Beauté des gestes du chrétien

L’auteur, spécialiste en histoire de l’Église, s’adresse à un large public. Il offre à ses lecteurs des réponses pertinentes à des questions suscitées par des gestes pourtant familiers mais dont on ignore souvent l’origine et le sens. D’où vient le signe de la croix ou l’imposition des mains? Pourquoi communier dans la main? Faut-il prier debout ou à genoux? (…)

CHRISTOPHE, Paul, Beauté des gestes du chrétien, Cerf, 87 p.

Petit livre et grand plaisir

Il s’agit d’un petit livre mais dont la lecture offre un grand plaisir. Il a un triple mérite :

Des réponses à des questions délicates

Ce n’est un secret pour personne, la tentation d’un retour à la liturgie du Concile de Trente souffle un peu partout et l’exemple vient de haut. Il est donc d’autant plus important de bien comprendre ce qui a guidé les choix de la restauration liturgique demandée par le Concile Vatican II. Le livre de Paul Christophe est fort utile à ce chapitre. En voici deux exemples.

La tradition de la communion dans la main (puisqu’il faut parler de tradition) est clairement attestée dans la littérature des premiers siècles

L’auteur en rend compte sans difficulté au moyen des catéchèses de Cyrille de Jérusalem, d’Augustin ou d’Ambroise de Milan.

Mieux, l’auteur cite une décision du Concile tenu en l’an 692 à Constantinople en présence de plus de 200 évêques : « On doit recevoir la sainte communion sur les mains tenues en forme de croix et non sur un récipient, fut-il d’or ou d’argent. Cette prescription oblige, sous peine d’excommunication, celui qui distribue la sainte communion comme celui qui la reçoit. »

Voilà qui donne à réfléchir. Mais alors pourquoi s’est-t-on éloigné d’une prescription aussi précise?

Christophe rappelle que « la communion reçue dans les mains correspond à la longue tradition de l’Église. Elle ne disparaît en Occident qu’à partir des Xe-XIe siècles. Cela semble du au rite de consécration des mains du prêtre par une onction d’huile depuis le VIIIe siècle. Les mains du prêtre en reçoivent une nouvelle dignité, mais celles des fidèles en sont indûment dévalorisées. » Lumineux et précieux comme information.

Quant à la prière et particulièrement à l’occasion de l’eucharistie, doit-elle se faire debout ou à genoux?

Si, comme le rappelle Origène vers l’an 234 dans son traité sur la prière : « on doit fléchir les genoux lorsqu’on s’accuse à Dieu de ses propres péchés, en le suppliant pour leur guérison et pour leur rémission » on comprendra qu’il en va tout autrement de ceux et celles qui se savent ressuscités avec le Christ. Leur position est de se tenir debout.

On ne sera pas étonné alors d’entendre Tertullien affirmer au début du IIIe siècle : « Nous considérons comme interdit de jeûner et d’adorer à genoux le dimanche, et nous jouissons de la même immunité de Pâques à la Pentecôte. »

Quant au concile de Nicée, il décrète ce qui suit en l’an 325 : « Comme quelques-uns plient le genou le dimanche et au jour de la Pentecôte, le saint Concile a décidé que, pour observer une règle uniforme, tous devraient adresser leurs prières en restant debout. » On ne peut être plus clair.

C’est avec cette approche que Paul Christophe nous invite à mieux comprendre la position assise, les bras levés, les mains jointes, la prostration et quelques autres gestes qui soutiennent si bien la prière chrétienne.

Un livre indispensable à qui initie à la pratique des sacrements et à la vie chrétienne.