À la source de notre dignité

L’Être humain porte une Divine Présence, fondement ultime de sa dignité et de sa valeur. Une Présence à la fois fragile et forte, qui appelle l’être humain à achever la création, comme une histoire à deux.

Le texte de Maurice Zundel ci-dessous est tiré des pages 31-32 de l’excellent ouvrage d’Emmanuel Latteur o.s.b. intitulé « Les minutes étoilées de Maurice Zundel – L’éveil à la Présence », Éditions Anne Sigier, 2001, 495p. où Emmanuel Latteur cite Maurice Zundel (Je est un autre, p. 46-49).
Les titres et sous-titres sont du Service catéchétique viatorien.

Présentation

C’est précisément quand le je humain perçoit qu’il risque de ne pas être respecté et qu’il craint une violation de son intimité qu’il éprouve son « inviolabilité » et sa « dignité » et qu’il découvre qu’il est véritablement autre chose qu’un objet.

Le mal révèle, par la protestation qu’il fait surgir en l’être humain, une Valeur infinie qui habite son cœur et constitue sa dignité.

Texte de Maurice Zundel

L’être humain porte une Présence, fondement de sa dignité

Lorsque l’homme se déshonore ou déshonore les autres, en méprisant en soi ou en eux cette dignité incommensurable que lui communique la Présence infinie, alors le mal atteint son sommet parce que la plus haute Valeur est trahie, qui est Dieu en nous.

Un Dieu proche et solidaire qui appelle notre compassion

C’est sans doute la prise de conscience de cette identification de l’homme avec Dieu et de Dieu avec l’homme qui a provoqué, dans une tradition mystique et liturgique du christianisme, une attitude de compassion envers Dieu : saint François d’Assise a pleuré près de vingt ans sur la Passion du Seigneur, jusqu’à en perdre la vue.

Une Divine Présence nous est confiée

Comment le comprendre, si ce plus parfait des chrétiens (François d’Assise) n’avait pas éprouvé que Dieu est victime en nous, par nous, pour nous? Rien ne me paraît plus émouvant que cette ligne de spiritualité qui perçoit dans le mal, dans tout mal, une souffrance divine et qui s’efforce d’y remédier par un attachement d’autant plus grand à Dieu et à l’homme solidaire de Dieu.

Aussi bien, qui a été plus compatissant que saint François pour les hommes, pour les animaux, pour toute la création, qui en a plus fraternellement ressenti la douleur, qui en a mieux chanté la résurrection?

Il n’y a aucun doute que cette méditation, aussi sommaire qu’elle soit, du mystère du mal nous amène à découvrir plus profondément le Dieu intérieur qui est la Vie de notre vie, ce Dieu fragile et désarmé qui nous attend au plus intime de nous et qui nous est confié en nous, en autrui et dans tout l’univers.

La création comme une histoire à deux, une histoire d’amour

Le mal, comme le bien, a finalement une mesure infinie dont la croix est le symbole, la croix qui nous révèle l’immensité de la vie humaine, mesurée à la vie même de Dieu, immolée pour elle.

Comment ne pas comprendre, en face de la croix, que Dieu nous appelle à être des créateurs, qu’il ne peut sans nous, transparaître dans notre histoire, que la création de l’univers est une histoire à deux, une histoire d’amour, qui ne peut s’achever que si nous achevons en nous notre propre création, en entrant pleinement dans le mariage d’amour qu’il veut contracter avec nous.

Un Amour qui nous attend au plus intime de nous-mêmes

En dehors de tout cri, si nous songeons, dans le silence de nous-mêmes, que nous portons en nous une Présence, une Valeur infinie, et que c’est justement le fait de la méconnaître volontairement, en nous ou dans les autres, qui constitue le mal absolu, comme notre regard sur la vie en sera transformé!

Tous les maux finiraient par s’éclairer et par se résorber si nous évitions, si nous surmontions ce mal suprême qui est, en même temps, le refus de nous faire homme et le refus, au moins implicite, de la Présence unique qui est le seul chemin vers nous-mêmes.

Mille fois par jour nous risquons d’abîmer la vie en nous et dans les autres, de faire écran à la lumière et à la joie et d’empêcher les autres de découvrir l’Amour qui les attend au plus intime d’eux-mêmes. Mille fois par jour nous risquons « d’éteindre l’Esprit », comme dit saint Paul (1 Th 5,19), c’est-à-dire d’effacer Dieu.

Quelques questions pour favoriser l’appropriation du texte