Le Dieu de l’Évangile est un Dieu intérieur

Maurice Zundel, ce génie spirituel, selon le témoignage même du pape Paul VI, nous convie à l’originalité du Dieu de l’Évangile : un Dieu intérieur, un Dieu qui s’offre, un Dieu source de Vie, un Dieu intime, un Dieu Amour.

Nota Bene
Cet article est tiré des pages 64-67 de l’excellent ouvrage intitulé Pour toi, Qui suis-je? – Textes inédits de Maurice Zundel présentés par Paul Debains que nous vous conseillons grandement (Éditions du Jubilé – Le Sarment, 2003). La mise en forme du texte, titres, sous-titres, commentaires et questions sont du Service catéchétique viatorien.

De quel Dieu parlons-nous ?

Ne faudrait-il pas d’abord se demander : de quel Dieu parlons-nous ?
Et ensuite : ce que signifie, dans l’expérience et la foi chrétienne, l’incarnation (Dieu fait homme).

Car il n’y a qu’un seul Dieu que nous puissions connaître, affirme Maurice Zundel, c’est Celui qui est en nous. Plus précisément…

… il n’y a qu’un seul Dieu, soit… :

… il n’y a pas d’autre Dieu que celui-là.

Il n’y a pas d’autre Dieu que celui dont saint Augustin disait : « Il est la Vie de notre vie ».

Commentaire – Maurice Zundel nous invite à découvrir le Visage d’un Dieu intime (Emmanuel, qui signifie « Dieu-avec-nous »). Un Dieu à la Source de notre être.

Le vrai ciel de Dieu, c’est nous-mêmes

Alors nous voyons tout de suite que la formule « Il est descendu du ciel » n’est qu’une image, vénérable certes, mais une simple image qui pouvait parler aux anciens puisqu’ils voyaient le ciel là-haut avec plusieurs sphères emboîtées les unes dans les autres, et tout là-haut, au-dessus d’une voûte en lapis-lazuli en laquelle les étoiles étaient plantées comme des clous d’or, il y avait le trône de Dieu.

« Il est descendu du ciel », pour nous cela ne veut rien dire puisqu’il n’y a pas pour nous dans le ciel d’en haut et d’en bas : la terre tourne et se meut sur elle-même, il n’y a ni haut ni bas, et le vrai ciel de Dieu, c’est nous-mêmes, c’est au-dedans de nous que se situe le ciel de Dieu et c’est dans l’intimité de Dieu, révélé à une âme, c’est dans le face-à-face de l’amour, que le ciel se fait jour.

Commentaire – Au temps de Jésus, on était loin d’avoir les mêmes connaissances en matière d’astronomie qu’aujourd’hui. La demeure de Dieu était là-haut, au-dessus du firmament. Pourtant, déjà Jésus, notamment dans l’épisode de la rencontre de la Samaritaine sur le bord du puits, nous indique que la véritable demeure de Dieu se situe au cœur de l’être humain : « …celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » (Jn 4,14)

Dieu s’offre toujours à l’être humain

Dieu, d’ailleurs, n’avait pas à descendre du ciel puisqu’il était là, puisqu’il est toujours déjà là.

C’est saint Jean qui nous le dit : « la lumière du monde luit dans les ténèbres et les ténèbres ne la reçoivent pas » : Il est là. Il est dans le monde, et le monde a été fait par Lui, et le monde ne Le connaît pas. Dieu est toujours déjà là. Il n’a pas à venir. Il est là, c’est nous qui ne sommes pas là!

C’est nous qui avons à venir et non pas Dieu, Dieu vient toujours, et justement l’Incarnation ne veut pas dire que Dieu est venu à l’homme, mais que l’homme est venu à Dieu.

(…)

L’humanité était absente à Dieu, qui lui, est toujours déjà au fond du cœur humain, toujours à nous attendre.

Commentaire – Dans le Notre Père, nous disons « Notre Père qui êtes aux cieux ». Remarquez que nous ne disons pas qui est au ciel, mais bien qui est aux cieux. Cette nuance est importante. Dieu n’est pas situé dans un lieu donné puisqu’il est à la Source de l’être. Comme il est écrit dans les Actes des Apôtres : « C’est en Lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être. » (Ac 17,28)

Jésus est une humanité-sacrement : une humanité pleinement transparente à la Présence de Dieu

Dieu dont la lumière n’avait jamais pu être reçue en plénitude par les plus grands génies, les plus grands prophètes et les plus grands saints.

Dieu en face duquel l’humanité avait toujours été plus ou moins absente, a créé dans le sein de Marie une humanité toute neuve, toute transparente, entièrement dépouillée de soi, une humanité incapable de se posséder et de limiter à Dieu à sa mesure, une humanité-sacrement : l’humanité de Notre Seigneur.

Dans l’Incarnation, il y a l’éternelle divinité, qui est toujours déjà là, ET il y a cette nouvelle humanité qui surgit toute neuve, et qui est créée dans le sein de Marie dans cet état d’absolu dépouillement, d’infinie transparence et de totale pauvreté.

Commentaire – Pour Maurice Zundel, le mystère de l’incarnation (« Dieu fait homme ») se situe au niveau de l’humanité de Jésus. Voilà enfin une humanité pleinement transparente à la Divine Présence. Dieu passe à 100% dans une humanité.
« Philippe Lui dit: Seigneur, montrez-nous le Père, et cela nous suffit. Jésus lui dit: Il y a si longtemps que Je suis avec vous, et vous ne Me connaissez pas? Philippe, celui qui Me voit, voit aussi le Père. Comment peux-tu dire: Montrez-nous le Père? » (Jn 14,8-9)

Quelques questions pour aller plus loin

Selon Maurice Zundel, la grande originalité de l’Évangile est de nous révéler un Dieu intérieur. Qu’en pensez-vous?

En quoi le récit de la rencontre de Jésus et de la Samaritaine nous invite-t-il à découvrir un autre Visage de Dieu?

Comme le dit Maurice Zundel, l’humanité de Jésus était pleinement transparente à la Présence de Dieu. En quoi cela nous concerne-t-il? Croyez-vous que Dieu veut également vous faire don de sa Vie en plénitude, en union avec Jésus-Christ?