Bible et culture populaire

Ghislaine Salvail, bibliste québécoise, s’est amusée à retrouver dans la culture populaire, dictons, expressions ou proverbes et même chansons venus tout droit de la Bible. Elle nous partage quelques-unes de ses trouvailles.

Le parler chrétien

La langue française est une langue riche, personne n’en doute. Aussi, au cours des siècles, elle a engrangé de nombreuses expressions issues de diverses origines dont certaines sont connues et d’autres demeurées nébuleuses.

C’est ainsi que la bible, entre autres, est un terreau fertile en expressions  familières, proverbes ou dictons devenus des expressions courantes.

Je vous en propose quelques-unes tout en vous invitant à lire dans la bible l’événement ou le personnage les ayant inspirées. Cela vous fera une bonne raison d’ouvrir ce livre d’une grande richesse et vous renseignera sur la provenance de ces expressions.

De l’Ancien Testament

Expressions

Regardons-en quelques-unes qui nous viennent de l’Ancien Testament :

Proverbes

D’autres expressions ont pris, au fil du temps, valeur de proverbes :

Le livre des Proverbes est également une bonne source d’expressions connues. De plus, elles ont pour richesse de ne pas avoir été transformées par l’usage :

Ce Livre écrit il y a des millénaires fait partie, qu’on le veuille ou non, de notre héritage culturel. C’est ainsi que la Bible colore notre langage et cela au fil des jours et des situations, créant ce qu’on peut appeler le « parler chrétien ».

Autres dictons, proverbes ou expressions

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Le chanter chrétien

Il n’y a pas que nos conversations qui se retrouvent émaillées d’expressions tirées de la Bible.

En fouillant dans mes souvenirs d’enfance, je me suis donnée comme défi de vérifier comment les chansons du folklore français héritées de nos ancêtres, ont pu servir de catéchèse biblique. J’ai commencé par fredonner quelques refrains comme ça, de mémoire…

C’est notre grand-père Noé

Un des premiers textes à références bibliques que j’ai mémorisé fut la chanson qui commençaient par ces mots : c’est notre grand-père Noé, patriarche digne… Le seul Noé que je connaissais c’était un vieil oncle qui avait immigré aux États-Unis et dont ma mère parlait avec une certaine gêne. Le mystère de l’oncle Noé n’a jamais été résolu mais la chanson qui porte son nom a résisté à l’usure du temps.

Les deux testaments

Une autre chanson à saveur biblique a alors monté à mes lèvres et qui donnait comme refrain : il n’y a qu’un seul Dieu qui règne dans les cieux… Et la chanson continuait : On dit qu’il y en a deux, deux testaments, l’Ancien et le Nouveau ho, ho, ho, ho… Je ne connaissais alors que les testaments des dernières volontés des vieilles gens… Quand même! C’est vous dire combien mes connaissances bibliques étaient pauvres. Cependant, à ma défense,  je n’avais que sept ou huit ans, la bible n’était pas encore sur les rayons de notre maigre bibliothèque familiale. Et à l’école, c’était « L’histoire sainte » qui en tenait lieu.

La tête remplie de refrains pieux, je suis allée chercher les albums de chants qui ont nourri mon enfance et je les ai feuilletés avec un brin de nostalgie. Je me suis rendue compte que tout était bien gravé dans la mémoire du cœur et que je pouvais chanter plusieurs de ces chansons presque sans fausses notes… Je me permets d’en tourner les pages avec vous.

D’autres souvenirs, d’autres chansons

Les anges dans nos campagnes demeure ma préférée. Les gravures qui l’accompagnaient frappaient l’imaginaire. L’Écho de nos montagnes n’en était que plus mélodieux. Pour ce qui est de la chanson, D’où viens-tu bergère, elle nous mettait devant une situation inconnue chez-nous, en notre pays de froidure.

Aucune bergère dans la famille proche ou éloignée. Ce qui rendait cette petite fille étrangement singulière. Elle racontait ce qu’elle avait vu dans l’étable : un petit enfant sur la paille fraîche mis bien tendrement. Celui-là, le petit Jésus, nous était bien familier. C’est pourquoi nous aurions bien aimé qu’il y ait des bergères parmi nous pour nous raconter tout ce qu’elles avaient vu.

Quant à La marche des Rois mages, elle nous rendait le texte des évangiles plus accessible. Même s’ils partaient de grands matins on ne se posait pas de question sur le comment ils avaient vu l’étoile. La veille sans doute…

Que dire du Jonas dans la baleine dont je n’ai pas trouvé de traces écrites. Sa situation nous donnait le frisson mais la fin du récit, racontée au catéchisme, rendait les boum boum du refrain plus que joyeux.

Tout cela pour dire que la chanson, tout comme le théâtre, ont beaucoup contribué à nous apprendre les rudiments de ce beau livre qu’est la bible.

Aujourd’hui ce livre a connu un essor considérable chez nous. Il est entré dans les foyers. Mais est-il lu? Les textes sont-ils gravés dans les mémoires. Cela reste à voir…