Acteur plutôt que spectateur

On peut diviser les gens en deux catégories : les spectateurs et les acteurs – ceux qui contemplent le monde et ceux qui le transforment; ceux qui sont suspendus à l’actualité, et ceux qui la façonnent. Or, chacun de nous a une mission qu’il faut chercher et trouver; chacun de nous a une contribution à apporter.

Cet article reprend quelques idées de l’ouvrage d’Henri Boulad intitulé « La foi et le sens » que nous vous conseillons grandement (Éditions Médiaspaul, 2014).

Je suis responsable

« Quand chacun de vous prendra l’Évangile au sérieux, le christianisme refleurira. » (p. 90)

Voici l’appel que lance le Père Henri Boulad à chacun d’entre nous.

À propos de l’avenir du christianisme au Québec, la tentation est très grande de rejeter la responsabilité sur les autres. Il est terminé le temps où l’on pensait que l’évangélisation était la tâche exclusive des prêtres et des religieux…

Il revient à chacun de se demander quel est son rôle dans la rechristianisation du Québec. C’est à nous tous qu’il importe d’être « lumière du monde » :

C’est à nous tous d’être prêtre, apôtre, prophète… au bureau, au club, à l’université, dans la rue, dans le métro. Chacun de nous est appelé à être missionnaire. (p. 87)

Car l’Église de demain, une Église à repenser et à réinventer, c’est nous tous qui la ferons.

Nous sommes tous responsables de la foi que nous avons reçue. Une foi à actualiser, une foi signifiante, une foi qui parle au cœur et à l’esprit, une foi qui éclaire la vie. (p. 88)

L’homme moderne ne croit qu’aux faits et au vécu

Plus que jamais notre témoignage doit être notre « première parole » : il s’agit de vivre avant de parler, d’être avant de faire.

En cette ère où nous sommes submergés de mots, l’homme moderne aspire plus que jamais à une parole crédible, à une parole vécue. Pour témoigner, il faut d’abord vivre ce que l’on croit.

Voilà pourquoi il importe que notre foi devienne une expérience vivante et personnelle.

Si chacun d’entre nous ne prend pas chaque jour un temps avec le Seigneur pour se remplir de sa Présence, comment rayonner?

Ce n’est que si la lumière du Seigneur illumine notre cœur que nous deviendrons lumière. Ce n’est pas par une décision de la volonté que l’on témoigne, c’est par sa vie, par une vie chrétienne authentique. (p. 84)

Viens, Esprit de feu…

Pour changer le monde et apporter notre contribution, heureusement, nous ne sommes pas seuls : l’Esprit de Dieu s’offre à nous.

L’évangélisation… c’est beaucoup plus qu’une question de moyens humains.

La Bible foisonne de personnes telles que Moïse, Jérémie, David ou Saint Paul… qui… à un âge avancé ou pas, avec une facilité de parole ou pas, avec une grande culture ou pas… ont fait de très grandes choses.

Oui… de très grandes choses… de véritables merveilles… car ils n’étaient pas seuls : ils étaient habités par l’Esprit de feu, par l’Esprit de Dieu.

Être inventif

Comme l’affirme Maurice Zundel, « Dieu se propose toujours, mais ne s’impose jamais ».

Il est donc inutile de s’attendre à ce que Dieu nous dicte notre conduite : ce n’est pas la manière d’un Dieu-Amour, d’un Dieu-Emmanuel (« Dieu avec nous »), d’un Dieu d’Alliance.

Plutôt… c’est avec nous que Dieu veut inventer le monde; tel le veut l’Amour.

« Priez comme si tout dépendait de Dieu, mais agissez comme si tout dépendait de vous » (Saint Ignace de Loyola, fondateur de la compagnie de Jésus).

Voilà pourquoi tout en prenant le temps nécessaire (par une prière quotidienne) pour se ressourcer, il importe que chacun d’entre nous se questionne sur sa mission et sur sa contribution à apporter. Car notre mission ne nous sera pas servie sur un plateau d’argent…

Se demander : « Que puis-je faire? Que dois-je faire en âme et conscience? Où? Comment? Avec qui? » (p. 76)

C’est à chacun de nous de réfléchir, d’inventer et de créer. (p. 91)

Dieu nous a donné une intelligence, un cœur et une imagination : ce n’est pas pour les tabletter et attendre passivement que nous soit donnée (miraculeusement) notre « liste de choses à faire ». Le Dieu paternaliste, contrôlant ou magicien… n’est pas le Dieu de l’Évangile.

Notre Dieu est un Dieu-Père au sens fort du terme. Il nous fait don de sa Vie par son Esprit, mais c’est pour que nous puissions agir comme des adultes responsables.

Une fidélité créatrice

S’il est vrai qu’il faut d’abord devenir un Évangile vivant afin que le message passe, il est évident qu’il y a aussi une place pour la parole :

Comme le dit saint Paul, « Comment mettre sa foi en lui, si on ne l’a pas entendu? Comment entendre si personne ne proclame? » (Rm 10,14)

Seulement, il importe de faire preuve de fidélité créatrice : non pas répéter de la même manière ce qui a été dit par le passé, mais se réapproprier la foi de manière nouvelle.

Nous serons la lumière du monde dans la mesure où la lumière de Jésus rayonnera à travers nous. Nous serons également la lumière du monde dans la mesure où nous essaierons de comprendre, de repenser et de personnaliser notre foi. (p. 88)