considère pas comme la solution au défi de la tâche catéchétique… En matière d’éducation de la foi, ce qui importe est et sera toujours le témoignage du catéchiste et celui d’une communauté chrétienne vivante. Pour la rédaction des catéchismes locaux, le DGC invite à recourir au Catéchise de l’Église catholique promulgué en 1992.

Cependant, ils ne peuvent être de simples résumés ou des synthèses du Catéchisme universel. Selon les termes mêmes du DGC : « un catéchisme local doit proposer la synthèse de la foi en fonction du milieu culturel concret où vivent les catéchumènes et les catéchisés. Il doit assumer les expressions originales de vie, de célébration et de pensées chrétiennes ».

5e trait

Les exigences de l’inculturation. L’exigence d’inculturation est bien présente dans le DGC. La présentation du message évangélique requiert une inculturation. Mais en quoi consiste l’inculturation de la foi? Toujours inachevée, sans cesse à reprendre, celle-ci est beaucoup plus qu’une adaptation superficielle ou un vernis décoratif. « Admirable échange » entre la foi et les cultures, dit le DGC, l’inculturation assume toutes les richesses de celles-ci, tout en leur apportant « la force transformatrice et régénératrice de l’Evangile ». Il s’ensuit un enrichissement pour la foi et pour les cultures.

Selon le DGC, « cela détermine tout un processus dynamique et synergique : s’efforcer de percevoir dans la culture des peuples comme l’écho de la Parole de Dieu : y discerner les éléments authentiquement évangéliques ou du moins ouverts à l’Évangile; purifier ce qui est sous le signe du péché (passions, structures du mal) ou de la fragilité humaine; ouvrir une brèche dans le cœur de l’homme pour le conduire progressivement à une conversion radicale à Dieu, au dialogue avec les autres, à la maturité intérieure ». La catéchèse est par excellence un foyer d’inculturation en acte.